Si les sous-systèmes de stockage flash ont trouvé leur place dans les entreprises, les disques durs restent toujours compétitifs avec une progression régulière de leurs capacités. Si Seagate a relancé la course aux To avec sa technologie HAMR (enregistrement magnétique assisté par laser), déclinée pour la première fois sur les Exos Mozaic 3+ de 30 To, avec une feuille de route menant jusqu’au 50 To (Mozaic 5+ attendu en 2027), son principal concurrent Western Digital mise pour l’instant sur une technologie éprouvée : le SMR non HAMR, comme nous l’a expliqué Marc Bonnet, Technical Sales Field Engineer chez Western Digital lors d’un entretien. "Avec l’UltraSMR et notre technologie OptiNand (64 Go de flash sur le disque dur), nous arrivons à 28 To et même 32 To avec nos modèles Ultrastar DC HC680 et HC690 (avec des interfaces SAS 3 et Sata 3, mais pas de NVMe) [...] Nous irons également sur le HAMR, mais au bon moment. Nous arrivons aujourd’hui à proposer 2,8 To par plateau sans surcoût pour les têtes de lecture et les plateaux." La technologie OptiNAND, lancée en 2021, combine des disques durs avec des composants NAND flash et un contrôleur spécifique de type SoC conçu par WD. Ce dernier stocke les données sur le disque dur et les métadonnées sur la NAND flash. Le contrôle des bad blocs ainsi que du nivellement de l'usure des composants flash sont également pilotés par l’algorithme associé au contrôleur. Comme les métadonnées sont conservées sur la mémoire NAND plutôt que sur le disque dur, comme c'est le cas aujourd'hui, un peu plus d’espace est disponible sur les HDD. Et l’utilisation de la technologie SMR permet de gagner 20% de stockage supplémentaire sur les plateaux, ce qui donne au final des capacités proches de celles de Seagate.
Avec ses 32 To, l'Ultrastar DC HC690 vient répondre à l'Exos Mozaic 3+ (30 To) de Seagate. (Crédit WD).
On retrouve bien sûr les disques durs Western Digital sur les Jbod (Just a bunch of disks) du fournisseur avec, par exemple, la plateforme Ultrastar Data102. Conçu pour répondre aux besoins des entreprises nécessitant de grandes capacités de stockage, ce Jbod de troisième génération peut prendre en charge jusqu'à 2,45 Po de données - avec 102 disques durs UltraStar DC HC580 de 24 To - dans un boîtier 4U avec une connectivité SAS 4.0 (24 Gbit/s), nous a indiqué Marc Bonnet. "Un client nous a poussé à passer au SAS 4.0, mais nous livrons ce Jbod avec des disques durs SAS 3.0 (12 Gbit/s)." Pour refroidir sa centaine de lecteurs Ultrastar 24 To, le Data102 3000 exploite la technologie maison ArcticFlow, qui introduit de l'air froid au centre du châssis. Les disques fonctionnent ainsi à des températures plus basses et plus constantes que les systèmes conventionnels. En complément, WD a doté ce Jbod de sa technologie d'isolation des vibrations IsoVibe, qui assure la suspension des disques durs dans le châssis, les isolant ainsi des vibrations transmises. Cela se traduit par des vitesses de ventilateur plus faibles et des performances constantes, même lorsque tous les disques durs travaillent. Ces innovations permettent de réduire de 62 % les retours de disques durs en minimisant les effets de la chaleur et des vibrations, deux causes fréquentes de pannes de lecteurs. Cette fiabilité est essentielle pour maintenir l'intégrité et la disponibilité des données.
Le design du Jbod Ultrastar Data102 favorise la circulation de l'air pour mieux refroidir les disques durs. (Crédit WD)
Des Jbof dopés par les cartes RapidFlex
A côté des Jbod, WD commercialise aussi des Jbof (Just a Bunch of Flash) OpenFlex Data24, avec la série 4000 et 3200 au format 2U (24 SSD NVMe WD ou Kioxia double ports) avec une capacité de stockage allant de 92 à 368 To. Ces produits exploitent la technologie RapidFlex 2.0 issue du rachat de Kazan Networks en 2019 pour la partie NVMe Over Fabrics (RoCE et NVMe/TCP). Sur ces Jbof, WD propose ses SSD Ultrastar DC SN655 (de 3,84 à 15,36 To en TLC) en PCIe Gen4. Comme nous l’a rappelé Marc Bonnet, WD a également lancé ses SSD Ultrastar DC SN861 en NVMe 2.0/PCIe Gen5 au format U.2/E1.S (de 1,6 à 7,68 To en TLC) avec une performance de 13,7 GB/s en lecture et 7,5 en lecture, et une latence de 70 μs. En complément, le fournisseur commercialise également les SSD Ultrastar DC SN651 de 30,72 à 61,44 To (TLC), mais en PCIe Gen4. Rappelons qu’à la différence de Seagate, Western Digital produit de la Flash NAND et des SSD avec des contrôleurs maison et Phison. Si le rapprochement entre WD et Kioxia n’a toujours pas été conclu suite à aux contestations d’un concurrent, les négociations ont repris pour tenter de créer un groupe contrôlant près de 30% du marché de la Flash NAND. En mars dernier, WD a d'ailleurs annoncé préparé la scission de son entité Flash NAND (issue du rachat de SanDisk), pour se concentrer sur son activité principale de disques durs. La transaction de scission devrait être finalisée au cours du deuxième semestre 2024.
Les Jbod OpenFlex Data24 de WD, ici la série 4000, sont dopés avec les cartes RapidFlex pour la partie NVMe Over Fabrics. (Crédit WD).
Enfin, Western Digital commercialise depuis janvier 2024 l’Ultrastar Transporter, un serveur de fichiers spécialement conçue pour le secteur des médias et de l'audiovisuel, qui n’est pas sans rappeler le Snowball d’AWS lancé en 2017. Cette baie WD offre jusqu'à 368 To de stockage flash pour déplacer rapidement des fichiers volumineux entre différents emplacements, y compris les téléchargements directs vers des services cloud. Reposant sur un châssis durci, le Transporter pèse moins de 25 kg et respecte la norme FIPS 140-2 pour garantir que le contenu sensible est protégé contre tout accès non autorisé durant les déplacements.
Inspiré par le concept Snowball d'AWS, le Transporter de WD sécurise le transport de données dans un NAS durci. (Crédit WD)
Un dernier mot sur le marché pour conclure : Nicolas Frapard, directeur senior des ventes EU & CIS chez Western Digital, nous a expliqué lors de ce même entretien, que la demande est devenue prudente sur le marché de la Flash NAND en 2024, et l'évolution du prix des puces dépendra de l'utilisation des capacités de production des fournisseurs. « Auparavant, la demande est devenue prudente et l'industrie dans son ensemble, y compris Western Digital, a réduit sa production. Nous avons maintenant constaté des augmentations de prix cette année ".