(mise à jour avril 2015) Accéder aux 8 tendances IT « Tech Trends 2015 » de Deloitte à cette adresse.
Deloitte fait un point régulier sur les tendances technologiques qui montent en puissance et devraient avoir un impact sur les entreprises dans les douze à dix-huit mois. L'an dernier, le cabinet de conseil avait déjà prévenu que le DSI devrait accompagner les métiers vers l'ère post-numérique. Cette année, dans son rapport « Tech Trends 2014, Inspiring Disruption », il distingue cinq tendances de rupture et cinq accélérateurs qui doivent aider à mieux appréhender ces mutations (*). Les équipes de Deloitte France ont accompagné cette étude, présentée cette semaine à Paris, en présence de Mark White, CTO du groupe. Eric Delgove, associé responsable des activités Technology, souligne que cet observatoire s'appuie sur des exemples concrets identifiés chez les clients.
1 - Le DSI en capital risqueur
La 1ère tendance de rupture, très intéressante, donne au DSI un profil d'investisseur en capital risque. Le patrimoine IT de l'entreprise est considéré comme un capital qu'il doit gérer. « Le DSI va prendre des risques pour ajouter de la valeur à ce portefeuille et pour répondre à l'évolution des métiers », explique Eric Delgove en rappelant par ailleurs la pression sur les coûts subie par cette direction informatique. Aujourd'hui, les investissements stratégiques destinés à transformer le métier sont limités par les obligations liées à la maintenance de l'existant. La DSI va donc procéder à des investissements mesurés sur de nouvelles technologies en adoptant la démarche d'un capital risqueur. Tisser des réseaux de partenaires pour co-créer ou installer des accélérateurs de start-ups sont deux voies empruntées pour le réaliser. Dans ces domaines, Deloitte France cite d'une part l'exemple de Crédit Agricole et de sa plateforme ouverte d'apps bancaires CA Store et d'autre part les initiatives d'Orange et de Telefonica du côté des start-ups avec Orange Fab et Wayra.
2 - L'analyse cognitive au service des métiers
L'analyse cognitive est la 2ème tendance de rupture décrite par Deloitte. Elle consiste à chercher à s'inspirer du mode opératoire du cerveau humain pour faciliter le raisonnement. Au-delà de l'analytique classique, il s'agit d'apprendre à partir des expériences, par exemple pour améliorer le diagnostic médical. Parmi les exemples déjà mis en oeuvre, l'assurance maladie WellPoint fait des recommandations sur les traitements de patients qui permettent de réduire radicalement les délais de pré-approbation de leurs dossiers. « Cette tendance nous dit qu'il faudra enrichir les équipes informatiques de façon transverse », souligne Eric Delgove.
3 - Le crowdsourcing industrialisé
La 3ème tendance dégagée par Deloitte porte le crowdsourcing industrialisé, ce partage de connaissances collaboratif qui consiste à « faire appel à la foule »pour résoudre des problèmes fastidieux. « Je fais de la co-création avec des personnes que je ne connais pas, je partage du savoir », décrit Sébastien Ropartz, associé responsable Conseil chez Deloitte France en rappelant que cette démarche a commencé dans le secteur public avant de passer dans le secteur privé. Il cite en exemple de la ville de Plouarzel, l'une des premières à avoir participé à l'initiative Open Data. La commune bretonne a sollicité ses habitants (un peu plus de 3 000 personnes) pour dresser la dernière version de la carte communale sur le logiciel de cartographie libre OpenStreetMap. Autre exemple, cette fois dans la grande distribution, avec Quri qui collecte des informations sur les produits en magasin (prix, qualité, ruptures...) grâce aux utilisateurs et une app mobile. Ou encore General Electrics qui est parvenu à obtenir un algorithme de prédiction des horaires des vols aériens à la suite d'un concours sur sa plateforme Kaggle. Cette évolution vers le crowdsourcing nécessitera sans doute une ouverture des sytèmes, fait remarquer Deloitte.
4 - L'engagement omnicanal entre les clients et les marques
Si la 4ème tendance est moins technologique, elle doit néanmoins être considérée compte tenu de l'importance qu'elle prend. Il s'agit de l'expérience utilisateur transformée par la numérisation des usages. « C'est l'engagement entre le client et la société qui va lui vendre produits et services », dépeint Eric Delgove. Les données récupérées par le web marketing permettent aux entreprises de faire du push, mais il y a une saturation du côté du consommateur. « Toutefois, l'internaute est prêt à partager davantage de données moyennant un contrat, en échange de contenus pertinents et personnalisés, s'il n'est pas harcelé ». Le monde du CRM va être bouleversé, les clients s'attendant à une relation « sans couture » entre les différents canaux qu'ils utilisent. « L'omnicanal devient une exigence de l'utilisateur », souligne l'associé de Deloitte.
5 - Les objets connectés injectés dans les services
La 5ème tendance mise en évidence par le cabinet concerne les vêtements et accessoires connectés : montres, lunettes, bracelets capteurs du rythme cardiaque... « Aujourd'hui, ces objets passent du grand public vers le monde des services », note Eric Delgove. Il convient d'explorer les débouchés possibles pour les métiers. Outre l'utilisation de lunettes connectées (telles les Google Glass) dans l'industrie, par les opérateurs logistiques des entrepôts par exemple, il pointe surtout le secteur de la santé avec la surveillance de patients, permettant notamment de réduire les dépenses. D'un point de vue technique, ce suivi en temps réel aura un impact sur la gestion de la bande passante. « Mais nous sommes aussi dans la gestion de la vie d'autrui. Or, beaucoup de sociétés ont outsourcé une partie de l'infrastructure. Qui dès lors va accepter la responsabilité de monitorer la vie humaine », questionne-t-il.
(*) Mise à jour 3 avril 2015 : L'édition « Tech Trends 2015 » de l'étude, tout juste présentée, décrit 8 tendances pour l'année en cours.
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Dans son étude « Tech Trends 2014, Inspiring Disruption », Deloitte décrit aussi cinq accélérateurs qui permettront d'aborder ces cinq évolutions.
6 - S'attaquer à la dette technique
Le premier, déjà bien connu, est la prise en compte de la dette technique, c'est-à-dire du coût du code historique présent dans les systèmes d'information. Moins performant, il freine l'entreprise dans ses nouveaux développements. Cette dette technique est estimée à 2,62 euros par ligne de code. Pour avancer, il faut réduire ce passif, amorti comptablement et dont la non-qualité pèse sur l'organisation. C'est devenu de plus en plus prégnant parce que lorsque l'on s'attaque au fond des applications de back office pour réaliser certaines évolutions, notamment pour la mobilité, on part dans des cycles de développement auxquels on ne s'attendait pas du tout, souligne Deloitte France. « Si on ne prend pas la mesure de cette dette technique, on risque de louper le virage du digital et nous pensons que la DSI doit avoir ici un discours transparent », estime Sébastien Ropartz, associé, responsable Conseil. Il cite la NASA qui a fait le choix de réécrire 3,5 millions de lignes de code, plutôt que les déboguer, pour être en mesure de lancer plus vite une autre mission sur Mars.
7 - Prendre appui sur les réseaux sociaux
Exploiter les réseaux sociaux constitue un 2ème accélérateur, par exemple en s'appuyant sur des communautés existantes pour promouvoir un produit. Il ne s'agit plus seulement « d'écouter » ce que l'on dit de la marque sur ces médias, mais d'une démarche proactive qui conduira, par exemple, à transformer certains clients en ambassadeurs de la marque. C'est une notion déjà promue depuis un certain temps par les spécialistes du marketing. Cela peut passer par la création d'une communauté autour d'une thématique, comme l'enseigne de bricolage Castorama l'a fait avec les Troc'Heures qui permettent l'échange de services et conseils.
8 - Connecter les services clouds entre eux et au SI
L'orchestration des offres cloud est un 3ème accélérateur. Avec la multiplication des solutions SaaS (software as a service) se pose la question de la réintégration de l'information dans le SI. On aborde cette fois le domaine du middleware qui s'étend jusqu'aux problématiques de sécurisation des données. De nouveaux modes d'intégration se mettent en place, de cloud à cloud, du cloud au SI centralisé.
9 - Le in-memory comme levier d'optimisation des processus
Autre accélérateur, la révolution in-memory. « Nous voyons de plus en plus de clients s'intéresser à cette puissance de traitement et de plus en plus d'appétence à tester ces nouvelles technologies », souligne Eric Delgove, associé de Deloitte. Ils s'y intéressent par exemple pour la planification de la production. En France, les entreprises comprennent et testent la technologique sur leur système d'information décisionnel mais elles attendent un peu plus de maturité sur le produit pour le faire sur le transactionnel, par exemple sur la supply chain, remarque Deloitte France.
10 - Accélérer la mise en production avec DevOps
Enfin, le dernier accélérateur identifié par le cabinet pour favoriser l'adoption des technologies de rupture se rapporte aux méthodes de développement des équipes informatiques. Issue du mouvement Agile, la démarche DevOps permet la collaboration entre les développeurs, les équipes IT opérationnelles et le service qualité pour accélérer la mise à disposition d'environnements. Typiquement, elle s'adresse aux organisations qui doivent faire des adaptations dans leur code en ligne très rapidement, rappelle le cabinet. « Parfois jusqu'à 10 changements par jour dans le code », évoque Deloitte France.
La démarche DevOps fait travailler ensemble des équipes ayant a priori une vue antinomique, l'une garantissant la stabilité de l'application, l'autre misant sur l'innovation. Elle permet une mise en oeuvre rapide du nouveau code, rapidité imposée par l'évolution des environnements numérisés. Pour illustrer ce cas de figure, Deloitte cite le site web la Fnac.com qui doit réagir très vite pour constituer des offres de produits packagées en fonction du marché.