Engagée dans la découverte de médicaments, Qubit Pharmaceuticals est spécialisée, à travers sa plateforme Atlas, dans la simulation et la modélisation moléculaire basée sur la physique quantique. La suite logicielle de cette deeptech, basée à Paris et Boston, tire parti de la puissance de traitement des supercalculateurs pour accélérer le développement de candidats-médicaments. A travers la création de jumeaux numériques, en simulant de façon très précise les interactions entre les molécules, elle réduit très sensiblement les temps de calcul requis pour sélectionner un « candidat d’intérêt », en les ramenant à quelques heures contre plusieurs années lorsque ces calculs passent par des voies conventionnelles, expose la deeptech.
Qubit Pharmaceuticals est issue de l’essaimage des travaux de recherche de 5 scientifiques, en France et aux Etats-Unis : Louis Lagardère (Sorbonne Université et CNRS), Matthieu Montes (CNAM), Jean-Philip Piquemal (Sorbonne Université et CNRS), Jay Ponder (Washington University à St Louis) et Pengyu Ren (University of Texas à Austin). Dans le domaine du calcul haute performance, l'entreprise a noué des partenariats « de long terme », en France avec le Genci, grand équipement national de calcul intensif, et avec la start-up française Pasqal - qui développe un ordinateur quantique à partir d’atomes neutres ordonnés dans des matrices 2D et 3D - ainsi qu'avec des acteurs internationaux comme Nvidia, AWS et l'Université de Sherbrooke au Canada. Elle vient de boucler une levée d’amorçage (série A) de 16,1 millions d’euros auprès des fonds XAnge, Omnes et Quantonation, un tour de table auquel s’est joint le fondateur d’OVHcloud, Octave Klaba. En y ajoutant les investissements de pré-amorçage, cela porte à plus de 23 M€ le montant des fonds levés depuis la co-fondation de la société, en 2020.
Le quantique pour cartographier la complexité des molécules
Avec ce financement, Qubit Pharmaceuticals va pouvoir renforcer la capacité de sa plateforme Atlas à tirer non seulement parti non des supercalculateurs mais aussi, à terme, des ordinateurs quantiques. « Les molécules biologiques existent dans des systèmes d'une complexité époustouflante, puisque les protéines, les sucres, les graisses, l'ADN, l'Acide ribonucléique (ARN) et une multitude de marqueurs chimiques interagissent, se courbent, changent de forme, se divisent et se développent les uns autour des autres », explique dans un communiqué Robert Marino, président de Qubit Pharmaceuticals. Il rappelle que les chercheurs doivent aussi « comprendre les effets de la température, de la pression, de la salinité et des variables environnementales qui font qu'une molécule change de forme et de propriété ». Seule l’informatique quantique a potentiellement la capacité de « cartographier tous ces facteurs en même temps et de les analyser en permanence », avance le chercheur qui a par ailleurs co-fondé Deeptech Founders, un programme de formation à l'entrepreneuriat pour la communauté scientifique.
Qubit Pharmaceuticals réunit une équipe de 20 personnes spécialisées en chimie quantique, chimie computationnelle, apprentissage machine et chimie médicinale. En s’appuyant sur la plateforme Atlas, ces scientifiques ont découvert en moins de 6 mois des candidats-médicaments contre la Covid et démarré plusieurs programmes de recherche dans le domaine du cancer et de l’inflammation. Ils ont notamment utilisé la technologie HPC d'AWS « pour isoler deux composés chimiques qui pourraient ralentir ou arrêter la propagation de la COVID-19, et potentiellement réduire sa gravité ». Avec les fonds tout juste levés, la deeptech compte étendre son portefeuille de candidats sur 10 programmes internes de recherche en oncologie et inflammation tout en constituant des partenariats avec des centres de recherche et des groupes biopharmaceutiques. Elle prévoit de porter rapidement ses équipes à 60 personnes installées entre Paris et Boston.