Du gel hydroalcoolique, des masques et de la reconnaissance automatisée de port de masques. Tel est - pourrait-on résumer - l'arsenal de la RATP, au-delà du placardage et des annonces sonores pour le respect des fameux gestes barrière que tout le monde commence à connaître par coeur - mis en oeuvre à l'heure du déconfinement. Entré en vigueur ce 11 mai 2020, cette étape signifie beaucoup de choses pour les Français, à savoir la possibilité de se déplacer sans attestation dérogatoire. A une exception notable près : se rendre sur son lieu de travail en empruntant les transports en commun aux heures de pointe.
Le risque sanitaire étant bel et bien toujours présent - et vraisemblablement encore de nombreux mois - impossible pour la RATP de ne pas prendre ses responsabilités en prenant les mesures adéquates pour permettre aux franciliens de se déplacer dans de bonnes conditions. La distribution de gel hydroalcoolique par d'agents armés de grosses bonbonnes dans le dos et de masques n'a cependant pas empêché certaines lignes d'être prises d'assaut, en particulier sur la ligne 13 ou encore dans le RER B, avec un non respect édifiant ce 11 mai 2020 matin des mesures barrières, en tout cas celle concernant la distanciation sociale d'un mètre très difficile à faire respecter.
Trois mois de test avec 12 caméras équipées
La reconnaissance automatisée de masques pourrait-il permettre d'améliorer la situation ? Le groupe s'est lancé depuis mercredi 6 mai 2020 dans un test grandeur nature pour une durée de 3 mois à la station de métro la plus fréquentée de France - 33 millions de passagers par an - avec la start-up Datakalab. Aujourd'hui 6 caméras de la station sont équipées d'un détecteur de masques avec objectif de 12. « Cette expérimentation n'a pas vocation à être étendue », nous a précisé par e-mail un porte-parole du groupe. Pendant une période initiale de trois mois, les agents auront la possibilité depuis une salle de contrôle d'accéder à un tableau de bord permettant de connaitre en temps réel la part des usagers portant un masque à des fins de lutte contre la propagation du Covid-19. « Il ne s’agit pas d’un dispositif de reconnaissance faciale. En effet, l’algorithme n’effectue aucune analyse ou calcul des caractéristiques du visage mais procède par comparaison d’une image témoin de visage avec masque versus visage sans masque », indique le porte-parole de la RATP.
Si pour l'instant il n'est pas encore question de verbaliser les personnes qui n'auraient pas de masque - les premières images filmées ce matin dans le métro parisien semblent pour l'instant montrer que les usagers jouent plutôt bien le jeu - le moment venu détecter les individus qui portent ou non un masque devrait constituer un atout clé pour les agents afin d'agir sur le terrain.
La conformité RGPD dans le viseur
Le déploiement massif de cette technologie dans une station aussi fréquentée que Châtelet Les Halles pose immanquablement des questions autour de la protection des données personnelles et en terme de respect du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD). « Ce dispositif compte en temps réel les personnes porteuses de masques de façon anonyme, respectant ainsi scrupuleusement la règlementation sur les données personnelles en ne stockant ou ne diffusant aucune image. Il respecte le règlement général sur la protection des données RGPD. Les seules statistiques agrégées sont produites conformément à la finalité de comptage du dispositif. Les éléments techniques, juridiques ainsi que les éléments d’information de l’expérience ont été transmis à la CNIL pour information », poursuit le porte-parole de la RATP.
« Nous ne collectons pas de données, nous ne les stockons pas », a expliqué quant à lui Xavier Fischer, CEO de Datakalab, à Bloomberg. Selon notre confrère, un délai de 15 minutes existe par ailleurs entre le moment où la captation est effectué et l'envoi aux autorités. « Le logiciel sera déployé pour mesurer combien de personnes suivent les règles mais pas pour trouver qui ne porte pas de masque », indique sous couvert d'anonymat un porte-parole du groupe. « Cet outil d’aide à la décision pourrait permettre de mener des actions de sensibilisation auprès des usagers pour les inciter au respect des règles sanitaires et ainsi assurer la sécurité de tous dans les transports dans le cadre du déconfinement. Cette expérience n’a aucune finalité de verbalisation », indique notre source. Juré, craché !
MAJ du 11/05/2020 à 12h05. Les réponses d'un porte-parole de la RATP ont été prises en compte.