Le ministère du Travail et les représentants des branches professionnelles des télécommunications, du bâtiment, des travaux publics et de la métallurgie avec l’appui technique de leurs trois opérateurs de compétences (Afdas, Constructys et OPCO2i ont refait un point sur les besoins en compétences dans les infrastructures IT. Dans le cadre du déploiement des réseaux très haut débit un rapport avait été réalisé par le cabinet Katalyse dans le cadre de l’Engagement de développement de l’emploi et des compétences (Edec). Les données analysées montrent cette fois des évolutions différenciées de l'emploi selon les chantiers en cours ou a venir.
Dans les datacenters, la demande devrait doubler et dépasser les 20 000 postes créés en 2030, essentiellement autour des pôles économiques d’Ile-de-France et d’Aix-Marseille. Les métiers concernés par des embauches sont divers. Il s’agit des chargés de comptes, aux côtés des ingénieurs maintenance IT, techniciens ou experts dans l’exploitation des centres de calcul. En conséquence, d’importants besoins en formation s’imposent pour des professions vouées à gagner en expertise dans les environnements hébergés des datacenters.
L'Edec prévoit un pic de l'emploi dans les infrastructures informatiques, surtout dans les datacenters et dans les réseaux locaux d'équipements connectés. (Crédit: Edec)
Les techniciens réseaux en pôle position
Dans ses projections, l’Edec table également sur une multiplication par 5 des besoins en emplois autour des projets IoT également appelés réseaux locaux d’équipements connectés (Relec) : l’émergence des technologies cloud et edge, ainsi que la spécificité et la complexité croissante à l’échelle locale, devraient générer près de 28 000 emplois, s’ajoutant aux 11 300 actuels. Cette dynamique correspond à une très forte demande des collectivités publiques et des entreprises (notamment dans les secteurs de l’industrie et de l’agriculture), et pour l’exploitation et la maintenance des réseaux. Elle répond à une évolution des besoins d’opérateurs en particulier autour de profils de niveau technicien la encore pour les datacenters (70 % des embauches prévues) et opérant pour les Relec (40 % des recrutements).
Les profils sont variés pour contribuer au développement des chantiers de la filière infrastructure. (Crédit: Edec)
Valoriser la filière et investir dans la formation
Dans ce rapport, quatre grands enjeux émergent pour renforcer l’employabilité dans les infrastructures IT. Le premier consiste à réaliser un véritable effort d’identification et d’attractivité pour attirer des candidats capables de finaliser le déploiement de la fibre. A plus long terme, des actions de promotion devront être menées pour renforcer les emplois dans d’autres chantiers. Il s’agit en deuxième lieu d’inciter et accompagner les entreprises à la mise en place d’une GEPP (gestion des emplois et parcours professionnels) pour qu’elles anticipent sur les évolutions prospectives des métiers et rappellent les dispositifs d’accompagnement existants. Le troisième défi concerne en toute logique la formation de manière à accompagner la reconversion/transition d’une partie des salariés de la fibre vers les secteurs émergents.
La majorité des décideurs veulent cibler des nouveaux marchés et investir dans la formation et le recrutement de profils hautement qualifiés. (Crédit: Edec/Katalyse)
Des formations clés en cybersécurité et environnement
Pour sa part, un quatrième axe visera à adapter des compétences vers des domaines clés comme la cybersécurité ou la transition environnementale. De même, l’intégration plus systématiquement dans les formations de modules complémentaires sur les soft skills (relation client et gestion des conflits) est fortement suggéré. Dans un communiqué, Jack Aubert, directeur général adjoint de l’opérateur de compétences Afdas souligne : « La filière des infrastructures numériques est engagée dans le déploiement des réseaux très haut débit, fixes et mobiles. Ce déploiement représente un des plus grands chantiers d’infrastructure des prochaines années et met en jeu près de 10 milliards d’euros d’investissement par an ». Pour le dirigeant, une démarche d’anticipation conduira à capitaliser sur les personnes désormais compétentes en termes d’infrastructures numériques et éviter de les voir partir vers d’autres secteurs industriels.