Si les entreprises sont engagées dans une profonde transformation de leurs activités pour faire face à l’informatisation de la société, les éditeurs ne sont pas épargnés avec la nécessité d’étendre leur périmètre pour accroitre leur chiffre d’affaires et mieux accompagner leurs clients. C’est aujourd’hui le cas d’Hortonworks qui glisse progressivement du big data au data management sans renier pour autant ses fondamentaux. « La gravité des données à changer dans les entreprises avec un mouvement des datacenters [locaux] vers le cloud pour gagner en agilité, [en possibilité de tests pour les projets] sans être entravés par les limites des infrastructures locales », a affirmé Scott Grau, le CTO d’Hortonworks, en introduction de sa keynote au Dataworks Summit (du 16 au 19 avril à Berlin). « Il est nécessaire de revenir à une seule vue pour casser les silos et arriver à une gouvernance unique », a poursuivi le directeur technique qui pousse à une refonte des ressources data pour arriver à un look and feel commun pour l’administration, la gouvernance et la sécurité. Un discours qui trouve son sens à l’heure où la RGPD entrera bientôt en vigueur. « La data, le cloud et le business sont aujourd’hui en cours d’alignement pour construire une data fabric, assure Scott Grau.
Une nouvelle trinité dédiée au big data où les données sont censées piloter la vie et le travail comme dans l’agriculture qui consomme de plus en plus de données IoT pour répandre plus finement les engrais, l’industrie pour remonter en temps réel les informations issues des capteurs d’humidité et de chaleur dans les usines pour préserver la durée de vie des machines - et des employés - ou encore du côté des smart cities, lorsque les données sont utilisées pour améliorer le cadre de vie des habitants. John Kreisa, vice-président du marketing chez Hortonworks nous a également indiqué lors d’un point presse à Berlin, que les clients ont tendance à fonctionner sur une architecture hybride, « avec une certaine quantité de données sur site et d'autres dans le cloud. Nous voyons que la plupart des entreprises adoptent cette approche hybride, donc nous mettons des produits sur le marché pour satisfaire cette demande et livrer une architecture moderne […] C'est dans ce secteur que nous voyons le plus de croissance et d'intérêt sur le marché. »
L'IoT dans la stratégie Hortonworks
Pionnier sur le marché du big data, avec Cloudera et MapR, Hortonworks glisse donc progressivement vers le marché du data management sans pour autant renoncer aux solutions dédiées au stockage et au traitement des données non structurées. La société qui est enfin devenue profitable depuis février 2018 (6,4 millions de dollars de bénéfices au dernier trimestre 2017), avait réalisé son introduction en bourse en décembre 2014. Avec 1400 employés dans le monde – une trentaine en France – et près de 25 sociétés du CAC 40 dans ses filets, l’éditeur ne joue plus dans la catégorie start-ups. A la base des projets concrétisés avec les clients, on retrouve bien sur la plate-forme de données Hortonworks (HDP), qui repose sur la technologie Hadoop dont l’éditeur est un des principaux contributeurs, mais aussi Hortonworks Data Flow (HDF) pour l'analyse des données en continu et dernièrement la couche DataPlane Services (DPS) pour la gouvernance avec deux modules (en mode abonnement pour le support), Data Lifecycle Management (DLM) et Data Steward Services (DSS), lancé hier. Pas d’annonce prévue pour un troisième modèle, nous a indiqué Dinesh Chandrasekhar, directeur marketing produit chez Hortonworks, mais la collaboration avec IBM sur le module DSX – à destination des data scientists - peut être vu comme une extension de la plateforme DataPlane Services.
« Nous voyons une adoption de l’IoT chez nos clients dans la distribution, l’industrie ou la logistique et nous essayons donc de pousser Data Flow pour répondre à ces questions et aider à la transformation de ces entreprises », nous a assuré Dinesh Chandrasekhar, « avec d’un coté les données source et de l’autre celles issues de l’IoT et du web stream. Il est devenu nécessaire de lier toutes ces données pour mieux les travailler et les analyser, et, ce, avec une meilleure gouvernance et sécurité. C’est l’ambition de notre plateforme Data. »
Trop tard pour RGPD ?
Interrogé sur l’arrivée tardive de DSS, le directeur marketing nous a répondu qu’il n’était pas trop tard. « GDPR ou pas, c’est une problématique devenue essentielle dans les entreprises, notamment avec le stockage et le traitement des données sensibles. Il est important de classifier et de savoir comment sont partagées ces données et avec qui ». Si DSS a été spécifiquement développé pour le marché européen avec l’arrivée de RGPD, les partenaires et les sous-traitants de nos clients sont également concernés par ce règlement. Des entreprises françaises ont travaillé avec les équipes R&D d’Hortonworks sur le projet DSS, nous a indiqué Emmanuel Serrurier, vice président de l’éditeur en charge de l’Europe du Sud. « Trois pays ont activement participé au programme DSS. Il s’agit de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la France avec, par exemple, un constructeur automobile qui avait besoin de tracer les châssis des voitures avec les numéros d’immatriculation tout en respectant la réglementation ».
Le marché potentiel s’annonce donc important pour Hortonworks qui compte sur la bienveillance annoncée de la CNIL pour déployer sa solution en France. La présidente de la CNIL, Isabelle Falque-Pierrotin, a en effet indiqué que la commission souhaitait accompagner et former les entreprises dans l’adoption de RGPD en proposant des outils et des conseils. Les sanctions viendront dans un second temps, notamment avec les entreprises de mauvaise foi.
Un club utilisateurs français
En France, Hortonworks a décidé de se concentrer sur les grands comptes et le secteur public pour assurer sa croissance. Un impératif chez l’éditeur qui a engagé un programme stratégique auprès des partenaires et déployé des ressources pour le brand marketing. Emmanuel Serrurier nous a d’ailleurs indiqué qu’un club regroupant les utilisateurs français d’Hortonworks sera lancé le 6 juin prochain. « Il s’agit d’une demande des clients qui désirent échanger quant aux ressources et être associés au développement des produits ».