Après la présentation de la division ATAP de Google, place aux autres projets développés par l'équipe de Regina Dugan.
Sus à l’authentification par mot de passe
Le projet Abacus découle directement du peu de considération notoire que Regina Dugan nourrit à l’égard de l'authentification par mot de passe. L’objectif de ce projet, pour lequel le groupe Advanced Technology and Projects a recruté et accueilli pendant 3 mois 25 experts de 16 institutions de 10 pays différents dans les installations de Google à Mountain View, était de mettre au point un système de signature ou d'authentification sans mot de passe. En s’appuyant sur l’apprentissage machine, les collaborateurs ont développé une application qui garantit l'identité de l'utilisateur en se basant sur plusieurs aspects de son comportement.
La caméra et l'accéléromètre, des capteurs que l’on trouve communément sur les smartphones, ont été mis à contribution par l’équipe de l’ATAP pour collecter des données sur des comportement ciblés comme la frappe, l’élocution, les expressions du visage et même la façon de marcher. La combinaison de ces données permet d’identifier de manière unique l'utilisateur quand il se sert de son smartphone, un peu comme un bébé identifie sa mère par sa façon de le porter et d’interagir avec lui.
Avec Abacus, Google veut remplacer les mots de passe sur les terminaux mobiles.
Pris séparément, ces indicateurs sont sans doute moins efficaces qu’un mauvais code PIN à quatre chiffres. Mais, quand on les combine, ils sont plus sûrs que le meilleur lecteur d'empreintes digitales. Regina Dugan a déclaré qu’elle avait gagné sa bataille contre les mots de passe, affirmant que « les résultats obtenus confirmaient qu’il était possible de créer un système d'authentification jusqu’à 10 fois plus sûr que le meilleur capteur d'empreintes digitales ». Elle espère qu’une seule mise à jour logicielle permettra de fournir ce niveau de sécurité à des millions d'appareils Android.
Des percées technologiques rapides et étonnantes
Google a également livré son quatrième épisode Spotlight Story tourné comme un film immersif à 360°. Un spectateur peut voir le film de plusieurs points de vue en utilisant son smartphone et des écouteurs. Google s’est associé avec Justin Lin, réalisateur de la franchise « Fast and Furious » et du prochain « Star Trek III » pour tourner « Help », un film d'action à 360° bourré d’effets spéciaux. « Help » est l’histoire d'un bébé VelociRaptor extraterrestre qui atterrit sur terre. Il grandit jusqu’à devenir un monstre de la taille de Godzilla et terrorise une ville qui fait penser à Gotham City. Le spectateur peut voir le film en choisissant un point de vue dans toutes les directions de l’espace – en haut, en bas, à droite, à gauche, devant et derrière – sur l’écran de son smartphone comme s’il était au milieu de la scène.
Plutôt que d'essayer d'expliquer l'expérience de ce cinéma en 360° avec des mots, le plus simple est de télécharger le lecteur Spotlight et des films sur Google Play ou iTunes. Chacun pourra se faire une idée de cette expérience par lui-même et comprendre le rôle de l’ATAP dans ce projet. Pour réaliser un film d'action à 360°, il fallait un partenariat solide entre un réalisateur créatif, capable d’exprimer ses besoins techniques, et l’ATAP, qui pouvait rapidement créer et fournir ces équipements. Rachid El Guerrab a dirigé le projet au nom de l’ATAP. La caméra n’a pas été sa seule contribution : la solution construite pour Justin Lin par l’ATAP est bien plus complexe et complète, puisqu’elle comprend aussi un système audio directionnel qui suit la position de l'observateur, des outils de gestion pour aider le réalisateur à visualiser et à planifier les scènes du tournage, l'intégration avec des outils de création d'effets spéciaux qui ont permis d’intégrer le VelociRaptor virtuel dans des scènes faisant intervenir de vrais acteurs.
Des pionniers de l’innovation
Ces innovations de l’ATAP représentent autant d’opportunités stratégiques que de risques pour Google. Les technologies portables sont promises à un grand avenir : IDC estime qu’il y aura 126 millions d'unités portables en circulation en 2019. Seule la façon dont les utilisateurs peuvent interagir avec ces objets portables limitent encore leur utilité. Un développement commercial du radar de mouvement pour des interfaces textiles et tactiles pourrait donner à Google un avantage stratégique sur ce marché, à l’image de ce qu’a fait Google avec Android, même si le géant de la recherche finit par céder sa technologie. Les mots de passe sont un autre enjeu stratégique pour Google. Les appareils mobiles Android ont besoin d'une plus forte authentification. Le projet Abacus pourrait apporter une réponse stratégique au lecteur d'empreintes digitales d'Apple et devenir un élément clé de toutes les apps de Google. De plus en plus, les gens utilisent Google, Facebook et Twitter pour s’entregistrer et se connecter à des sites Web. Si le projet Abacus prouve que le système d’authentification de Google est plus fort et plus sûr, les consommateurs le préfèreront à d’autres alternatives.
L'intérêt de Google pour la 3D et pour la réalité virtuelle pourraient déboucher sur de nouvelles manières d'interagir avec les contenus Internet. Google Ventures a investi plus de 500 millions de dollars dans la startup Magic Leap qui s’est spécialisée dans la réalité virtuelle et dans le mélange des mondes virtuels et réels. La réalité virtuelle commence à intéresser différents acteurs et la technologie semble prête à croître et à générer des revenus conséquents. L’ingénierie mise en œuvre pour la vidéo 360° Spotlight laisse envisager la création à grande échelle et une consommation de masse de contenus faisant intervenir la réalité virtuelle. Elle prépare Google à fournir une expérience de première main que la firme de Mountain View pourra utiliser pour définir ses stratégies et ses investissements dans ce marché émergent. Un challenge de plus pour les équipes de Regina Dugan qui seront sollicitées pour apporter la preuve de la faisabilité de ces futurs projets.