Tombé au champ d'honneur. La semaine dernière, le service collaboratif cloud de Microsoft, Teams, n'avait pas pu résister aux assauts des requêtes réalisées par des millions d'utilisateurs appelés en masse à télétravailler partout dans le monde avec la crise sanitaire du Covid-19. « Il y aura de nombreuses conséquences pour l'industrie informatique, dont certains secteurs fonctionneront mieux que d'autres [...] 2020 sera une très mauvaise année pour les services informatiques », a prévenu la société spécialisé dans les études et anlayses IT GlobalData. Toutefois, si des baisses de la demande sont à attendre, la demande en ressources cloud devrait continuer à exploser, portée non seulement par la crise actuelle et le télétravail contraint pour beaucoup, mais aussi l'accélération des projets de transformation digitale amenant immanquablement de plus en plus d'entreprises jusqu'alors réticentes à se jeter dans le grand bain du multicloud, d'y aller.
« Au fur et à mesure que les entreprises arrêtent leurs opérations brick and mortar et, lorsqu'elles le peuvent, passent à une main-d'œuvre distante, il est clair à quel point le cloud est important pour la continuité des opérations. Toute organisation qui résiste activement à la numérisation est désormais confrontée à une dure réalité. Cela place les fournisseurs de cloud dans une position forte », a expliqué Chris Drake, analyste principal, Global IT Technology and Software chez GlobalData. La conséquence pour les fournisseurs cloud est loin d'être anodine puisqu'elle pose la question de leur capacité à supporter la charge grimpante des accès distants.
La création de machines virtuelles Azure impactée
La situation pourrait-elle devenir critique ? Certains signaux sont à prendre en considération : en Europe par exemple, de nombreux clients Azure ont fait état de limites de capacités pour ouvrir de nouvelles machines virtuelles voire même de les démarrer. Pour autant, jusqu'à présent les grands fournisseurs cloud historiques proposant des services en compute, stockage et réseau seraient plus à même de supporter une montée en charge des usages. « Les principaux fournisseurs de cloud public, tels qu'AWS, Microsoft Azure et Google Cloud, ont construit d'énormes réseaux mondiaux incroyablement bien équipés pour gérer les pics de trafic. Ainsi, sans surprise, nous n'avons vu pratiquement aucun impact lié au Covid-19 au sein de leurs réseaux. Si l'on considère le nombre de pannes détectées au cours des six dernières semaines, la ligne de tendance reste relativement stable à l'échelle mondiale, avec seulement une légère augmentation aux États-Unis », rassure ainsi ThousandEyes.
Reste à suivre de près l'évolution dans le temps de cette tendance, sachant que pour d'autres opérateurs de services IT et télécoms, la situation apparait plus préoccupante. « Les incidents de panne au sein des grands réseaux de fournisseurs UCaaS sont assez rares ; cependant, la récente augmentation massive de l'utilisation met clairement l'accent sur les limites de conception actuelles. La capacité serait augmentée de manière générale pour répondre aux nouvelles demandes de service », a prévenu ThousandEyes dans un billet. Sur les dernières 24h, 31 pannes dans 23 localisations ont été recensées dans le monde touchant une grande variété d'acteurs allant d'Akamai, à Cogent en passant AT&T. Dans ce contexte, en France notamment, des organismes au premier rang desquels l'Arcep et la Fédération Française des Télécoms sont montées au créneau pour enjoindre les grands fournisseurs de services vidéo - Netflix, Google YouTube en tête - de faire des efforts pour limiter leur consommation de bande passante. Un appel entendu jusque dans les oreilles de Walt Disney qui a accepté de décaler le lancement de son service de streaming Disney+ de 15 jours en France, mais pas dans 7 autres pays européens comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie, pourtant cruellement touchée par le ravageur coronavirus SARS-Cov-2.