LMI : Que représente le groupe travail Identité Numérique que vous pilotez au sein d'Hexatrust aux côtés de Philippe Cambriel de Gemalto/Thales ?
Coralie Héritier : Ce groupe de travail rassemble les différentes industriels qui oeuvrent dans l'identité numérique mais aussi dans d'autres domaines connexes comme les hologrammes de sécurité sur les cartes d'identité et des billets. Le pilier de ce groupe est d'adresser des problèmes et des usages très demandés et courants sur la façon dont on s'authentifie de manière forte auprès de différents services bancaires et d'intermédiation dans sa vie digitale. La question de l'identité numérique est fondamentale et doit être élevée pour garantir aux citoyens et aux utilisateurs un niveau de confiance acceptable. En termes d'organisation, nous sommes une quinzaine d'entreprises en groupe élargi, mais en groupe restreint nous sommes 4, Thales, Gemalto, Idemia et IDnomic.
Comment ont évolué les travaux sur l'identité numérique ?
Depuis l'identité numérique orientée citoyen dans le cadre des nouvelles cartes d'identité ou du dossier médical partagé, un certain nombre de projets ont émergé, comme IDnum. Mais il n'a pas abouti parce qu'à l'époque il y avait un certain nombre de craintes sur la gestion des fichiers centralisés. Aujourd'hui, ce qui change c'est le réglement européen depuis avril 2019 sur l'harmonisation des cartes nationales électroniques. Il impose aux pays européens de substituer aux documents papier, ou à la carte actuelle, une autre dotée d'une puce et d'un certain nombre d'éléments obligatoires pour lutter contre la fraude, la falsification d'identité et faciliter le contrôle aux frontières. Alors que les nouvelles cartes doivent être déployées dès 2021, le Comité Stratégique de Filière régit les engagements réciproques de l'Etat avec les fournisseurs, notamment de l'identité numérique. Ce contrat identifie ce dont ont besoin les industriels et permet de favoriser l'émergence de solutions qui vont répondre aux exigences sur la carte d'identité numérique mais aussi fournir aux citoyens des identités numérique de haut niveau.
Comment situer vos projets d'identité numérique par rapport au service d'identification FranceConnect ?
FranceConnect est une infrastructure qui permet de fédérer un certain nombre de moyens de s'identifier à différents services. Mais il n'est pas imaginable de l'utiliser pour accéder à des données de santé car le niveau de sécurité n'est pas suffisant. Notre mission a pour vocation d'identifier et de favoriser l'émergence de solutions d'identité citoyenne de niveau de sécurité élevé qui va permettre un usage plus facile de l'identification et favoriser l'inclusion de ceux qui ont du mal avec les outils numériques ou qui n'ont pas accès à Internet chez eux. Il s'agit par exemple de fournir des cartes d'identité numériques qui vont permettre d'être utilisées pour différents usages, dans des mairies, pour s'authentifier à des services administratifs qui ne sont disponibles qu'en ligne. Les premiers déploiements sont prévus avec un objectif en 2021. Il y a aussi une initiative de l'ANTS pour générer un identifiant numérique en prenant en photo son passeport. Les technologies existent et selon la criticité des besoins d'accès au niveau d'informations sensibles, on va proposer tel ou tel moyen d'authentification.
Vous êtes présente à l'Université d'été 2019 d'Hexatrust : qu'allez-vous annoncer ?
A l'occasion d'une table ronde, nous allons présenter en effet les travaux de chacun des groupes représentés. Jean-Noël de Galzain, Edouard de Remur et moi-même allons rentrer un peu plus dans les détails en décrivant les fameux engagements sur le contrat de filière sécurité. Nous sommes en plein travail dans le groupe et chacun rédige sa partie. Des ateliers et des réunions sont en cours. Je travaille avec Philippe Cambriel de Gemalto/Thales et étroitement avec Jacques Roujansky [délégué permanent au sein du comité stratégique de filière Industries de sécurité, NDLR] qui coordonne les agendas et définit les différents ateliers pour intégrer selon les sujets les interlocuteurs. Il y a un travail de tous les acteurs, pas seulement d'Haxatrust, mais aussi de l'ACM, de la FNTC, du club PSCO... Le CISF fédère l'ensemble des acteurs de la filière dont le projet identité numérique fait partie. D'ailleurs, je suis aussi à la FNTC, en tant que trésorière, et au conseil d'administration de l'IRT SystemX dédié aux technologies du numérique, ainsi que membre de la cybertask force qui est un groupement qui met en lien les travaux et coopération entre parlementaires et industriels de la cyber pour les éduquer, échanger et coopérer pour qu'ils soient sachants sur les enjeux cyber.
Coralie Héritier est secrétaire générale d'Hexatrust et directrice générale de l'éditeur IDnomic [entré en négociation exclusive avec Atos en vue d'être racheté].