En direct d'Orlando - Coutumier du fait, IBM profite de son événement ConnectED 2015 (26-28 janvier) à Orlando pour présenter six projets de recherche, plus ou moins aboutis, lors de son Innovations Lab. Si des équipes du Brésil et d'Israël sont chacune venues présenter un prototype, la majorité des projets sont issus des laboratoires américains de Big Blue. C'est pour leurs créateurs l'occasion de faire la lumière sur leurs recherches qui pourraient, dans les prochaines années, déboucher sur des offres commerciales. En accord avec la base line de l'événement, « a new way to engage », une majorité des projets mise sur les technologies cognitives pour apprendre à mieux connaitre les collaborateurs et faciliter leur travail. 

C'est notamment le cas du projet de l'Israélienne Inbal Ronen, « enhancing the eMail experience with cognitive analytics ». « Avec notre prototype, nous voulons aider les collaborateurs à mieux gérer leurs mails, leur chat, leur carnet d'adresse et leur emploi du temps », explique la responsable de recherche. Le prototype présenté s'appuie dans un premier temps sur les fonctions analytiques de Watson pour établir un profil de l'utilisateur et adapter son expérience mail, comme est déjà capable de le faire la plateforme collaborative et de messagerie Verse, qui a par ailleurs été au centre des premières annonces de ce ConnectED 2015. Mais grâce à des technologies de deep learning, la solution est capable d'apprendre des actions de l'utilisateur. « En fonction des expéditeurs, du sujet ou du moment de la journée où est envoyé le mail, le système comprend le contexte et agit en conséquence », explique Inbal Ronen. Il est par exemple capable de lire un mail et de programmer tout seul une alerte dans le calendrier ou de conseiller des contacts travaillant sur les même sujets. À noter que le système est de plus en plus performant au fur et à mesure de son utilisation. « Il apprend perpétuellement pour affiner ses suggestions », déclare sa créatrice. À voir l'étrange ressemblance de son interface avec celle de Verse, il ne serait pas étonnant de voir ce prototype s'intégrer prochainement à ce client mail d'IBM dévoilé en novembre. 

L'assistant personnel cognitif

Sur le stand d'à coté, Julia attire l'attention. Cette assistant vocal qui pourrait passer pour un simple concurrent de Cortana ou Siri est lui aussi doté de capacités cognitives avancées. Développé depuis seulement deux mois à partir des fonctions de dialogue de Watson par le docteur Werner Geyer, directeur de recherche d'IBM aux États-Unis, Julia est, elle aussi, capable d'apprendre. « Elle retient ce que je lui dit et l'applique », explique son géniteur. L'assistant peut répondre directement aux questions de l'utilisateur en tenant compte des précédentes recherches effectuées et des précédentes indications. Et s'il ne trouve pas de réponse, l'assistant va analyser l'ensemble des données de l'entreprise pour indiquer quelles sont les personnes les plus à  même de répondre aux questions de son propriétaire. « Julia crée des liens entre les gens en se basant sur les travaux et les différentes collaboration de chacun », précise Werner Geyer. 

De son côté, Claudio Pinhanez, un autre responsable de recherche d'IBM, est venu du Brésil pour présenter son projet « identifying business opportunities through social media ». En partenariat avec une banque, il a mis en place un programme d'analyse d'un réseau social, en l'occurrence Twitter, pour déterminer quelles étaient les priorités des clients à un moment donné. « Nous leurs avons soumis ce projet et nous n'analysons que les tweets des clients ayant donné leur accord à la banque », précise le chercheur. Grâce à des capacités cognitives et de puissants algorithmes emprunté à Watson, le prototype affiche sur un écran d'ordinateur les préoccupations des clients. Des mots clés prédéfinis comme « voyages », « naissance », « mariage » ou encore « diplôme », s'affichent en permanence aux côtés des noms des personnes qualifiées en recoupant leurs données bancaires et leurs identités sur Twitter. « Nous analysons en moyenne 90 000 tweets par jours », déclare Claudio Pinhanez. Grâce aux données récoltées, la banque connait mieux la vie de ses clients et est en mesure de détecter, avec une précision accrue, quelles offres leur proposer. 

Watson s'invite au board

L'analyse cognitive est ainsi devenue un des principaux axes de recherche d'IBM. Lors d'un keynote dédié à ce sujet, Dan Gruen, directeur de recherche pour IBM rappelle que Big Blue a débloqué un milliard de dollars en 2014 et mobilisé 12 laboratoires pour explorer les possibilités offertes par l'analyse cognitive. Et si les projets présentés lors de l'Innovation Labs s'adressent à l'ensemble des collaborateurs, IBM verrait bien les capacités de Watson s'inviter aux plus hauts niveaux des entreprises, aux côtés des décideurs. « Pour ce qui concerne l'ensemble des questions importantes de la société, l'analyse cognitive peut apporter énormément en facilitant la prise de décision », déclare Dan Gruen.

Dans une vidéo impressionnante, la firme a présenté deux dirigeants en pleine discussion avec Watson au sujet d'une possible acquisition. Le super ordinateur d'IBM affichait sur un écran les sociétés répondant aux différents critères soumis par les deux personnes en face de lui. Il pouvait s'agir de la masse salariale, de la stratégie menée sur un point précis au cours des deux dernières années ou des résultats financiers sur un certain secteur de marché. Plus surprenant encore, Watson est capable de donner son avis sur les acquisitions à faire et d'argumenter sa proposition. « Il peut prendre en compte d'énormes quantités de données, apprendre des précédentes acquisitions effectuées, et même les citer en exemple », déclare le directeur de recherche. Une autre vidéo a présenté la mise en place par Watson de plusieurs scénarios pour faire face à l'arrivée d'une tempête de neige. C'est tout de même plus utile qu'un ordinateur capable de répondre à des questions à Jeopardy.Â