Comme chaque année, IBM a profité de sa conférence Connect 2014 (ex-Lotusphere), du 26 au 30 janvier à Orlando, pour ouvrir une fenêtre sur une quinzaine de projets en cours dans ses laboratoires de recherche à travers le monde. C'est un aperçu des logiciels qu'il pourrait un jour concrétiser sous la forme de produits commerciaux dans les domaines couverts par les solutions exposées sur Connect, collaboration et réseaux sociaux en tête. Pour les développeurs qui mènent ces projets, c'est l'occasion de montrer à un plus large public les voies qu'ils explorent et de susciter l'intérêt d'éventuels sponsors internes. Sur cette édition 2014, qui accueillait aussi la conférence des utilisateurs de Kenexa Talent Suite (solutions RH en SaaS rachetée en août 2012), la thématique s'est en partie concentrée sur les outils de gestion des ressources humaines.

Sept logiciels étaient ainsi présentés dans la catégorie "Smarter Workforce", à différents niveaux d'aboutissement. Quatre émanaient d'équipes américaines d'IBM, les autres étant menés en Israël et en Inde. L'un d'eux, portant sur l'écoute des employés, est en partie déjà disponible. Il s'agit de Survey Analytics, de la suite Kenexa, qui s'applique aux enquêtes annuelles d'évaluation menées en interne auprès des salariés. L'application utilise différentes approches pour interpréter les informations transmises par l'enquête, explique Casey Dugan, ingénieur au centre de recherche de Cambridge consacré aux logiciels liés aux réseaux sociaux. L'autre partie du projet qu'elle montrait n'est encore qu'un prototype. Celui-ci pousse l'écoute au-delà des enquêtes annuelles, cherchant à comprendre en temps réel les réactions à travers l'analyse des médias sociaux. 

Mesurer l'impact individuel sur une organisation

Le potentiel des réseaux sociaux d'entreprise a été particulièrement mis en avant sur ce Connect 2014. IBM a notamment expliqué comment la suite Kenexa Talent allait s'appuyer sur l'analyse des nombreuses données qui peuvent être recueillies sur les salariés au sein de l'entreprise (profil, expérience, contribution aux médias sociaux, développement des compétences...) pour identifier les caractéristiques des collaborateurs les plus performants et s'en servir de modèles pour recruter sur les sites d'emploi. IBM a également expliqué que l'intégration de son réseau social d'entreprise Connections à la suite Kenexa Talent servirait ensuite à accélérer l'intégration des recrues dans l'entreprise. Ce faisant, les nouveaux embauchés seront incités à utiliser Connections pour trouver des experts, se former plus rapidement et participer au dialogue collectif. Egalement annoncé sur Connect, la possibilité d'utiliser bientôt les outils Watson pour mieux comprendre les tendances présentes et futures parmi les salariés d'une entreprise.

Parmi les autres projets de l'Innovation lab, figurait en particulier celui présenté par Shiri Kremer-Davidson, chercheuse au Haifa Research Lab, membre du groupe Smarter Workforce Strategy. Son Social Dashboard vise à mieux analyser les réseaux sociaux qui indiquent qui interagit avec qui et dans quel contexte, pour générer des indicateurs de performance mesurant l'impact individuel sur l'efficacité de l'organisation. Il peut aussi aider les individus à exploiter les réseaux sociaux pour s'impliquer davantage dans leur contexte professionnel. D'autres projets portent sur la gestion des compétences. Celui suivi par Shubir Kapoor, d'IBM Research États-Unis, s'applique à la rétention des hauts potentiels, l'objectif étant de détecter les risques de départ par l'analyse de données et de les prévenir par des compensations financières, des plans de formation ou des perspectives de promotion.


Projet Talent Retention Analytics : Utiliser l'analyse prédictive pour prévenir le départ des cadres à haut potentiel.

Générer des opportunités commerciales

Le projet The Change Management Marketplace, suivi par Obinna Anya, chercheur postdoc au centre Almaden de San José, vise à mettre en contact plus efficacement des collaborateurs ayant suivi une formation et voulant faire valoir leurs compétences et des managers recherchant certains profils. Un projet mis en oeuvre au sein d'IBM. Tout comme celui montré par Monu Kedia, du laboratoire de recherche de Bangalore. En explorant le contexte de différentes sources de données, Blue Serendipity trouve des relations entre IBMers, clients et partenaires pour générer des opportunités commerciales ou d'autres types de projet. Le logiciel permet aussi de faire émerger les centres d'intérêt des participants à une conférence. IBM en a déjà tiré profit sur son événement IOD 2013 cet automne pour établir les liens entre les participants et les sessions auxquelles ils ont assisté.

Sur Connect 2014, l'innovation Lab a aussi mis en avant des projets de visualisation des données. Dans la catégorie "Visual Analytics", certains étaient portés par des équipes brésiliennes de Big Blue. Avec Social Team Formation, par exemple, suivi par Ana Paula Appel, la recherche vise à pouvoir constituer la meilleure équipe possible à partir d'un ensemble important de personnes potentiellement compétentes. Le résultat présenté montre les liens entre les personnes. La chercheuse cite des applications possibles dans le monde hospitalier, mais aussi dans le secteur de l'assurance santé et de la formation à distance, notamment.


Social Team Formation.

Visualiser les émotions de façon interactive

Parmi les autres applications de visualisation, on pouvait aussi voir un système comme PEARL, Personal Emotional Analysis, Reasoning and Learning, présenté par Liang Gou, du centre de recherche Almaden (San José). Celui-ci permet de visualiser de façon interactive les émotions d'une personne analysées à partir de messages publiés sur des médias sociaux (est-elle calme, maîtrisée, versatile...).

Le laboratoire de recherche qu'IBM possède en Chine, à Pékin, était également présent, avec le projet Casper, décrit par la chercheuse Lin Luo. Là aussi, il s'agit d'examiner les messages sur les réseaux sociaux, des clients cette fois-ci. A partir du portrait dressé (centres d'intérêt, besoins, personnalités), les responsables marketing pourront établir où leurs produits vont se vendre et mieux cibler leurs clients. IBM compte 12 laboratoires de recherche répartis sur les six continents.