En direct de San Francisco. Avec la multiplication des règlementations et des procédures un peu partout dans le monde pour renforcer les questions de gouvernances et de sécurité financière ou sanitaire, les entreprises sont aujourd’hui obligées de muscler leurs services juridiques et de conformité. Mais que ce soit dans la banque, l’assurance ou l’industrie pharmaceutique, les talents se font rares et les recrutements problématiques. Si certaines banques françaises ont commencé à tester des plateformes IA comme IBM Watson pour scruter les CV de leurs employés et dénicher les profils intéressants passés sous le radar des RH, la start-up Compliance.ai exploite les capacités de traitements et d’automatisation des tâches de l’intelligence artificielle pour écarter Excel et mieux suivre les évolutions réglementaires.
Kayan Alikhani, cofondateur et CEO de la jeune pousse créée en 2014 à San Francisco, nous a expliqué lors d’un point presse en octobre dernier que son système automatise la supervision de l’apprentissage grâce à l’utilisation d’algorithmes experts open source qui peuvent comparer deux documents pour en analyser les différences. « Il est très intéressant de comparer deux règlements pour suivre les évolutions ou comparer les législations dans différents pays ». Il peut être intéressant de créer une carte du monde pour suivre les différents règlements et comprendre les impacts lors du rachat d’une entreprise ou l’implantation d’une filiale.
Faire face aux menaces de sanction
Exploitant une collection complète et continuellement enrichie de contenus réglementaires, Compliance.ai permet aux équipes de la conformité de se tenir au courant des changements réglementaires au fur et à mesure qu'ils se produisent, en temps quasi-réel, les aidant ainsi à réduire leur exposition à la non-conformité (audits et pénalités, réduction des incertitudes et des coûts/temps traditionnellement associés aux recherches réglementaires). Certaines sanctions, notamment avec les autorités de régulation américaines, ont coûté très cher aux principales banques françaises qui subissent encore des audits particulièrement pénibles pour toutes les équipes.
La plateforme de Compliance.ai vient aider les équipes de la conformité à suivre les réglementations. (Crédit S.L.)
La solution de Compliance.ai, disponible on premise ou dans le cloud (avec une localisation en Europe chez AWS ou en mode privé), se compose de plusieurs modules.
- Automatisation, collecte et normalisation des documents réglementaires dans plusieurs langues (dont le français)
- Analyse en profondeur des informations récoltées avec des outils IA et ML. Certains sujets sont classés après une phase de reconnaissance de caractères pour la digitalisation du contenu. Ce dernier est ensuite classifié pour recenser quelles obligations sont listées dans un document afin d’aider les juristes et autres responsables de la conformité à extraire plus rapidement les éléments clefs dans une centaine de pays. Un travail qui prendrait des semaines à des juristes selon le CEO.
- Vient ensuite l’étape de la traçabilité des sources et du suivi des modifications afin de documenter l’évolution des réglementations. L’idée est d’attirer l’attention sur les éléments qui ont changé, rapporte Kayan Alikhani.
- L’indexation des actifs est automatiquement réalisée par la plateforme pour assurer ensuite un reporting afin de savoir combien de changements ont par exemple été réalisés dans une publication de la Cnil ou des équivalents dans le monde.
Parmi les prochaines fonctionnalités attendues chez Compliance.ai, le CEO a mis en avant les recommandations. « La conformité est comparable à un puzzle que nous rassemblons. Nous n’avons rien inventé, il ne s’agit que de business processing ». Autre nouveauté à venir, la possibilité de déployer la solution sur un cloud privé chez Azure, mais le dirigeant avoue ne pas être totalement prêt. Interrogé sur la concurrence d’IBM Watson sur ce créneau (la régulation financière ou Reg Tech) aujourd’hui évaluée à 5 milliards de dollars pour le seul marché nord-américain, Kayan Alikhani souligne que la solution de big blue ne couvre que 10% de sa solution. « Nous proposons une solution de bout-en-bout avec 3 différents packages : Professional, Team/Enterprise et Developper avec accès aux API ».
Plusieurs langues sont aujourd’hui supportées par la start-up : l’anglais, le français, l’allemand et l’italien. « Nous avons adopté une approche pragmatique, mais nous ne pouvons pas attaquer l'ensemble du monde ». Deux ans et demi ont été nécessaires pour développer cette plateforme – reposant notamment sur Elastic et Postgres - en luttant contre les faux positifs avec une approche loop. Compliance.ai n’a pas encore de bureau en Europe, mais un plan de déploiement a été concocté, notamment depuis le développement du support multilangue.