Les bons et les mauvais points en matière de numérique ont été attribués par la Commission européenne. Cette dernière a publié les données du DESI (index relatif à l’économie et à la société numériques) qui évalue depuis 2014 le niveau des Etats membres dans ce domaines. Plusieurs critères (ressources humaines, connectivité, numérisation des services publics, transformation digitale des entreprises) sont retenus. Première constatation de l’exécutif bruxellois, « la transition numérique s'accélère », souligne Margrethe Vestager, commissaire en charge de la concurrence. La crise sanitaire a été sans conteste un accélérateur dans le domaine du numérique et l’ensemble des pays membres ont été incités à prendre ce virage à travers les différents plans de relance nationaux (127 milliards d’euros au total) soutenus par l’UE.
Si la Commission européenne donne donc un satisfecit aux Etats membres, elle pointe néanmoins quelques faiblesses et inquiétudes. En premier lieu, il y a la question des compétences numériques. Seulement 54% des européens disposent d’une connaissance basique des outils numériques. Les Pays-Bas et la Finlande sont les plus en avance avec près de 80% de « spécialistes ». La France arrive en 10ème position en franchissant les 60%. Le rapport constate que cela a un impact sur le recrutement dans l’IT avec une pénurie importante. En 2020, 55% des entreprises ayant recruté ou tenté de recruter des profils informatique ont déclaré avoir des difficultés à pourvoir ces postes vacants. En 2021, l’Union européenne comptait 8,9 millions de salariés IT. La Commission européenne souhaite porter ce chiffre à 20 millions en 2030, notamment à travers la promotion des femmes sous-représentée dans ce secteur.
5G et numérisation des PME-PMI à la traîne
La connectivité est aussi pointée du doigt et notamment le déploiement de la 5G. En 2021, la couverture dans l’UE a progressé pour atteindre 66% du territoire. Néanmoins, la Commission déplore que les processus d’attribution des fréquences ne sont pas achevés (seul 56% le sont). Elle constate par ailleurs que la couverture élevée dans certains pays est liée au partage de fréquence avec la 4G ou l’utilisation de la bande des 700 MHz pour la 5G. Mais la « vraie » 5G n’est pour l’instant que très peu déployée.
Dernier carton jaune de la Commission européenne, la transition numériques des PME marque le pas. 55% de ces entreprises disposaient d’un niveau basique dans l’adoption des outils digitaux. Là encore des inégalités territoriales existe avec des premiers de cordées comme la Suède et la Finlande (86 et 82% des entreprises ayant un niveau de base) et des retardataires comme la Roumanie et le Bulgarie (25 et 22%). Le grand écart est aussi présent dans l’adoption de certaines technologies comme le cloud, les PME-PMI sont 40% à y avoir recours contre 72% pour les grands comptes. Ce qui fait dire à Thierry Breton, commissaire en charge du marché intérieur, « nous devons redoubler d'efforts pour faire en sorte que l'ensemble des PME, secteurs d'activité et industries de l'UE disposent des meilleures solutions numériques et aient accès à une infrastructure de connectivité numérique de classe mondiale ».