Dans mon travail, j'entends souvent les DSI et les directeurs financiers dire : « Les fournisseurs de cloud nous saignent à blanc ». Face à l'augmentation constante des factures liées au cloud, ils exigent des réponses sur ce qu'ils paient et pourquoi ils paient si cher.
Les fournisseurs s'empressent de s'opposer à ce questionnement. Ils mettent en avant le modèle de responsabilité partagée. Si les clients du cloud dépensent trop d'argent, c'est généralement parce qu'ils ont mis sur pied des modèles de déploiement peu rentables. Il est de notoriété publique que de nombreuses entreprises se sont lancées dans le cloud sans se soucier de l'efficacité réelle de leurs systèmes dans la nouvelle infrastructure.
Pensez-y de la manière suivante : si quelqu'un installe des pneus en caoutchouc sur un charrette pour chevaux afin qu'elle puisse rouler sur une autoroute, n'est-il pas responsable de son manque de vitesse et de l'augmentation des frais d'exploitation de la charrette, plutôt que le service des autoroutes ? Oui, mais la situation n'est pas en réalité pas aussi tranchée et les fournisseurs de services cloud ne sont pas exempts de reproches. Examinons ce qu'on peut leur reprocher.
Modèles de tarification complexes
Délibérément ou non, les fournisseurs de cloud public ont créé des structures tarifaires complexes qui sont presque incompréhensibles pour quiconque ne passe pas précisément sa journée à créer des structures tarifaires permettant de couvrir toutes les utilisations possibles. En conséquence, les entreprises sont souvent confrontées à des dépenses inattendues. Nombre de mes clients se plaignent fréquemment de ne pas savoir comment gérer leurs factures de cloud, tout simplement parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils paient.
La solution à ce problème est simple. Jusqu'à ce que les fournisseurs simplifient leurs modèles de tarification, les entreprises devraient désigner un employé comme expert en structure de tarification. Cette personne peut s'appuyer sur du conseil et utiliser des calculateurs de coûts et autres outils pour éclairer les subtilités des modèles de tarification. Une autre option consiste à faire appel à des prestations de conseil spécialisées dans l'économie du cloud.
Toutefois, de nombreuses entreprises s'opposent à l'idée de dépenser encore davantage d'argent pour comprendre... comment elles ont pu dépenser trop d'argent ! Les fournisseurs devraient s'efforcer de rendre leurs prix plus lisibles. Si vous fournissez des faits et des informations pertinents à vos clients, vous leur donnez les moyens de procéder à des changements qui profiteront à tous. Par exemple, supposons que le service des autoroutes sache qu'une camionnette de livraison motorisée est 8,5 fois plus efficace qu'un chariot tiré par un cheval. Le propriétaire du cheval dispose désormais d'éléments solides ; le remplacement de son engin se traduira par un retour sur investissement pleinement réalisé en 1,25 an. L'élimination des chevaux et des charrettes qui en résulte facilitera également les tâches de gestion et d'entretien des routes pour le service des ponts et chaussées. Tout le monde y gagne.
Surprovisionnement et sous-utilisation
Les fournisseurs de cloud encouragent souvent les entreprises à surprovisionner les ressources, « au cas où ». Les entreprises continuent de payer pour cette capacité inutilisée, alourdissant considérablement leurs coûts sans valeur ajoutée. Lorsque je demande à mes clients pourquoi ils provisionnent des ressources de stockage ou de calcul supérieures à ce qu'exige leurs besoins, la réponse la plus fréquente est : « mon fournisseur de cloud m'a dit de le faire ». Là encore, la réponse est simple. Les entreprises devraient adopter des stratégies systématisant les contrôles réguliers afin d'aligner allocation de ressources et usages réels.
Mieux outiller la gestion des coûts
De nombreux fournisseurs proposent des outils de gestion des dépenses, mais ils sont trop complexes ou insuffisants pour assurer un suivi efficace. Certaines entreprises peuvent essayer des outils tiers pour gérer leurs coûts, mais la plupart d'entre elles se contentent de payer ce que demandent les fournisseurs.
La réponse à ce dilemme n'est pas triviale. Les entreprises doivent adopter des stratégies de suivi régulier pour aligner les ressources sur les besoins. Elles peuvent également limiter les dépenses inutiles en mettant en oeuvre des tactiques d'ajustement et en déployant des outils de suivi et d'optimisation des usages du cloud. Malheureusement, les outils et connaissances nécessaires à l'élaboration de ces stratégies de contrôle font actuellement défaut.
Pour les entreprises, ces outils sont pourtant essentiels. Elles ont besoin d'utiliser pleinement les fonctionnalités disponibles dans les tableaux de bord de gestion des coûts pour mieux comprendre leurs dépenses. La mise en place d'alertes sur les dépenses et l'examen périodique des rapports sur les dépenses peuvent améliorer le pilotage financier et le respect des contraintes budgétaires. Les fournisseurs de cloud doivent également mieux faire. Au lieu de repousser les entreprises qui rencontrent des problèmes, ils devraient les aider. Car il existe désormais un nouveau concept dont peuvent profiter les deux parties.
Mise à l'échelle automatique sans gouvernance appropriée
L'une des caractéristiques les plus intéressantes du cloud réside dans sa mise à l'échelle automatique, qui permet de ne jamais manquer de ressources ou de ne jamais souffrir de mauvaises performances en raison d'un provisionnement insuffisant. Cependant, cette mise à l'échelle automatique génère souvent des factures colossales, car elle est souvent déclenchée sans bonne gouvernance ou sans but précis.
La solution est simple, mais la plupart des entreprises ne la comprennent pas : définir des lignes directrices et des seuils clairs pour les opérations de mise à l'échelle. Cela permet d'éviter l'impact financier d'une extension incontrôlée des ressources, en réexaminant et en ajustant en permanence les politiques pour les aligner sur l'évolution des besoins de l'entreprise et ses capacités budgétaires. Les paramètres doivent être associés à des systèmes de gouvernance des coûts bien en place. En la matière, les systèmes des fournisseurs de cloud sont toutefois souvent insuffisants. Mieux vaut se tourner vers des alternatives.
Manque de transparence dans les offres de services
Des offres de services et des frais connexes peu clairs peuvent encore entraîner des surprises désagréables en matière de facturation. Il est essentiel de bien comprendre les services utilisés. Les organisations devraient donner la priorité à la formation régulière de leurs équipes informatiques afin de s'assurer qu'elles comprennent parfaitement les implications financières des différents services cloud. Une bonne compréhension des termes et conditions permettra d'éclairer davantage les décisions. Il s'agit là d'un autre domaine où, une fois de plus, les fournisseurs de cloud devraient améliorer leur transparence.
Pour résoudre ces problèmes de coûts, il faut adopter une approche stratégique de la gestion du cloud, que de nombreuses entreprises évitent et que la plupart des fournisseurs se gardent d'encourager. En mettant en oeuvre des stratégies éclairées et proactives pour s'attaquer à la complexité de la tarification, optimiser l'utilisation des ressources, améliorer la gestion des coûts, contrôler l'évolutivité et renforcer la transparence des services, les entreprises peuvent réduire considérablement les dépenses inutiles et maximiser la valeur de leurs investissements dans le cloud.
Une période de réflexion se profile. Actuellement, la plupart des entreprises paient aveuglément des factures exagérées, tout en s'en plaignant fréquemment. Entreprises, vous devez résoudre les problèmes qu'il vous incombe de résoudre. Fournisseurs de services en nuage, vous devez aider vos clients à utiliser vos ressources de la manière la plus efficace possible. À long terme, seule cette approche vous sera profitable.
Comment déjouer les pièges des budgets cloud
Malgré leur bonne volonté apparente, les fournisseurs de cloud gaspillent une grande partie de l'argent que leurs clients consacrent à leurs services. Mais les DSI peuvent également agir pour contenir les budgets cloud.