Comme prévu, la fusion entre Cloudera et Hortonworks sera exploitée sous la marque Cloudera. L’entité vise à transférer les clients vers une plate-forme de données unifiée baptisée Cloudera Data Platform, mais s’engage aussi à poursuivre les déploiements hybrides et multi-cloud, et cela en restant « 100 % open source ». C’est en octobre de l'année dernière que les deux entreprises ont annoncé leur fusion « à parité entre égaux ». Les deux licornes très populaires ont bénéficié d’un gros soutien de capital-risqueurs et toutes deux ont bataillé dur pour tirer le meilleur parti de leurs solutions de données open source.
Lors de l’annonce, le nom de la nouvelle entité n’était pas encore connu, mais l’on sait aujourd’hui qu’elle s’appellera Cloudera et que la marque Hortonworks disparaît. Cette décision reflète ce que nos confrères de Computerworld avaient écrit à l'époque : « Cloudera est le chef de meute de cette négociation, les actionnaires de Cloudera détiendront environ 60 % des actions de la nouvelle entité. Le CEO de Cloudera, Tom Reilly, dirigera la nouvelle entreprise, et Rob Bearden, le CEO d’Hortonworks, siègera au conseil d'administration ».
Réunir le meilleur des deux éditeurs
Lors d'une conférence web préenregistrée, M. Reilly a précisé la stratégie envisagée par la « nouvelle entité Cloudera » pour pousser les clients vers la plate-forme de données Cloudera Data Platform. Celui-ci a également déclaré que l'entreprise investirait en priorité dans l'apprentissage machine et l’informatique edge, ainsi dans des déploiements hybrides et multi-cloud pour les clients qui veulent éviter d’être enfermés dans une technologie fournisseur propriétaire. Il a également insisté sur l’engagement persistant de l’entreprise envers la communauté open source. « Ces dernières années, chaque entreprise a investi dans des domaines différents, mais complémentaires. Hortonworks a investi dans le streaming en temps réel et l’ingestion de données pour l’IoT à la périphérie et nous avons investi dans l'apprentissage machine et l'intelligence artificielle, ce qui permet aux spécialistes des données d'avoir des workflows automatisés », a-t-il déclaré.
Arun Murthy, le désormais chef de produit de Cloudera et cofondateur de Hortonworks, a ajouté que les clients devraient « considérer la plate-forme de données comme une toute nouvelle plateforme réunissant le meilleur de Hortonworks Data Platform (HDP) et de Cloudera Distribution Hadoop (CDH), avec une pile de sécurité et de gouvernance, et quelques technologies pilotées par les clients en chevauchement, ce qui facilite la transition pour les clients actuels ». Tom Reilly a également annoncé que « Cloudera resterait fidèle à son héritage », autrement dit que « la nouvelle plate-forme serait 100 % open source… avec une sécurité et une gouvernance d'entreprise unifiée », plus une focalisation sur « les nouveaux standards open source comme Kubernetes et les conteneurs, qui influenceront la stratégie à venir ».
Pas de dette et 500 M$ de réserve
C'était aussi la première fois que Tom Reilly parle de finances conjointes, déclarant que la entreprise était désormais « financièrement plus solide, avec plus de 500 millions de dollars en cash, zéro dette et près de 1 milliard de dollars de revenus, et qu’elle affichait « une belle croissance ». Cela, malgré les chiffres de 2017 pour les deux sociétés, dont le chiffre d'affaires annuel combiné s’élève à près de 520 millions de dollars. Plus précisément, en 2017, Cloudera a déclaré des revenus de 261 millions de dollars, mais l'entreprise a quand même enregistré une perte de 187 millions de dollars. Quant à Hortonworks, l’entreprise a enregistré une perte d'exploitation de 199 millions de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2017, pour 262 millions de dollars de revenus.
Des solutions de migration
Tom Reilly a également rassuré les clients existants de HDP 3 et CDH 5 et 6 en déclarant que ces plateformes continueraient d’être maintenues jusqu'en janvier 2022 au moins, et a garanti un support de trois ans post-fusion. Cela dit, il est clair que la priorité du fournisseur, c’est que les clients migrent dès que possible vers la plate-forme unifiée Cloudera Data Platform. Tom Reilly a promis des « solutions de migration prévisibles et flexibles ». L’entreprise fournira plus de détails à ce sujet au cours de l'année. Pour l’instant, Cloudera a dit peu de choses sur ces solutions et leur coût pour les clients. Le CEO de Cloudera a également annoncé que l'outil Cloudera Data Science Workbench serait compatible avec Hortonworks Data Platform (HDP) et Hortonworks Data Flow (HDF) dans les mois à venir, et que les ingénieurs « finalisaient les tests et annonceraient une date de disponibilité prochainement ».
Selon William McKnight, président de McKnight Consulting Group, la migration pèsera surtout sur les clients de Hortonworks. « Les changements de plate-forme, et même les mises à niveau, font partie des priorités majeures, mais cela arrive tout le temps avec les fusions, donc je suis sûr que l'équipe travaille sur la question », a-t-il déclaré. « C’est un autre aspect à prendre en compte pour le clients d'Hortonworks, car aujourd’hui de nombreux data lakes sont approvisionnés en stockage cloud et que certains sont transférés de Hadoop ».
Hybride et multi-cloud
M. Reilly a tenu à souligner l'importance du nouveau Cloudera pour les déploiements hybrides et multi-cloud, aussi bien les déploiements sur site que ceux des « cinq principaux fournisseurs de cloud public », à savoir AWS, Microsoft Azure, Google Cloud Platform, IBM et Oracle, répétant qu’une « pierre angulaire de la stratégie de Cloudera était d’être hybride et multi-cloud ». « Le cloud est le premier secteur dans lequel investit la nouvelle entreprise », a-t-il ajouté. « Les clients ont montré peu d'intérêt pour le débat entre cloud public et cloud privé. Par contre la demande de cloud hybride, de même que celle d’une technologie ouverte, non propriétaire, est très forte ». En guise d’exemple, Tom Reilly a évoqué le lancement récent par AWS d'une solution hybride gérée appelée Outposts.
En conclusion, M. Reilly a déclaré que Cloudera et Hortonworks « sont en phase sur la stratégie et qu’elles ont toujours cru dans la puissance du cloud ». Ajoutant que les entreprises clientes veulent avoir la possibilité d’utiliser « de l'apprentissage machine et de l'analyse depuis la périphérie jusqu’à l’IA de manière transparente dans tous les cloud… Elles veulent aussi un support sur site, public, et multi-cloud des cinq principaux fournisseurs, et la possibilité d’accéder et d’exploiter les données n'importe où, de disposer d’une sécurité et d’une gouvernance communes, dans un environnement 100 % ouvert, sans risque de lock-in ». Ça a l'air assez simple, n’est-ce pas ?