Si les géants du cloud mettent souvent en avant leur capacité à répondre à des besoins verticaux, certains acteurs se révèlent uniquement centrés pour répondre à une certaine frange de cas d'usage. C'est le cas d'offreurs cloud spécialisés dans le secteur biotech comme Benchling qui avance petit à petit ses pions à l'international et veut en découdre en France. Proposant ses services aux start-ups en pointe dans ce domaine de la R&D et des sciences de la vie aussi bien qu'aux plus grandes entreprises biopharmaceutiques mondiales, l'éditeur revendique plus de 200 000 utilisateurs de ses solutions de R&D cloud pour leur servir à vérifier, analyser et collaborer sur leurs données.

"Nos produits sont aussi utilisés par des centaines d'entreprises dans le monde qui opèrent dans d'autres secteurs réglementés comme les produits agricoles", nous a précisé Sajith Wickramasekara co-fondateur et CEO de Benchling lors de sa venue en France en juin dernier. La société est par ailleurs fortement engagée dans l'amélioration de l'accès aux données, de l'interopérabilité et de leur réutilisation en ayant rejoint l'Alliance Pistoia et la Fondation Allotrope. Incubée au MIT, Benchling a été créé pour répondre aux besoins des chercheurs de partager plus efficacement leurs données sur d'autres plateformes que de simples serveurs internes ou bases de données statiques. "C'était en 1995 et à cette époque les plateformes cloud n'existaient pas et je pensais naïvement qu'il n'était pas difficile de créer de bons outils", raconte Sajith Wickramasekara.

Les identifiants API peuvent être utilisés pour accéder, lire et écrire des données sur Benchling avec une clé API unique pour les utilisateurs. (crédit : Benchling)

Une pile technologique conçue sur AWS

Après avoir intégré la couveuse à start-ups tech prometteuses, Y Combinator, Benchling s'est installée en Californie en 2012, date de sa création officielle. Aujourd'hui la société compte 800 employés et un peu plus de 1 200 clients et à fort affaire sur une arène concurrentielle où l'on retrouve également SciNote, Labware LIMS, Teexma ou LabCollector LIMS, Labguru, Labfolder... Mais Benchling veut croire en ses forces : "ce que nous faisons est vraiment unique", assure Sajith Wickramasekara. "Nous unifions les données et proposons un guichet unique pour les scientifiques qui n'ont plus besoin de passer du temps à consulter 5, 7 ou 10 outils différents." Benchling propose deux offres de ses solutions dont une édition communautaire pour le secteur académique, et une autre pour les entreprises.  Le groupe a par ailleurs levé 425 M$ auprès d'investisseurs tels que Thrive Capital, Benchmark Capital, Franklin Templeton, Altimeter et Sequoia. De quoi assurer son développement 

Benchling propose une offre reposant soit sur du cloud public multi-tenant ou sur du cloud privé, notamment en France. "Certains de nos plus gros clients et en fonction de la complexité des clients et de leurs exigences de sécurité se tournent vers du cloud privé", indique Sajith Wickramasekara. La pile technologique fonctionne sur AWS, combinant EC2 à k8s et des capacités issues de logiciels libres, comme AlphaFold.

MAb-002 est l'entité anticorps qui a été enregistrée dans Benchling. L'entité contient un identifiant unique (PCo002), un lien URL, le projet auteur du projet, la date de création, l'information sur la cible, l'information sur les chaînes composant le MAb, etc. (crédit : Benchling)

La conformité SOC 2 et ISO 27001 au rendez-vous

Outre sa technologie de plateforme de données unifiées, l'éditeur met en avant ses capacités d'apprentissage automatique intégrées à un grand nombre d'outils pour aider ses clients à être plus productifs. "Les scientifiques passent beaucoup de temps à rédiger des rapports et nous les aidons avec une recherche en langage naturelle à détecter plus facilement les erreurs, à concevoir des diagrammes et des graphiques", explique le CEO. La société s'appuie par ailleurs sur un certain nombre de fournisseurs, dont AWS/Bedrock, qui nous donne accès à des modèles, et indique par ailleurs être conforme à la norme SOC 2 et de certification ISO 27001. Une dernière enquête menée auprès de ses clients a fait ressortir que les scientifiques passent jusqu'à 20h par semaine pour capturer, nettoyer et préparer les données. Une somme de travail que l'IA devrait permettre prochainement de réduire de façon conséquente.

Présent en Allemagne, au Danemark ou encore au Royaume-Uni, Benchling met désormais cap sur la France. "La France est très stratégique et notre marché se développe beaucoup ici", fait savoir Sajith Wickramasekara. Parmi ses clients, Servier ou encore Sanofi, qui s'en sert pour aider ses équipes de chercheurs à mieux gérer leurs données relatives à leurs travaux d'oncologie de précision. Des universitaires en France à l'École Normale Supérieure ENS CNRS, INSERM, Université de Lyon représentent par ailleurs 5 000 utilisateurs en France.