Nichée dans un étage de la tour Cœur Défense, Orange Business Services a tenu un point d’étape sur sa stratégie. C’est le CEO, Helmut Reisinger, qui est à la manœuvre en fixant le cap. « Nous sommes entrés dans l’ère de l’entreprise numérique », a rappelé le dirigeant. « Cela implique de relever plusieurs challenges comme les données en temps-réel, la cybersécurité (IT/OT), l’intégration et la confidentialité des données ». Sur ce marché, l’opérateur affiche ses atouts : 5ème opérateur mondial, 7,3 milliards d’euros de revenus, 3000 clients entreprise multinationales et 2 millions de clients professionnels (dont 143 000 en France). Face aux différents défis, Helmut Reisinger veut mettre l’accent sur plusieurs axes stratégiques.
Un tiers des revenus cloud issus de Flexible Engine
Le premier défi est sans conteste le cloud avec une orientation « multicloud », souligne le responsable d'OBS. Dans le détail, l’opérateur dispose dans son catalogue de sa propre offre de cloud public, en partenariat avec Huawei, nommée Flexible Engine. « Cela représente un tiers de nos revenus dans le cloud », glisse Helmut Reisinger sans donner de chiffres précis. Le reste des revenus cloud se concentre sur les accords avec Microsoft, Google et AWS, « avec une combinaison de cloud privé et public ». Cette montée en puissance sur le cloud provient notamment du rachat de BaseFarm en juillet 2018 et de son expertise dans la gestion des infrastructures cloud. Au total, la structure dédiée au cloud compte 2200 experts.
« Aujourd’hui, 50% du chiffre d’affaires cloud est réalisé en dehors de la France », note le CEO. Pour le montrer, il rappelle le contrat Midea, société chinoise qu’OBS accompagne sur le cloud en Europe. Il observe à cette occasion que le cloud est en train de se transformer en zones de données géopolitiques. « Il y a beaucoup d’interrogations autour de la localisation des données et de la régulation applicable. On voit donc apparaître des plaques RGPD, indienne, chinoise, russe, américaine », analyse-t-il. Des éléments géo-stratégiques à prendre en compte dans l’adressage des offres cloud. Est-ce que le partenariat avec Huawei n’est pas pénalisant dans ce cadre ? « Non, il y a des équipements Huawei, mais ils sont dans nos datacenters et nous gérons les briques de sécurité », rapporte le dirigeant.
Cybersécurité renforcée et une fusion mobilité/IoT
Le marché a besoin de confiance et la sécurité est souvent mise en avant pour résoudre cette interrogation. OBS l’a compris et a investi fortement autour de la cybersécurité par de la croissance externe. En mai dernier, l’opérateur a déboursé 515 millions d’euros pour s’emparer de SecureLink afin de renforcer l’expertise et les compétences d’Orange Cyberdéfense. Plus tôt dans l’année, il avait fait l’acquisition de SecureData en intégrant 200 personnes, un SOC et un CERT. Aujourd’hui, le groupe affiche 2100 experts en cyberdéfense, 10 SOC dans le monde, etc.
Sur l’activité IoT et mobilité, elle est renommée « Smart Mobility Services ». « Nous avons regroupé les équipes mobilité BtoB et IoT au sein de la même structure », explique Helmut Heisinger. On retrouvera donc dans cette organisation les problématiques de connectivité (4G, 5G, LoraWan, LTE-M,…). « L’Europe n’a pas à rougir sur ces sujets, car elle est plus avancée que la Chine et les Etats-Unis dans ces domaines », lance le responsable. Outre les chiffres de couvertures (plus de 500 accords de roaming), Helmut Reisinger parle plus volontiers de clients, par exemple du contrat avec Veolia pour digitaliser les 3 millions de compteurs d’eau.
Au final, le CEO entend bien transformer l’opérateur des télécoms vers les services IT et a mis l’entreprise en ordre de bataille pour répondre aux besoins des entreprises.