Le Top 100 français des acteurs du numérique a progressé de 6% en un an, avec un chiffre d'affaires logiciels qui s'établit à 7,4 milliards d'euros, selon les chiffres que viennent de publier l'Afdel, PwC et le SNJV (Syndicat national des jeux vidéo). Leur classement GSL 100 France n'inclut pas seulement les éditeurs de logiciels (83 dans ce Top 100), mais aussi 7 éditeurs de jeux et 10 fournisseurs de services Internet. Ces trois catégories pèsent respectivement 67%, 22% et 11% du chiffre d'affaires total généré. Les services Internet -qui ne comprennent ici ni les acteurs du e-commerce, ni les médias- ont enregistré une croissance de 38% en 2013, en particulier grâce à un acteur comme Criteo. Introduite à l'automne sur le marché boursier du Nasdaq, la société figure à la 3ème place du classement, derrière Dassault Systèmes et l'éditeur de jeux Ubisoft, et devant Cegedim et un autre spécialiste du jeu, Gameloft.
L'édition 2014 du GSL 100 France amène au même constat que les années précédentes : le paysage français de l'industrie du logiciel reste très atomisé et les éditeurs qui veulent se développer rapidement vont chercher des financements outre-Atlantique. Ce qui conduit l'Afdel à suggérer la création d'une place de marché européenne consacrée aux valeurs de croissance dont le numérique, les biotechnologies ou le green tech. Même s'il ne sous-estime pas les difficultés liées à sa réalisation, Jamal Labed, président de l'association des éditeurs de logiciels et solutions Internet, plaide pour un « Nasdaq européen » qui, écrit-il dans un éditorial, « permettrait de relancer toute la chaîne de financement des valeurs technologiques en Europe ». Et qui contribuerait à renforcer la souveraineté européenne dans ce domaine.
L'industrie française du logiciel est 4ème au classement mondial, rappelle le bilan de l'Afdel/PwC/SNJV. Elle emploie plus de 70 000 personnes et son chiffre d'affaires annuel purement logiciels approche les 5,2 milliards d'euros. Mais les chiffres du GSL 100 France 2014 indiquent que sa croissance n'a représenté que 2% en 2013. Ils ont subi la conjoncture économique et doivent gérer leur transition vers le modèle SaaS (software as a service). En revanche, entre 2010 et 2013, les principaux éditeurs SaaS de ce Top 100 ont enregistré une croissance de 70%.
Fusions/acquisitions : hausse de la valeur cumulée
La publication du GSL 100 France donne aussi l'occasion de revenir sur les fusions/acquisitions de l'année passée. Après un fort ralentissement entre 2008 et 2012, la valeur cumulée de transactions impliquant un acteur français s'est élevé à 5,4 milliards d'euros, commente Edouard Bitton, associé de PwC. Ce total, très supérieur à celui de 2012 (1,1 Md€), est le résultat d'opérations de tailles importantes et non de leur multiplication. Au début de l'année, Ingenico a racheté la société belge Ogone (paiement en ligne) pour environ 360 M€, en juin, l'Américain Adobe s'est offert Neolane pour 430 M€ et au 3ème trimestre, Schneider Electric a acquis le Britannique Invensys pour 3,5 Md€.
Mais Edouard Bitton souligne aussi que la valorisation des éditeurs de logiciels présente une forte irrégularité. Il rappelle notamment que les éditeurs métiers français de petite taille sont en moyenne valorisés autour de deux fois leur chiffre d'affaires, ce qui est bien inférieur aux pratiques de la Silicon Valley. Néanmoins, les valorisations pourraient devenir plus importantes, avec la montée en puissance de certains domaines, en particulier ceux du SaaS et du big data.