L'abandon d'OpenStack est peut-être aussi un coup porté contre ce système collaboratif pour le cloud. Ce dernier a du affronter certaines critiques suite à des décisions stratégiques qui auraient contribué à rendre certains utilisateurs dépendant de la plate-forme. Mais les experts n'ont pas tardé à affirmer que la décision de Citrix n'aurait pas d'impact significatif sur OpenStack.
Fondation Apache contre Fondation OpenStack
C'est mardi que Citrix a lancé CloudStack 3.0 sous licence Apache 2.0. L'entreprise prévoit également d'offrir une distribution commerciale d'Apache CloudStack. Ce système d'exploitation Open Source pour le cloud a été acquis par Citrix l'an dernier en même temps que le rachat de Cloud.com. Selon le vendeur, cette décision aurait reçu un large soutien de la part des entreprises utilisatrices de CloudStack ou de celles qui ont rendu leurs produits compatibles avec le système d'exploitation pour le cloud. « Cinquante fournisseurs de logiciels et de services, dont Engine Yard, RightScale, CumuLogic, Puppets Labs, HortonWorks, Opscode, Equinix, Juniper Networks et ScaleXtreme soutiennent le projet. Et plus de 100 clouds commerciaux utilisent CloudStack, dont certains font tourner des dizaines de milliers de serveurs, » a déclaré Citrix.
Le vendeur pense que l'Open Source est la clé du succès pour la plate-forme cloud. « Contrairement aux générations précédentes, nous croyons que le développement de cette plate-forme cloud va tirer profit de technologies qui auront fait leur preuve dans des nuages de taille importante, avant d'être mises à la disposition des clients sous licence Open Source », a déclaré Sameer Dholakia, vice-président et directeur général des plates-formes cloud chez Citrix. « C'est ce qui s'est passé avec les technologies cloud comme Hadoop, Hive et Cassandra, tous des outils Open Source qui servent à construire ou à gérer des bases de données, » a-t-il fait remarquer. « Nous pensons qu'il va se passer la même chose avec les plates-formes cloud qui vont faire tourner ces nouveaux services. »
Faire aussi bien que Red Hat
Citrix croit au fort potentiel de sa plate-forme et espère faire aussi bien que Red Hat, qui rapporte des centaines de millions de dollars avec la vente de produits basés sur Linux. L'éditeur au chapeau rouge vient d'ailleurs de passer la barre du milliard en chiffre d'affaires. « Nous allons mettre sur le marché une distribution commerciale d'Apache CloudStack qui a des chances de devenir très populaire, » a-t-il ajouté. « Parce que les clients auront envie d'acheter ce type de logiciel à une entreprise bien établie comme Citrix, » a-t-il encore déclaré. « Nous prévoyons de réaliser des investissements à « sept chiffes » en ingénierie et en marketing sur le projet Apache CloudStack, » a-t-il encore confié.
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La décision de Citrix d'abandonner OpenStack, implique qu'elle cesse tout travail sur la distribution. OpenStack a décidé de créer une fondation pour soutenir son projet. « L'idée était de donner plus de légitimité à ce logiciel, mais ce choix a rendu OpenStack moins attrayant pour Citrix, » a déclaré Sameer Dholakia. « En tant qu'entreprise, Citrix ne pense pas que la création d'une fondation soit une question secondaire. Nous pensons que c'est un engagement et un risque qu'il n'est pas nécessaire de prendre vis-à-vis d'un programme aussi critique ... surtout quand il existe déjà une Fondation comme Apache qui a fait ses preuves, » a-t-il déclaré. De plus, Citrix va pouvoir s'appuyer sur les API d'Amazon, ce qui signifie que les clients vont pouvoir déplacer facilement leurs charges de travail entre Amazon Web Services et d'autres cloud - en particulier, des clouds privés - qui supportent également les API d'Amazon.
La guerre des APi ne fait que commencer
Si OpenStack supporte certaines API d'Amazon, le projet semble plus enclin à supporter ses propres API. « Amazon a inventé et a créé ce marché. Nous pensons que pour avoir du succès dans ce secteur, il faut proposer une plate-forme avec un fort degré d'interopérabilité avec Amazon, » a estimé le vice-président et directeur général des plates-formes cloud chez Citrix.
Il y a quelques semaines à peine, Amazon avait annoncé qu'elle soutenait le choix d'Eucalyptus de supporter les API d'AWS. C'était la première fois qu'Amazon proposait un tel support en matière d'API. À l'époque, les experts disaient que certaines entreprises rechignaient à utiliser Eucalyptus parce qu'elles ne savaient pas si Amazon avait approuvé l'utilisation de son API. Sans cette approbation, les utilisateurs finaux s'inquiétaient des violations potentielles de la propriété intellectuelle. Par ailleurs, Amazon pouvait aussi modifier son API de manière à empêcher l'interopérabilité entre un cloud Eucalyptus et les clouds d'Amazon. Après l'annonce concernant Eucalyptus, les entreprises ont été rassurées, estimant que le partenariat garantissait qu'Eucalyptus resterait compatible avec les API d'Amazon, et qu'Eucalyptus pourrait plus rapidement supporter davantage d'API d'Amazon. Citrix ne communiquerait pas sur le sujet si, lui aussi, n'avait pas obtenu le soutien officiel d'Amazon. Le vendeur a d'ailleurs laissé entendre que c'était bien le cas. « L'élément le plus important dans l'annonce d'Eucalyptus, c'est qu'elle n'était pas exclusive. Je ne peux pas dire que nous ferons une déclaration publique aussi explicite », a déclaré Sameer Dholakia.
Encore des liens avec OpenStack
Mais Citrix ne tourne pas entièrement le dos à OpenStack. « Nous allons continuer à jouer un rôle actif dans la communauté OpenStack, » a ainsi déclaré le vice-président et directeur général des plates-formes cloud chez Citrix. Notamment, le vendeur va continuer à travailler avec OpenStack pour rendre la plate-forme compatible avec l'hyperviseur de Citrix. « De plus, au fur et à mesure que les composants OpenStack gagneront en maturité, Citrix en intégrera certains dans sa propre pile, » a-t-il ajouté.
Selon un analyste, la communauté OpenStack ne va pas regretter le départ de Citrix. « Pendant plusieurs mois, la communauté OpenStack a eu l'occasion de travailler avec Citrix pour fusionner les codes de CloudStack et d'OpenStack. Si cette annonce avait vraiment été un coup dur pour eux, ils auraient fait quelque chose pour l'éviter. « En d'autres termes, je ne pense pas que les développeurs OpenStack soient très concernés par le fait que Citrix reste ou s'en aille », a déclaré Rachel Chalmers, directeur de recherche en infrastructure pour The 451 Group. OpenStack est supporté par de grands bailleurs comme AT&T, Dell et HP. « Il est trop tôt pour apprécier vraiment l'impact de la décision prise par Citrix, » a déclaré Stephen O'Grady, analyste chez Redmonk. « Évidemment, ce n'est pas une bonne nouvelle pour OpenStack, mais c'est aussi très prématuré de prédire l'effet possible. Certes, les contributeurs d'OpenStack ont réussi à donner un certain élan à ce projet. Il sera intéressant de voir quel impact cette nouvelle aura sur leur motivation, » a-t-il déclaré.