Cloud Software Group, fruit du rapprochement entre Citrix et Tibco en 2022, envisage de vendre sa plateforme de partage de contenu ShareFile, selon des sources citées par Bloomberg. Cette démarche s'inscrit probablement dans le cadre d'une stratégie plus large visant à rationaliser les opérations dans le cadre de son actionnariat privé. La société travaillerait avec un conseiller financier pour évaluer l'intérêt d'acheteurs potentiels. ShareFile, dont la valeur est estimée à 1,5 Md$, propose des logiciels de partage de documents et de collaboration qui s'intègrent à des applications populaires telles que Microsoft Outlook. Des sources de Bloomberg, sous couvert d'anonymat, suggèrent que la plateforme pourrait susciter l'intérêt de sociétés de capital-investissement, bien que les discussions n'en soient qu'à leurs débuts et ne se traduisent pas nécessairement par une vente.
Le désinvestissement de ShareFile est considéré comme une décision stratégique par Cloud Software Group pour se recentrer sur ses compétences de base en particulier digital workspace pour Citrix et l'intégration de données côté Tibco. "Il y a deux choses qui pourraient motiver cette décision", a déclaré Neil Shah, vice-président de la recherche et partenaire de Counterpoint Research. "Tout d'abord, l'espace des systèmes de gestion de contenu d'entreprise basés sur le cloud a connu une croissance et une concurrence significatives de la part d'acteurs établis tels que Box, Dropbox, SharePoint et OneDrive de Microsoft, ainsi que d'autres concurrents importants tels que Egnyte, Kiteworks et Syncplicity. "Deuxièmement, le secteur a subi des transformations majeures à chaque évolution technologique, ce qui a eu un impact sur le leadership, les introductions en bourse, les sorties, les fusions et les acquisitions. L'évolution de la première vague d'architecture client-serveur sur site à la deuxième vague de synchronisation en temps réel dans le cloud, et maintenant à une troisième vague émergente tirée par l'IA et l'automatisation avec une collaboration intelligente en temps réel, a remodelé le paysage et accru la concurrence", analyse Neil Shah.
ShareFile de pépite à poids mort
Par ailleurs Microsoft a rapidement élargi son offre pour les entreprises avec des services cloud (Azure), des outils d'IA (Copilot), des outils de productivité (Office 365) et des solutions de gestion de fichiers (OneDrive, SharePoint), permettant une collaboration en temps réel sans précédent. "Ainsi, les entreprises comme ShareFile qui sont fortement dépendantes ou intégrées à des partenaires tels que Microsoft, font face à une concurrence croissante", indique Neil Shah. "Bien que ShareFile soit l'une des solutions leaders du secteur depuis plus de dix ans, la société mère est obligée d'évaluer les capacités stratégiques futures de ShareFile, son positionnement et sa valeur par rapport à une concurrence redoutable.
Ce projet de spin-off fait suite à la privatisation de Citrix par Elliott Investment Management et Vista Equity Partners en 2022, pour un montant de 13 Md$. Dans le cadre de cette opération, Citrix et Tibco Software ont fusionné pour former Cloud Software Group, l'actuelle société mère, qui a hérité d'une large gamme de produits et de services. La rationalisation du portefeuille pourrait aider Cloud Software Group à optimiser ses opérations et à allouer ses ressources plus efficacement. Cependant, le poids important de la dette résultant de l'acquisition par emprunt a exigé une restructuration financière. Cloud Software Group gère activement sa dette et a récemment contracté un prêt à effet de levier de 6,5 Md$, le plus important aux États-Unis cette année, afin de refinancer la dette coûteuse contractée pour le rachat de l'entreprise. Selon Neil Shah, la scission de ShareFile pourrait constituer une étape vers l'allègement de certaines des pressions financières résultant du rachat onéreux par endettement. Cloud Software Group, Vista Equity Partners et Elliott Management n'ont pas encore réagi à ce rapport, d'après Bloomberg.
En janvier dernier, Cloud Software Group a annoncé la suppression d'environ 1 000 postes, soit 12 % de ses effectifs dans le cadre d'un vaste plan de rationalisation.