Selon les statistiques publiées par la Semiconductor Industry Association, les ventes mondiales de semi-conducteurs sont en baisse de 0,5 % en septembre, d’un mois sur l’autre, et de 3 % par rapport à septembre 2021, la demande continuant de se tasser face aux multiples difficultés macroéconomiques. Selon le rapport de la SIA, les achats de composants (CPU, GPU, DPU, NAND Flash, mémoire, ASIC, FPGA, chipset...) en septembre dans la région des Amériques ont augmenté de 11,5 % par rapport au même mois en 2021, pour atteindre un total d’un peu plus de 12 milliards de dollars, et des hausses de 4,53 et 4,05 milliards de dollars, respectivement, ont été observées en Europe et au Japon. Ces gains ont toutefois été plus qu’annulés par la chute de 14,4 % du marché de la Chine continentale, qui a atteint 14,43 milliards de dollars au cours de la même période, ainsi que par une baisse de 7,7 % à 11,97 milliards de dollars sur tous les autres marchés.
Cette baisse est le premier ralentissement en glissement annuel depuis janvier 2020, selon un communiqué publié par le président et chef de la direction de la SIA, John Neuffer. « Les perspectives du marché à long terme restent toutefois solides, car les semi-conducteurs continuent de devenir une partie plus importante et plus vaste de notre économie numérique », a-t-il déclaré. Bien que l’optimisme de M. Neuffer soit repris par d’autres prévisionnistes à long terme, il existe plusieurs autres indicateurs d’un déclin à court terme pour les fabricants de silicium du monde entier, notamment les récents résultats d’Intel qui ont vu le revenu de la société au troisième trimestre chuter de 20 % en glissement annuel. Le bénéfice net du fabricant de puces américain a dégringolé de 6,8 milliards de dollars au troisième trimestre de 2021 à 1 milliard de dollars dans le rapport le plus récent, soit une chute de 85 %.
Cyclique, le marché des semi-conducteurs est entré dans une phase de déclin, suite à la baisse de la demande en Chine. (Crédit : WSTS)
Des restrictions technologiques pour contrer la Chine
L’industrie des puces est confrontée à des bouleversements structurels causés par l’évolution de la politique commerciale des États-Unis à l’égard de la Chine, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et l’opinion dominante selon laquelle l’économie mondiale se dirige vers une récession, ce qui a émoussé la demande. Une étude publiée au début du mois par le MIT et parue dans la Harvard Business Review souligne que la « grande majorité » de la fabrication des puces a lieu à Taïwan, en République populaire de Chine et en Corée du Sud, et que les récentes mesures prises par les États-Unis - notamment la loi CHIPS - pour réduire la dépendance du pays à l’égard de l’approvisionnement à l’étranger mettront longtemps à porter leurs fruits.
« L’estimation optimiste [du temps de construction de nouvelles installations de semi-conducteurs aux États-Unis] est d’au moins deux ans », ont écrit les auteurs de l’étude, notant que la dépendance effective de l’Asie de l’Est pour l’approvisionnement en puces est une question d’installations d’assemblage et de test autant que de capacité de fabrication brute. Sous la pression des autorités américaines, TSMC a décidé d’ouvrir des fonderies à Singapour et aux États-Unis (Texas) pour diversifier ses centres de production, aujourd’hui localisés à Taiwan. Les dernières restrictions commerciales, promulguées par le ministère américain du Commerce au début du mois, sont susceptibles de causer des problèmes majeurs à l’industrie chinoise du silicium, notamment dans le domaine des puces avancées. Dans l’ensemble, les experts s’accordent à dire que l’offre actuelle de composants a dépassé la demande, même si certains marchés, comme le secteur automobile, sont confrontés à des pénuries persistantes.