Chez Minalogic, PME et laboratoires de recherche peuvent officiellement échanger leurs cerveaux
Minalogic, pôle de compétitivité spécialisé dans les nanotechnologies et les logiciels embarqués, a présenté il y a deux jours une convention permettant aux entreprises et aux organismes publics de prêter ou d'emprunter des compétences. Différent du portage salarial ou des regroupements d'employeurs, ce modèle s'appuie sur l'article 42 de la loi 2006-1770 relatif au développement de la participation et de l'actionnariat salarié, loi qui a été votée le 30 décembre 2006. Quelques lignes dans la définition des pôles de compétitivité « dont personne n'a eu l'idée de se servir jusqu'à présent » avance Nicolas Leterrier, délégué général de Minalogic, situé dans l'Isère et regroupant 98 entreprises (78% de PME).
Cette loi autorise les organismes publics et privés à procéder à des prêts de personnel sous trois conditions : les échanges se font à titre expérimental sur une durée limitée (jusqu'au 31 décembre 2010), dans le cadre d'un pôle de compétitivité et concernent uniquement les personnes titulaires d'un CDI ou bénéficiant d'un contrat de droit public. La « transaction » ne doit évidemment pas porter préjudice aux intérêts du salarié : il conserve le même contrat, la même fonction, le même salaire, la même mutuelle et le périmètre de ses déplacements est limité. Pas question de changer de région par exemple. Il est toujours payé par son employeur qui de son côté se fait reverser le salaire et les charges par l'entreprise qui exploite les compétences de son employé. Ces prêts reposent sur le volontariat. Le salarié peut refuser sans que cela lui porte préjudice comme le précise le texte.
Traverser la crise sans tailler dans la masse salariale
Pour Nicolas Leterrier, cette convention revêt un triple intérêt. « A court terme, elle permet aux PME de traverser la crise sans se défaire de leurs compétences internes, tout en allégeant la charge salariale », explique-t-il. A moyen terme, cette solution offre aux entreprises la possibilité de bénéficier d'expertises dont elle ne dispose pas en interne pour développer un projet collaboratif. A plus longue échéance, cette mutualisation permet de préparer la sortie de la crise, en accélérant l'innovation et en maintenant les pools de personnel qualifié.
Soitec, spécialisé dans l'isolant sur silicium, a d'ores et déjà indiqué qu'il s'intéressait à cette nouvelle convention. En proie à des difficultés financières, la société grenobloise a annoncé qu'elle comptait par ailleurs se séparer de près de 10% de ses effectifs (soit une centaine de salariés). Le prêt de personnel est présentée comme une solution préférable à la suppression d'un plus grand nombre de postes.
Pour le moment, l'initiative est aussi saluée par les syndicats : « tout sauf le licenciement », implore Jean-Pierre Gilquin, secrétaire général de FO Isère, qui ajoute toutefois une réserve « cette mesure n'est pas inintéressante, à condition qu'elle recueille l'accord du salarié et que le billet de retour soit clairement indiqué. »Toujours selon le syndicat, cette convention devrait essentiellement concerner des salariés issus de la R&D « habitués à fréquenter différents centres de recherche et universités, et pour qui les déplacements ne sont pas rédhibitoires », mais beaucoup moins le personnel employé dans les centres de production.