Fondé en 2004 par Nicolas Leroy-Fleuriot, l'opérateur de services IT bordelais Cheops Technology se prépare à ouvrir une nouvelle page de son histoire. Le groupe, qui réalise aujourd'hui près de 130 millions d'euros de chiffre d'affaires et compte près de 600 employés, va en effet bientôt changer de mains. Le 1er mai 2022, Nicolas Leroy-Fleuriot va en effet céder son poste à un tandem composé de Emmanuel Carjat et de Stéphane Leroy qui va assurer la co-direction de la société. Le dirigeant et fondateur historique ne quitte pas pour autant son entreprise puisqu'il occupera le poste d'administrateur et deviendra le 3e actionnaire du groupe, derrière les fonds Edmond de Rothschild Equity Strategies et Aquiline Capital Partners.
La décision de Nicolas Leroy-Fleuriot de prendre du recul s'est faite après mûre réflexion dans un contexte particulier : « J'ai eu une dernière phase de confinement assez difficile. Je suis un animal social et cela m'a beaucoup ébranlé », nous a expliqué le dirigeant. « Je me suis posé beaucoup de questions sur ma vie et pendant cette période beaucoup de fonds et de concurrents ont accéléré des prises de contacts en s'intéressant à nous, en nous disant que l'on était une véritable pépite ». Parmi eux, le fonds, américain Aquiline Capital Partners et le fonds français Edmond de Rothschild Equity Strategies accompagnés par les entrepreneurs Emmanuel Carjat et de Stéphane Leroy, ont su convaincre le PDG de Cheops, en phase avec sa vision de développement en Europe. « Cette proposition est magnifique et leur projet passionnant pour poursuivre la stratégie que j'ai commencé à mettre en oeuvre », souligne Nicolas Leroy-Fleuriot.
Cheops solidement arrimé en France
Convaincu d'avoir trouvé les partenaires capitalistiques et managers idéals pour propulser Cheops dans une nouvelle dimension, le dirigeant et fondateur historique demeure au capital du groupe en investissant plusieurs dizaines de millions d'euros à son capital. Non communiquée, la transaction a été réalisée pour un montant de plusieurs centaines de millions d'euros. « C'est un bel investissement pour eux », assure Nicolas Leroy-Fleuriot. « Ils avaient très envie de faire de Cheops leur solide base pour rayonner partout en Europe ». De son côté, le dirigeant-fondateur n'avait aucune envie d'entrer dans un schéma capitalistique qui l'aurait mené à endetter l'entreprise, augmenter son capital avec effet dillutoire à la clé ou encore à multiplier les acquisitions sans intégration réussie. Un trio d'options balayé d'un coup en optant pour ses nouveaux partenaires.
Sur les rails, l'opération nécessite toutefois l'obtention de plusieurs feux verts pour être finalisée. Tout d'abord interne du comité social et économique (CSE) de l'entreprise qui doit se tenir ce 21 décembre 2021, mais aussi externes du ministère des Finances voire de la Commission européenne. Faut-il y voir un risque pour la voir aboutir ? « En septembre j'ai failli arrêter le deal. Je me suis tourné vers les fonds américains en leur disant qu'il fallait qu'ils trouvent un investisseur français. J'ai pensé que ça allait échouer mais ils sont revenus le lendemain avec Edmond de Rothschild », explique Nicolas Leroy-Fleuriot. « La société reste française et son siège est en France, elle n'est donc pas soumise au Cloud Act, rien ne peut lui être exigé par rapport à cela ». Pour enfoncer le clou du rattachement tricolore de Cheops, son dirigeant annonce par ailleurs qu'une offre baptisée « Mail in France » est dans les tuyaux pour janvier 2022. Cette dernière a pour ambition de constituer une alternative aux solutions de messagerie et bureautique américaines avec « ce qui se fait de mieux en matière d'open source » tout en jouant la carte de l'interfaçage avec les solutions déjà en place dans les entreprises (Outlook, Teams...).
Un administrateur interventionniste mais pas activiste
Pour les clients et partenaires ainsi que pour le channel, Nicolas Leroy-Fleuriot se veut quoi qu'il en soit rassurant pour l'avenir : « Je reste au conseil d'administration et serai le 3e actionnaire du groupe. Je vais accompagner comme il le faut le nouveau management et vais continuer d'entretenir mon réseau de partenaires qui est une raison existentielle pour moi autour de HPE, Veeam, VMware, Microsoft, Dell et Netapp. Mon réseau ne va pas disparaitre et je serai un administrateur non pas activiste mais interventionniste ».