Elon Musk a pris possession du réseau social Twitter la semaine dernière, et il sème déjà le trouble. Après avoir dans un premier temps décidé de se séparer de l’équipe dirigeante - incluant Parag Agrawa, CEO de Twitter, ainsi que Ned Segal, son directeur financier, - le patron de Tesla et SpaceX a trituré le modèle de certification des utilisateurs. Être certifié sur Twitter peut s’avérer être le graal pour certains et un réel besoin pour d’autres. Derrière ce badge bleu, il y a surtout un enjeu de sécurité. Il prouve en effet aux utilisateurs de l'authenticité d'un compte d'intérêt public. Ce 1er novembre, celui qui se présente désormais comme l’« opérateur de la hotline de réclamations de Twitter », a déclaré : « Le système actuel de seigneurs et paysans de Twitter pour qui a ou n'a pas un coche bleue est une connerie. Pouvoir au peuple ! Bleu pour 8 $/mois ». Etrange idée que de vouloir supprimer le système actuel jugé trop féodal au détriment d’un autre qui renforcerait encore davantage ce prétendu gap entre certifiés et non-certifiés et rend de facto payant quelque chose qui était gratuit. L’annonce n’a pas manqué de faire réagir les utilisateurs, en particulier ceux qui possèdent cette certification et pourraient la voir sauter dans les prochaines semaines.
Le milliardaire a donné quelques détails supplémentaires quant à sa vision du futur système d’acquisition du badge bleu : le prix devrait être ajusté par pays au prorata de la parité de pouvoir d'achat, et les personnes certifiées obtiendront la « priorité dans les réponses, les mentions et la recherche, ce qui est essentiel pour vaincre les spams/arnaques », ainsi que la « possibilité de publier de longues vidéos et audio », « deux fois moins d'annonces publicitaires », ou encore le « contournement du paywall pour les éditeurs désireux de travailler avec nous ». Il ajoute qu’une « étiquette secondaire sous le nom d’une personne qui est une personnalité publique » fera son apparition, ce qui est déjà le cas pour les politiciens. A ce jour, Twitter décrit cela comme un « libellé relatif aux comptes affiliés à un État » et fournissant « davantage de contexte sur les comptes contrôlés par certains représentants officiels de gouvernements, des entités médiatiques affiliées à un État et les individus associés à ces entités ».
Payer pour plus de sécurité ?
Avoir un compte certifié est devenu monnaie courante pour les entreprises et leurs représentants afin de faire valoir leur identité et s’assurer une certaine forme de sécurité. De la même manière, les gouvernements et personnalités politiques obtiennent cette certification pour se protéger d’une usurpation d’identité. Pour obtenir le badge bleu, le compte doit être authentique, notoire et actif. Dans le détail, cela se traduit par la confirmation de plusieurs éléments, à savoir son identité (site web officiel associé, vérification d’une pièce d’identité, adresse email officielle), sa notoriété (couverture médiatique, apparition dans Google Trends ou Wikipédia, ou encore le nombre d'abonnés ou de mentions) et enfin son activité. Le compte doit en effet être actif et respecter les règles du réseau social : l’utilisateur doit avoir un nom de profil ainsi qu’une image et posséder une adresse email ou un numéro de téléphone confirmé (pour des questions de sécurité).
En ce sens, être certifié demande un peu de travail à celui ou celle qui veut l’être. Toutefois, face à l’augmentation des faux profils, des usurpations d’identité et de la désinformation, ce moyen d’attester de l’identité d’un profil est aujourd’hui clé. Ainsi, pour toute personne souhaitant être certifiée, cela coûterait 96 $ par an pour un pays dit développé selon les dires d’Elon Musk. Un coût qui ne devrait toutefois pas faire trembler les budgets des entreprises, puisque certaines d’entre elles n’hésitent pas à payer des comptes LinkedIn pour leurs cadres (prospection commerciale, recrutement et bien sûr communication). Ce revenu supplémentaire constitue par ailleurs un moyen de renflouer les caisses de Twitter. Elon Musk a, à cet effet indiqué que « Twitter disposera ainsi d'une source de revenus pour récompenser les créateurs de contenu ». Dans un échange avec l'écrivain américain Stephen King, le milliardaire a ajouté : « Nous devons payer les factures d'une manière ou d'une autre ! Twitter ne peut pas compter entièrement sur les annonceurs ». Reste à savoir si cela sera bel et bien mis en place et qui paiera vraiment pour ce petit badge bleu.