Cegid et le secteur public, c'est fini. Sa filiale Cegid Public a pris son indépendance en octobre dernier. Rebaptisée Eksaé dans la foulée, elle compte parmi ses nouveaux actionnaires le fonds Azulis Capital (très majoritaire), BNP Paribas Développement, Bpifrance et cinq de ses dirigeants. Au moment de sa création il y a trente ans, cette société portait le nom de Civitas (à ne pas confondre avec le mouvement catholique intégriste). En 2007, elle est rachetée par Cegid et devient Cegid Public en 2011.
« Il n'y avait pas de synergies entre Cegid Public et le reste des activités du groupe. D'ailleurs, cela explique pourquoi la société n'a jamais été fusionnée par Cegid. Le nouveau focus que ce dernier met sur les RH et son internationalisation l'a définitivement convaincu que le secteur public n'était pas pour lui », explique Régis Baudouin, le président d'Eksaé. Plutôt que de céder Cegid Public à un concurrent, son propriétaire a préféré proposer aux dirigeants de la société de la reprendre et d'accompagner ceux qui ont accepté dans la recherche d'investisseurs.
Un objectif d'au moins 25% de croissance en cinq ans
Pour l'heure, Eksaé affiche un effectif de 120 collaborateurs répartis entre son siège de Rueil-Malmaison (92) et ses implantations de Nantes, Lyon, Loudun (86) et Bordeaux. Au cours de son dernier exercice fiscal, elle a dégagé 17,6 M€ de chiffre d'affaires issus de son parc de 2500 clients (dont 1800 villes). En comparaison, elle générait environ 13 M€ de facturations au moment de son rachat par Cegid. D'ici cinq ans, elle espère porter ses revenus à plus de 22 M€.
L'activité d'Eksaé repose sur la fourniture de trois grandes offres d'applications métiers toutes disponibles en SaaS : des solutions de SIRH dédiées aux collectivités locales et aux établissements publics, des solutions de gestion financières et budgétaires ciblant les mêmes utilisateurs, et des logiciels de gestion de la relation citoyen qui s'adressent aux mairies. Avec ces produits, l'éditeur est capable de répondre aux besoins des petites collectivités comme des plus grandes.
La faiblesse du SaaS dans le secteur public source d'opportunités
« Dans le secteur public le SaaS n'est pas encore très répandu », indique le président d'Eksaé. Ce dernier, comme les investisseurs entrés au capital d'Eksaé, y voit un point positif plutôt qu'une aiguille dans le pied de l'entreprise qu'il dirige : « Nous avons face à nous un important potentiel de clients équipés de solutions on-premise à migrer. » Pour l'heure, le mode hébergé représente moins de 50% des revenus de la société. Elle anticipe que cette proportion passe à 60% d'ici cinq ans.
L'atteinte de cet objectif ne passera pas que par la persuasion des forces de ventes d'Eksaé. L'éditeur compte aussi sur un coup de pouce indirect de l'Etat français. Le programme Action Publique 2022 lancé en 2017 par le gouvernement prévoit en effet que 100 % des services publics soient dématérialisés d'ici trois ans maintenant. Pour Régis Baudouin, « dans le cadre d'une relation administrative dématérialisée avec l'Etat, les collectivités devront s'orienter vers la SaaS si elles ne veulent pas alourdir leurs propres processus. »
Des services de support en préparation
Pour générer les 22 M€ de chiffre d'affaires qu'il anticipe d'ici cinq ans, l'éditeur veut aussi faire évoluer son modèle d'affaires. Il compte développer une offre de support qui va consister à paramétrer les logiciels de ses clients pour qu'ils tiennent compte de la réglementation et de la législation qui s'applique à eux, et dont on sait la complexité et l'évolution constante. Une partie des 18 recrutements (développeurs et consultants) que la société a prévus pour 2020 est destinée à soutenir cette extension de sa proposition de valeur.