Il trône majestueusement au coeur du Hall 9, est indiqué par une multitude de pancartes disséminées sur toute la superficie de la Messe, est l'endroit qu'il ne faut pas manquer. Objet de toutes les attentions, le Green IT Village constitue l'incarnation de la tendance du moment dans le monde de l'IT. Plus qu'une mode, aux dires des exposants, le vert qu'ils revêtent symbolise leur attachement profond aux questions environnementales. Et n'allez pas leur parler d'opportunisme ou de calcul marketing. « Les entreprises sont vraiment concernées », assure Kristin Blodgette, qui représente le Climate Savers Computing Initiative, un groupement de géants comme Lenovo, Dell ou HP, décidés à alléger la consommation énergétique de leurs produits. « Les sociétés ont une responsabilité sociale, elles veulent changer », poursuit-elle. La géothermie pour refroidir les centres de calcul A quelques mètres de là, Fujitsu Siemens présente un condensé de ses produits verts. Grâce à des modules de mémoire nécessitant une tension de 1,5 V (contre 1,8 V précédemment) et un CPU à faible consommation, son serveur rack RX300 S4 réduit de moitié ses besoins d'énergie par rapport à un serveur rack traditionnel. Le constructeur dévoile en parallèle un écran 22' ne consommant rien lorsqu'il est en veille. Un moniteur traditionnel affiche, en comparaison, une consommation de 3 à 5 W. Plus originale encore est l'initiative de l'Allemand Brach+Roll. Originellement spécialisé dans la climatisation, cet habitant du Green IT Village s'est tourné vers le refroidissement de centres de calculs et a pris le pari de ne pas s'attaquer à la pièce dans son ensemble mais aux seuls racks. Ici, la solution repose sur la géothermie : les serveurs sont refroidis grâce à la fraîcheur de la terre, que Brach+Roll va chercher en creusant des trous de 80 mètres de profondeur. « Ainsi, nous n'avons plus besoin d'énergie pour refroidir un serveur, hormis pour alimenter la pompe et les ventilateurs », explique Marc Siggelkow, le chef de projet. Malheureusement, cette technologie n'est utilisable que pour des unités de petite taille, consommant jusqu'à 15 Kw. Greenpeace, relégué à l'autre bout de la Messe A l'écart du Green IT Village, perdu parmi les fabricants coréens de gadgets pour geeks, Greenpeace a installé ses quartiers d'hiver. L'association écologiste aurait apprécié obtenir un emplacement aux côtés des grands noms de l'IT réunis dans le Hall 9.[[page]] Les organisateurs du Cebit l'ont cependant entendu d'une autre oreille et ont relégué les écolos à l'autre bout de la Messe. Il faut dire que le stand de Greenpeace aurait contrasté avec les tapis verts immaculés et les délicates orchidées déposées dans de fragiles soliflores du Village vert : chez les activistes de la protection de l'environnement trône un volumineux container rempli de déchets électroniques et informatiques. « Nous sommes venus pour corriger le tir, explique Yannick Vicaire, responsable des campagnes toxiques. Nous voulons encourager les entreprises à sortir les substances nocives de leurs appareils. Elles ne doivent pas se contenter de lancer des produits énergétiquement efficients. Il faut qu'elles améliorent leur processus de production, ou ceux des assembleurs qui travaillent pour elles. Enfin, nous souhaitons faire réfléchir les constructeurs sur la notion de cycle de vie des produits. » Selon le responsable de Greenpeace, il faut endiguer la diminution de la durée de vie du matériel électronique et informatique, réactualiser des concepts obsolètes comme la réparation, puis penser au recyclage et privilégier la récupération de matière. Surtout, l'association voudrait entendre les entreprises, qui claironnent toutes leur message écologique, changer de discours : « nous préférerions que les grands acteurs de l'IT pensent à verdir leur propre business avant de se poser en sauveurs du monde ». Des progrès mais on est loin du compte Demain, Greenpeace présentera son nouveau rapport établissant les performances vertes de vingt appareils électroniques. « On a demandé à plusieurs constructeurs de téléphones mobiles, d'ordinateurs et de smartphones de nous fournir leurs produits les plus verts, puis on les a disséqués ». Sans trahir de secret, l'industrie IT montre des progrès mais « on est encore loin d'avoir entre les mains des produits véritablement verts ».