Face aux difficultés à recruter du personnel qualifié, les industriels du secteur des technologies de l'information et les pouvoirs publics se rejoignent, au moins dans les discours, pour prendre le problème à la source. « Nous ne formons pas assez de spécialistes pour nos métiers », a lancé, lors de la soirée d'ouverture du Cebit, Willi Berchtold, président du Bitkom (Association des professionnels des technologies de l'information, des télécommunications et des nouveaux médias). « Pour nos entreprises, il est de plus en plus difficile, et parfois impossible, d'embaucher pour des postes ouverts. Ce qui restreint la capacité à innover de l'industrie nationale : sans une masse critique de spécialistes qualifiés, maintenir son rang dans la compétition internationale est intenable », ajoutait ce représentant des industriels allemands. Comme le rappelait, ce soir là, la chancelière allemande, Angela Merkel : « le problème n'est pas limité à l'Allemagne, mais général dans l'Union européenne ». Et d'invoquer, comme Willi Berchtold, la baisse du vivier de jeunes diplômés, alimentant ce secteur. Mais, ajoutait-elle, « les industriels pourraient faire mieux pour retenir ou recruter les générations plus anciennes, en les re-formant ». Et d'enfoncer le clou : « les professionnels plus âgés ne devraient pas être mis sur le côté de la route ». Ironie du calendrier, alors que les salariés européens d'Alcatel-Lucent s'apprêtaient à manifester en nombre, le lendemain à Paris, contre le délestage annoncé par leur direction, leur PDG Patricia Russo a cru bon souligner, à l'occasion du Cebit, le lien entre ce besoin « d'irriguer en amont la capacité à innover de l'industrie IT » et la prise en compte de la fracture numérique. Son slogan : « Bridging the digital divide ». Et de rappeler que « en Amérique du Nord, 70% de la population a accès à Internet, contre 40% en Europe, 10% en Asie, et seulement 4% en Afrique ». D'où le bien-fondé, selon elle, d'initiatives comme le programme « Broadband for all » et le projet d'équipement informatique à 100 dollars lancé par le MIT (Boston Massachusetts Institute of Technology).