Selon le dernier rapport MoneyTree élaboré par PriceWaterhouseCoopers (PwC) et la National Venture Capital Association sur la base de données fournies par Thomson Reuters, au troisième trimestre de cette année, aux États-Unis, le secteur du logiciel a bénéficié du niveau de financement le plus élevé de toutes les industries, 412 entreprises récoltant un total de 5,8 milliards de dollars. Les capital-risqueurs ont également investi 5 milliards de dollars dans 242 entreprises qualifiées de « spécifiques à Internet » par le rapport. Cette classification inclut les entreprises dont le « business model » dépend fondamentalement de l'Internet. Ce sont surtout les entreprises à vocation sociale et celles dont le modèle d’affaires est fondé sur le logiciel en tant que service qui ont, semble-t-il, le vent en poupe. « Il y a beaucoup d’éditeurs SaaS, dont la majorité propose des services à la demande. En effet, c’est un modèle à faible intensité de capital, nécessitant peu de ressources en personnel, offrant des revenus récurrents et quand les clients achètent le produit, en général, ils le gardent », a déclaré Tom Ciccolella, Assurance Partner chez PwC, leader du marché du capital-risque aux États-Unis.
Au troisième trimestre, on trouve au Top 10 des transactions réalisées par les capital-risqueurs un investissement de 450 millions de dollars dans l’entreprise d'analyse de données Palantir Technologies, un autre de 251 millions de dollars dans le service web d'hébergement et de gestion de développement de logiciels GitHub, et un apport en trésorerie de 150 millions de dollars à Medallia, un éditeur de logiciel de gestion de l'expérience client. Également dans le Top 10, Avidxchange, une société de services informatiques spécialisée dans les comptes créditeurs et les technologies de paiement, a capté environ 225 millions de dollars d’investissement en provenance des capital-risqueurs. Au cours des trois premiers trimestres de l’année 2015, les 47,2 milliards de dollars investis, toutes catégories d’entreprises confondues, dépassent les investissements annuels réalisés sur 17 des 20 dernières années. Pour le seul troisième trimestre, le chiffre a atteint 16,3 milliards de dollars. C’est 5 % de moins que le chiffre du second trimestre, mais le marché du capital-risque devrait exploser cette année et dépasser tout ce qu’il a connu depuis l’année 2000, au moment de l’éclatement de la bulle Internet.
De très nombreux fonds prêts à investir
Évidemment, on peut se demander si le marché ne vit pas une nouvelle bulle qui peut aussi éclater. Mais, selon Tom Ciccolella, les investissements croissants des capital-risqueurs répondent à une certaine logique. Un VC que nous avons rencontré en juin dernier dernier à Palo Alto, nous avez ainsi indiqué recevoir 5 à 600 dossier par an et n'investir que dans une à deux start-ups. Interrogé sur son plus grand regret, un autre VC, Shardul Shah d'Index Ventures que nous avons rencontré début octobre à SF avec DataDog, nous a avoué avoir raté AirbnB. Le business model n'était pas encore assez abouti à l'époque. Enfin Gary Morgenthaler, de Morgenthaler Ventures, rencontré début octobre à Portola Valley avec NuoDB, nous a confié nourrir une vraie passion pour les bases de données. Un marché aujourd'hui évalué à 40 Md$ contre 50 attendus en 2017.
Gary Morgenthaler, de Morgenthaler Ventures, affiche un parcours exceptionnel dans la Silicon Valley avec notamment Nuance Communications et Siri (revendu ensuite à Apple).
Aujourd’hui, le marché du capital-risque comporte un plus grand nombre d’acteurs (Sequoia Capital, ou encore Longworth Venture Partners et Hummer Winblad Venture Partners) et donc plus de concurrence, en particulier avec l’arrivée dans le secteur de l’investissement privé de fonds spéculatifs moins traditionnels. Par ailleurs, certaines de ces entreprises veulent peut-être des perspectives à long terme et ne recherchent pas nécessairement à se financer par une émission initiale et rapide d’actions.
Rester privé le plus longtemps possible
De nombreuses entreprises privées essayent de profiter de la situation et préfèrent recevoir un financement à un stade avancé plutôt que d’aller en bourse. « Les entreprises privées ne sont pas fixées sur leurs résultats trimestriels et n’ont pas d’analystes qui regardent si elles ont atteint leurs objectifs. Elles peuvent se concentrer sur leurs produits », a déclaré Tom Ciccolella. D'autres comme Dell, Informatica ou RiverBed par exemple sont redevenus privés. Reste que, les éditeurs de logiciels sont des entreprises à risque relativement faible. « Le ticket d’entrée est plus bas que ce qui existe dans d'autres secteurs », a-t-il ajouté. Par exemple, les éditeurs de logiciels n’ont pas besoin d’usines pour fabriquer leurs produits et ne sont pas très concernés par les coûts du hardware.