22 et 50. Selon la Société informatique de France (SIF), ce sont respectivement les nombre de postes 2023 aux concours externes de l’agrégation d’informatique et du Capes NSI (Numérique et sciences informatiques) après examen des données fournies par le Journal officiel du 13 décembre 2022. Dans un communiqué, l’association alerte sur ce signal négatif envoyé aux mondes socio-économiques et académique concernés. « On est très loin des objectifs de formation visés par le gouvernement dans le cadre du plan France Relance 2030 », nous confie Sylvie Alayrangues, coordinatrice de la communication de la SIF. Pour elle, la faible représentation des professeurs dans l’enseignement du numérique n’est pas due au manque de candidats. « La spécialité NSI fait encore défaut dans de nombreux lycées et la pierre d'achoppement provient de moyens humains. Le manque d'ouverture de postes et de mise en place de la spécialité dans les lycées est une politique qui relève sans doute davantage d'une frilosité à développer une discipline qui n'existait pas auparavant au lycée parce qu'il faut lui faire une place parmi les disciplines existantes », nous indique-t-elle.
Cela vaut aussi pour les sciences en général, pas seulement l'informatique, qui sont le parent pauvre de la réforme du baccalauréat, selon cette dernière. A cela s’ajoute le fait que les élèves abandonnent souvent la spécialité NSI en terminale avec un déséquilibre dans le choix d’étudier le numérique selon les régions qui concerne également les universités. « Une action forte, au niveau des deux ministères (Education nationale et enseignement supérieur) paraît ici encore nécessaire pour que les choix des élèves s’appuient sur leurs appétences et sur les réalités socio-économiques des territoires », juge la porte-parole de la SIF. Début décembre, le ministère de l’éducation nationale avait pourtant souligné l’importance du renforcement de l’enseignement du numérique au lycée. Deux objectifs ont ainsi été annoncés pour 2027. Premier enjeu : 75 % au moins des lycées généraux et technologiques publics devront proposer la spécialité NSI (numérique et sciences informatiques) d’ici quatre ans.
Des objectifs atteints en 2037
Seconde proposition du gouvernement. Augmenter le nombre de places dans cette discipline dans les lycées qui la proposent déjà « en faisant passer la proportion des lycées qui proposent au moins deux groupes de NSI en première de 35% à 50% des établissements ». Des objectifs surréalistes selon la SIF qui rappelle que fin 2022, 64% des lycées proposent la spécialité NSI. Pour l’organisme, la première proposition revient donc à faire croître d’en moyenne 3,2% par an le taux de la spécialité NSI dans les lycées pendant 5 ans. À ce rythme les 100% de lycées concernés seront atteints… en 2037. La deuxième suggestion plus subtile laisse supposer que les lycées disposeraient d’un « nombre de places disponibles ».
Ceci alors qu’ils disposent d’une dotation en postes dont ils espèrent qu’elle correspondra au nombre de classes constatées. Toutefois, en admettant que ce concept de « places » existe, le passage de 35% à 50% correspond à un accroissement annuel de 7,4%, analyse le collectif. À ce rythme les 100% de lycées concernés seraient également atteints en 2037.« La France ne peut surseoir à la mise en œuvre d’une politique publique ambitieuse et ferme en faveur des compétences nécessaires au cours des 20 prochaines années pour réindustrialiser le pays », a pour sa part déclaré Henri d’Agrain, président du Cigref sur Twitter. Nous voulons une loi de programmation pluriannuelle d’orientation des compétences, a a également fait valoir le dirigeant.