Le constructeur français Bull, qui évolue désormais au sein d’Atos, a livré cet été au Brésil un supercalculateur de classe pétaflopique, pouvant réaliser en performance de pointe 1,1 million de milliards d’opérations par seconde (1 000 téraflops). Baptisé Santos Dumont, du nom du pionnier brésilien de l’aviation, le système a été installé au cœur du système national de calcul haute performance (Sinapad) par le Laboratoire national de calcul scientifique (LNCC). Celui-ci se trouve à Petrópolis, dans l’Etat de Rio de Janeiro. Il fournira des ressources de calcul haute performance et des capacités de simulation avancées à la communauté universitaire, en libre accès, dans le cadre d’un partenariat entre le LNCC et le MCTI, ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation brésilien. Des domaines comme la météorologie, la dynamique moléculaire et la dynamique des fluides profitent déjà de l’équipement, précise Atos.
Les tests du système pétaflopique, livré au LNCC le 4 juillet, ont commencé en août dernier. Le supercalculateur exploite des processeurs Intel Xeon Phi 7120X (108 lames, 6 588 cœurs) et des cartes Tesla K40 de Nvidia (396 lames, 1 140 480 cœurs) avec une mémoire de 2,67 Go par cœur et de 64 Go par nœud, selon un document du LNCC. C’est actuellement le plus important supercalculateur situé en Amérique du Sud et le 6ème équipement que le Brésil compte au Top500 dont trois sont installés au LNCC. Cette configuration a été livrée après la sortie du classement semestriel (juin 2015) des HPC les plus puissants dans le monde. Si elle devait s’y trouver, sa performance Linpack (794 teraflops) la situerait autour de la 85ème place. Elle présente une efficacité énergétique de 72,75%.
Un système constitué de conteneurs Mobull
Atos indique que le transport de l’équipement a requis quatre camions spéciaux. Le supercalculateur présente la particularité d’être monté dans un gros conteneur de 75 m2 qui héberge plus d’un petaflop, a expliqué Pascal Barbolosi, vice-président Extreme Computing chez Atos, lors de la conférence Teratec 2015, en juin dernier. Bull utilise ses conteneurs Mobull haute densité, conçus pour la mobilité et qui présentent une emprise réduite au sol. Selon le constructeur, cette technologie permet de loger plus de 840 téraflops sur un peu plus de 30 m2. Un seul conteneur peut héberger jusqu’à 17 racks de 19 pouces (jusqu’à 40 kW par rack).
Le transport des conteneurs composant le Santos Dumont (source : LNCC/Sinapad)
Une présentation du professeur Pedro Leite da Silva Dias, directeur du LNCC, portant sur les programmes HPC du Brésil, indique que le supercalculateur sera utilisé pour des projets de R&D concernant l’énergie (pétrole, gaz, électricité), l’ingénierie civile et mécanique, les nanotechnologies, la chimie, la physique, l’astronomie, les sciences environnementales, les sciences de la vie, ainsi que pour des projets informatiques liés aux big data (datamining).
Un autre supercalculateur pétaflopique (1,5 pétaflop, 20 pétaoctets de stockage, PUE 1,2) a été installé par Atos/Bull à Hambourg, au centre de calcul allemand pour le climat DKRZ (Deutsche Klimarechenzentrum). En 2016, il est prévu que la puissance de ce système soit portée à 3 pétaflops avec des capacités de stockage de 45 pétaoctets.
Le programme exascale de Bull avance
Dans un communiqué, Philippe Vannier, PDG de Bull avant son rachat et désormais vice-président exécutif et CTO chez Atos, signale l'installation à Petropolis d'un centre de R&D et rappelle que la présence du constructeur français au Brésil remonte à plus de 50 ans. Sur Teratec 2015, Pascal Barbolosi avait précisé que le centre de R&D ouvert en Amérique latine se consacrerait à deux thématiques majeures : les applications big data et les architectures ouvertes, en particulier autour des processeurs ARM.
Depuis son rachat par Atos, Bull est devenue la marque du groupe français pour toutes les innovations technologiques développées en R&D. Les budgets que Bull investissaient dans le HPC ont été confirmés, a indiqué en juin Pascal Barbolosi. Le programme exascale avance. Sur ce terrain, les prototypes des premiers racks de sa future plateforme – nom de code Sequana – sont prêts. Le système utilisera une nouvelle génération d’interconnexion rapide – nom de code BXI (Bull exscale interconnect). Du côté des programmes exascales, en France, le Genci a indiqué fin août qu'il allait travailler avec IBM pour accélérer sa feuille de route. Le Grand Equipement National de Calcul Intensif va évaluer les solutions OpenPower combinées avec les GPU de Nvidia et l'interface réseau Infiniband Mellanox.