La France est l'un des principaux pays européens à disposer de fortes compétences dans le domaine du calcul haute performance, notamment avec le constructeur national Bull, racheté cet été par Atos. Elle continue à développer cet atout au sein d'une communauté comme Teratec ou à travers le Plan Supercalculateurs. Bull livre régulièrement des systèmes HPC à des opérateurs institutionnels au niveau mondial. Parmi les derniers contrats remportés, le groupe français a signé cet automne avec l'agence météorologique espagnole AEMET pour la fourniture d'un supercalculateur qui fournira à terme une puissance de 168 Tflops. De son coté, la météo américaine vient de recevoir un supercalculateur de 213 Tflops fourni par IBM/Cray.
Le système, 75 fois plus puissant que le Cray qu'il va remplacer, exploitera 8 000 coeurs répartis sur 338 serveurs. Il a été choisi à l'issue d'un appel d'offres public estimé à 3,48 millions d'euros et sera installé en deux phases. Le projet doit permettre à l'AEMET d'améliorer de façon importante ses prévisions météos par la mise en oeuvre de systèmes successifs de prévision traitant des échelles horizontale de 1 à 3 km. L'anticipation des phénomènes sévères pourra également être améliorée par l'intégration de l'ensemble des informations météos disponibles. L'agence compte aussi lancer d'autres services de prévisions maritimes et environnementales.
Refroidi par eau, consommation électrique réduite
L'un des critères de choix a résidé dans la technologie de refroidissement par eau à température ambiante, brevetée par Bull. Selon le constructeur, elle permet de réduire de 20 à 40% la consommation électrique, les dépenses en énergie constituant l'un des grands défis à relever en matière de HPC. La technologie de Bull évacue la chaleur par l'intermédiaire d'une plaque froide en contact direct avec les composants du supercalculateur. Ce dernier comportera 18 châssis bullx DLC B710 et 14 serveurs bullx R, réunissant donc 338 serveurs au total. Il se classera au 3ème rang des systèmes les plus puissants en Espagne, précise le constructeur. Son réseau d'interconnexion reposera sur des liaisons InfiniBand FDR (56 Gb/s). La capacité de stockage centrale de 360 To sera gérée par le système de fichiers bullx PFS basé sur Lustre.
Parmi les contrats signés en 2014 autour de ses supercalculateurs, Bull avait annoncé en juin l'acquisition par le Genci (grand équipement national de calcul intensif) d'un système de 2,1 Pflop à installer au Cines, l'un des trois centres nationaux de calcul. Quelques semaines plus tôt, le centre de calcul allemand pour le climat DKRZ avait retenu Bull pour la livraison d'un système petaflopique qui doit atteindre 3 Pflops en 2016 et une capacité de stockage de 45 Po. En mars, le constructeur avait par ailleurs accru à 2 Pflops la puissance du supercalculateur Helios installé au Japon, à Rokkasho, et utilisé dans le domaine de la recherche internationale sur la fusion nucléaire.Â