C’est évidemment à son siège social de Bezons (Ile-de-France) qu’Atos a inauguré ce 4 avril son Lab R&D autour de l’intelligence artificielle. Et pour l’occasion, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a fait le déplacement. « Ce Lab d’Atos est un symbole de réussite française avec de vraies ambitions pour l'avenir » a félicité le ministre après une rapide visite et quelques échanges avec des ingénieurs triés sur le volet. C’est le PDG de la SSII, Thierry Breton, qui a fait la visite au ministre, lui assurant la volonté d’Atos d’assurer que « les données de nos entreprises européennes doivent être traitées, stockées et processées en Europe ».
Et aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est dans ce contexte qu’Atos s’est associé à Google Cloud pour ouvrir ce lab autour de l’intelligence artificielle. Mais ce partenariat va plus loin qu’une simple collaboration scientifique. Le groupe de services IT français va ainsi privilégier le cloud public de Google dans son offre hybride. La G Suite sera utilisée également pour l’aspect bureautique et collaboratif. Côté IA, Atos travaille sur des algorithmes qu’il développe en interne mais aussi les modèles et bibliothèques algorithmiques de la firme de Mountain View qui vont être « adaptés aux spécificités françaises et européennes, avec nos critères de sécurité et nos systèmes de protection de données » argumente Thierry Breton, qui assure que les données client seront hébergés dans les datacenters d'Atos.
Google maintenant, d'autres à venir
Mais Thierry Breton insiste sur le fait que ce Lab doit permettre à Atos « d’accueillir les spécificités algorithmiques de chacun » et que Google ne sera pas le seul partenaire technologique, sans en dire davantage. La SSII a ouvert deux autres de ces centres de recherche à Dallas (Etats-Unis) et Londres (Grande-Bretagne).
En plus des technologies d'IA, l'informatique quantique sera critique pour assurer la souveraineté des Etats, selon Bruno Le Maire. Et alors que les Etats-Unis et la Chine sont déjà bien avancés dans les recherches et que l'Allemagne et le Royaume-Uni y investissent des millions d'euros, « il est temps que la France accélère dans ces technologies » a déclaré le ministre. Atos, dirigée par Thierry Breton (à gauche), est là aussi leader en France et a récemment lancé son premier simulateur quantique. (Crédit : Nicolas Certes)
Pour son allocution à l’issue de sa visite, Bruno Le Maire a rappelé les différents financements de l’Etat autour de l’IA, dans la stratégie nationale. Notamment le plan deep tech à hauteur de 800 millions d’euros dans l’amorçage des premiers projets IA. Ou le fonds pour l’innovation de rupture, dont les deux premiers « défis » ont été financé à hauteur de 30 M€ chacun et portent sur l’amélioration du diagnostic santé par l’IA et la certification de l’IA pour éviter les biais liés aux algorithmes. « Diffuser l’IA dans toutes les PME français est enfin clé car leur succès dépendra d'intégrer ces technologies dans leurs process de fabrication » a déclaré le ministre de l’Economie.
Un cloud souverain en travaux
Un autre cheval de bataille du ministre de l’Economie, en plus de la taxation des GAFA, c’est trouver un moyen de résister au Cloud Act américain. En janvier, le ministre cherchait un dispositif qui permettrait aux entreprises françaises d'être averties si la justice américaine cherchait à récupérer certaines de leurs données chez un hébergeur. Le gouvernement semble en avoir trouvé un autre puisque des travaux sont lancés pour mettre en place un cloud souverain français, a indiqué Bruno Le Maire. Les premiers résultats sont attendus pour fin 2019 « avec des solutions pour les entreprises privées ou publiques pour stocker leurs données en toute indépendance. » Le projet Clouwatt/Numergy lancé sous l’ère Sarkozy renaîtrait-il de ses cendres ? Si c’est le cas, espérons qu’il ne coûtera pas au contribuable des centaines de millions d’euros pour rien...