Eduquer les robots sans programmation, tel est l'objectif de Brain Corporation, dont le système d'exploitation doit permettre aux robots d'apprendre à vider les poubelles ou à ouvrir les portes par l'apprentissage, et non par la programmation. Avec son système d'exploitation Brain Operating System - aussi appelé BrainOS - l'éditeur veut apporter aux robots des capacités leur permettant d'apprendre à réaliser des tâches domestiques ou industrielles en passant par une formation pratique et visuelle. BrainOS permet aussi de commander à distance les robots ou de leur envoyer des signaux pour « qu'ils adoptent explicitement le comportement souhaité », le tout sans programmation, comme l'indique Brain Corporation sur son site web.

« Eventuellement, les développeurs peuvent observer le robot et le récompenser quand il réalise correctement sa tâche, comme pour le dressage des animaux », dit encore l'éditeur. Si BrainOS fonctionne comme prévu, « la répétition contribuera à renforcer le processus d'apprentissage que doivent suivre les robots pour effectuer des tâches spécifiques, exactement comme le fait le cerveau humain », affirme encore Brain Corporation. « La programmation fixe des règles strictes sur ce que peut ou ne peut pas faire un robot ». Avec BrainOS, les robots peuvent par exemple apprendre à se déplacer sans se cogner aux obstacles, ou à ramasser et à déplacer des objets. Les robots pourraient apprendre « à nettoyer un jardin, ou même à ramasser les saletés laissées par les animaux de compagnie », affirme encore l'éditeur.

L'OS sera livré à l'automne sur une carte bStem

Si les robots existent depuis plusieurs décennies, ils ont encore besoin d'instructions de programmation traditionnelle qui demandent un développement parfois coûteux. Selon Brain Corporation, son OS offre un moyen plus naturel et plus facile en utilisant des systèmes sensoriels et visuels pour programmer le hardware et définir le comportement du robot. Celui-ci serait prêt à l'automne et livré sur une carte développeur bStem équipée d'un coprocesseur Qualcomm Snapdragon S4 Pro, de 15 capteurs permettant d'enregistrer des signaux visuels, audio et autres, et d'un FPGA (field-programmable gate array) pour contrôler le robot.


Le kit bStem fonctionnera sous Ubuntu via un moniteur HDMI. Il se programmera en Python ou C++ via Eclipse. En savoir plus sur ses spécifications.

Fondée en 2009, Brain Corporation est soutenue par Qualcomm. Le fondeur développe une puce du nom de Zeroth conçue pour imiter le cerveau humain, qui fonctionne selon les principes de l'informatique neuronale. Zeroth n'est pas destinée à être commercialisée, mais Qualcomm utilise ses technologies dans des puces mobiles. C'est le cas par exemple de certains algorithmes de contextualisation et de localisation que l'on trouve dans les dernières puces Snapdragon Série 800. Brain Corporation a également reçu de l'argent du gouvernement américain par le biais de la Brain Initiative, une dotation de 100 millions de dollars distribuée par la Maison Blanche aux projets qui contribuent à mieux comprendre le cerveau humain.

Un robot Intel sous Linux nommé Jimmy

Les robots intéressent aussi les grandes entreprises IT. Amazon et Google rachètent à tour de bras les sociétés de robotique. Le premier, qui pense à livrer ses colis par drones, teste des machines de différentes tailles et formes. La robotique est également de plus en plus utilisée dans les écoles comme méthode interactive pour promouvoir l'apprentissage des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques. De nombreux robots - comme PiBot - ou des objets électroniques interactifs ont été créés par des étudiants avec Arduino, une plate-forme de développement matériel et logiciel très conviviale.

Intel va livrer cette année son premier robot nommé « Jimmy ». La machine de 45 cm de haut sera capable de marcher. Elle coûtera 1500 dollars HT. Jimmy tourne avec le système d'exploitation Linux et peut être programmée en utilisant des scripts HTML5, un langage largement utilisé pour les applications mobiles. Smartphones, tablettes et PC pourront contrôler le robot, et selon Intel, le HTML5 va permettre de faire entrer la robotique dans l'ère mobile. Les systèmes d'exploitation et les outils de programmation les plus récents essayent de détrôner le système d'exploitation dominant Robotics Operating System (ROS), introduit en 2007. ROS est utilisé dans les robots et dans un véhicule automatique sans chauffeur. Du fait de la popularité de ROS chez les fabricants de robots, Brain Corporation a prévu d'inclure l'OS dans son kit de développement.