A lui seul, le volet financier ne suffit pas à faire grandir une PME. Parmi ses missions, Bpifrance apporte aussi à des dirigeants un capital humain à travers une mise en réseau, du conseil et des formations, a souligné hier Guillaume Mortelier, directeur exécutif, chargé de l'accompagnement au sein de la banque publique d’investissement, lors de la présentation d’une étude d’impact sur les programmes Accélérateurs PME lancés en 2015 et qui ont déjà embarqué 1 100 dirigeants. L’objectif pour 2021 est d’accueillir 700 autres dirigeants dans ces parcours qui permettent en particulier de créer des échanges entre pairs. Il y a eu, par exemple, « des boucles de solidarité intrapromotions très fortes pendant le premier confinement, avec des groupes WhatsApp pour partager les bons plans, et ensuite une demande très forte des dirigeants de sécuriser les entreprises en travaillant sur des business models », a notamment exposé Guillaume Mortelier.
L’étude d’impact de l’Accélérateur a été réalisée par une équipe de chercheurs universitaires affiliés au CNRS et supervisée par le Professeur Yannick L’Horty avec l’appui de la Direction de l’Evaluation de Bpifrance. « Les accélérateurs ne sont pas des incubateurs, mais des programmes d’accompagnement sur des entreprises existantes pour contribuer à leur croissance. L’image, c’est un peu le camp d’entraînement, avec des cohortes d’entreprises que l’on met en réseau en leur donnant accès à la formation pour augmenter leur capital entrepreneurial », a exposé Yannick L’Horty en précisant qu’il y a eu dans le monde, sur la dernière décennie, plus de 3000 accélérateurs qui ont accompagné plus de 10 000 entreprises. « L’intérêt du programme de Bpifrance, c’est qu’il est essentiellement non financier, l’ensemble des composantes ont un caractère immatériel, on transfère des connaissances plutôt que des capitaux », a pointé le directeur de recherche. L’étude a porté sur les données fiscales et comptables des 3 premières cohortes d’entreprise accélérées, soit 142 observations complètes sur la période 2010/2017. Les effets positifs démarrent à partir de la 2ème cohorte. Comparées à des entreprises ayant des caractéristiques très proches, il apparaît que le chiffre d’affaires des PME s’accroît de 10% supplémentaires sous l’effet du programme. L’étude fait aussi apparaître que la valeur ajoutée s’accroît de 16% supplémentaires et que les investissements corporels sont multipliés par 10.
La greentech Hesus a multiplié sa valeur par 8
La scale-up greentech Hesus, spécialisée dans l'évacuation et la valorisation des matériaux de chantier, a participé à la 2ème cohorte. A travers sa plateforme cloud, elle dématérialise le suivi des documents et informations de traçabilité pour les transports de déblais de chantier, et permet d’optimiser leur gestion pour réduire les émissions de carbone. « Cet accélérateur a été un électrochoc. Lorsque nous y sommes entrés, avec un chiffre d’affaires de 12 M€, nous n’étions pas du tout structurés, aujourd’hui nous réalisons 35 M€, nous avons multiplié par 8 la valeur de l’entreprise et nous sommes présents dans 6 pays », a témoigné hier Emmanuel Cazeneuve, PDG et fondateur d’Hesus, lors de la conférence en ligne de Bpifrance. Dans le cadre du programme, Hesus a effectué un audit 360, étude interne et externe de la société, incluant clients et fournisseurs. Elle a également suivi plusieurs modules de conseil « sur la stratégie, les RH, la digitalisation et l’internationalisation qui ont tous eu un impact fort », a insisté le PDG. « En deux ans, nous avons ouvert 4 nouveaux pays. Le module d’internationalisation nous a lancés et c’est par là que passera la croissance d’Hesus », a-t-il indiqué.
Les programmes des Accélérateurs sont payants, mais ils peuvent être subventionnés pour une partie par l’Etat ou par des partenaires régionaux ou industriel, a rappelé de son côté Guillaume Mortelier. Si les trois programmes sont nationaux, la banque publique les a fait effectivement fait évoluer au niveau régional et par filières, par exemple sur la PFA pour structurer la filière sur l’automobile. « Nous allons travailler thématiquement sur les enjeux de ces groupes d’entrepreneurs », a précisé le directeur exécutif accompagnement de Bpifrance. « Nous continuons aussi à nous adapter à la taille des entreprises avec deux autres formats et une réorientation des programmes avec beaucoup plus de coach du dirigeant et sur l’internationalisation ». En dehors des Accélérateurs PME nationaux, régionaux, sectoriels et thématiques, Bpifrance a également développé des Accélérateurs ETI, Startups et dédiés aux petites entreprises réalisant de 2 à 10 M€ de chiffre d’affaires. En prenant en compte l'ensemble de ces programmes, ce sont 1 800 dirigeants qui ont, à ce jour, bénéficié d’un accompagnement d'accélération de Bpifrance.