Il y a certaines pilules qui sont plus dures à avaler que d'autres. Pour les dirigeants de Bpifrance, celle que leur prépare la Cour des comptes en fait assurément partie. Dans un rapport à paraître courant novembre - et dont une version préliminaire a pu être consultée par nos confrères du Point et des Echos - la Cour des comptes pointe certaines pratiques en vigueur au sein de la banque publique d'investissement. « Les augmentations des rémunérations de certains cadres dirigeants paraissent tout particulièrement contestables dans leur principe », cingle la juridiction administrative. Entre 2012 et 2015, des cadres dirigeants de BPI Financement ont en effet vu leurs salaires progresser de 40%, tandis qu'au sein de la branche Investissement de Bpifrance, 28 cadres dirigeants ont vu leurs rémunérations annuelles grimper de 15% en 2014 et de 23% en 2015, apprend-on de notre confrère des Echos.
Des chiffres qui n'ont pas manqué de faire réagir la banque publique d'investissement qui justifie les plus fortes augmentations en précisant que ce sont les cadres promus en comité exécutif qui ont bénéficié d'un rattrapage de salaire, mais que de 2013 à 2016, le salaire moyen du comité exécutif de Bpifrance est passé de 318 000 euros en 2013 à 291 000 euros en 2016. Une baisse qui pourrait être significative à périmètre constant, mais lorsque l'on apprend qu'elle est dûe aussi au départ de certains cadres dirigeants, elle apparait mécanique et perd du coup de son éclat.
Voiture + taxi, l'addition de trop pour Bpifrance ?
Autre point de tension pour la Cour des comptes : les voitures de fonction. D'après son rapport préliminaire, le coût de cette flotte se monterait à 6,6 millions d'euros pour 2015, sachant que 604 salariés en bénéficieraient sur un effectif total de 2 000 personnes. Mais ce n'est pas tout puisque, outre la mise à disposition de véhicules, des frais de taxis sont également remboursés, s'élevant en moyenne à 530 euros par mois. « Mon comité exécutif est en moyenne moins rémunéré que celui de la SNCF, la Poste et EDF », s'est défendu Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance à notre confrère du Point. « Je trouve ahurissant que la Cour s'intéresse à ces histoires de taxis ». Ce ne sera pas forcément l'avis des entrepreneurs pouvant éprouver des difficultés à financer leurs projets et qui voudraient sans doute voir - comme tout contribuable qui se respecte - un usage le plus efficient possible des deniers publics.
Dans son rapport définitif, la Cour des comptes se montrera-t-elle un peu moins intransigeante par rapport à Bpifrance ? Nul ne le sait, bien que la juridiction administrative ait jugé utile d'effectuer un recadrage après la divulgation des fuites dans la presse sur la banque publique d'investissement : « La publication prématurée d’observations provisoires, de nature confidentielle, porte atteinte au bon déroulement des procédures qui encadrent la phase contradictoire des travaux de la Cour, ainsi qu’à la bonne information des citoyens », a indiqué la Cour sur son site. « La procédure contradictoire n’est pas achevée. Conformément au code des juridictions financières, la Cour arrêtera ses observations définitives au terme de cette procédure et au vu des réponses qui seront apportées. »