Depuis quelques semaines la rumeur d’un PSE circule dans les locaux du siège social de Bouygues Telecom à Meudon. Selon nos confrères du Parisien, lors des derniers comités sociaux et économiques (CSE), la direction de l’opérateur télécoms a annoncé la mise en place d’un projet de transformation profonde de son organisation associée à un repositionnement de l’entreprise pour faire face au ralentissement du marché des mobiles. Le chiffre de 1 000 postes supprimés est évoqué dans les conversations, bien qu’aucune annonce officielle n’ai été effectuée. Les syndicats souhaitent que l’entreprise dévoile son plan de transformation complet et abouti tel que promis avant les congés estivaux, sans PSE.
Face à cette éventualité, la CFDT s’interroge : « la direction du groupe tient depuis plusieurs mois un discours alarmiste, avec des prévisions pour 2030, qui sont en décalage complet avec la réalité, nous confie Azzam Ahdab, délégué syndical CFDT. L’entreprise se dit en difficulté alors qu’elle est en bonne santé financière, avec chaque année un Ebitba (excédent brut d'exploitation) en hausse et des acquisitions comme dernièrement celle de la Poste Mobile pour 950M€ qui laissent entrevoir des perspectives de croissance. Concernant la dette de l’entreprise de 3 milliards d’euros, elle est de plus très faible par rapport à SFR ou Orange. Tout cela ne justifie pas la mise en place d’un plan social ».
Transfert des activités au Portugal et au Maroc
Pour 2024, Bouygues Telecom a confirmé ses objectifs annuels, à savoir un chiffre d'affaires facturé aux clients en hausse, un Ebitda après loyer supérieur à 2 milliards d’euros et des investissements d'exploitation bruts d'environ 1,5 milliard d'euros. D'après un représentant du personnel, ce projet de transformation s’intègre plutôt dans une stratégie de délocalisation des activités du groupe vers le Portugal et le Maroc, où le prix moyen du travail est plus bas. « Dans l’optique de réduire ses coûts, Bouygues Telecom envisage de sous-traiter dans des centres de compétences à Porto la gestion de la relation clients et à Rabbat son ingénierie informatique. Ce dernier inclut les activités de développement/test, l’exploitation et le déploiement des réseaux ainsi que les systèmes informatiques », précise Azzam Ahdab.
En conséquence, la CFDT et les autres syndicats de Bouygues Telecom ont demandé la convocation pour une réunion de CSE extraordinaire dans les plus brefs délais afin d’éclaircir la situation. Pour rappel, Les précédents plans de départs volontaires chez Bouygues Telecom datent de 2012 et 2014, après l’arrivée de Free sur le marché du mobile. « A l’époque du PSE de 2012 nous avions été reçus par Arnaud Montebourg ministre du Redressement Productif. Aujourd’hui, nous n’avons aucun interlocuteur pour contester la validité d’un prochain plan de départs, faute d’un gouvernement », regrette le représentant de la CFDT de Bouygues Telecom. Contactée, la direction de Bouygues Telecom a de son côté fait savoir qu’elle « démentait formellement l’information du Parisien ».