Bouygues Immobilier paiera son datacenter externalisé sur la base de la facture électrique
Bouygues Immobilier a décidé d'externaliser son datacenter chez Prosodie. L'infrastructure sera plus performante, plus sécurisée et plus verte. Mais surtout, l'entreprise sera facturée en fonction de la consommation électrique de son infrastructure hébergée.
(mise à jour) Depuis quelques semaines, Bouygues Immobilier a externalisé son datacenter. Rien de très original de nos jours, si ce n'est le modèle économique de l'opération. Désormais l'entreprise sera facturée en fonction de la consommation électrique de son infrastructure. Ce datacenter est installé dans un container chez Prosodie, avec les containers d'autres entreprises. Bouygues Immobilier a gardé la maîtrise du choix du matériel (Dell), des systèmes d'exploitation et de la virtualisation (VMware), et de l'administration. Le prestataire de l'entreprise se charge du maintien de base de l'ensemble (réseau électrique, climatisation, surveillance des machines, maintenance de 1er niveau) et il se rémunère en prenant une marge sur le coût de l'électricité facturée.
Le container est équipé d'un compteur qui surveille la consommation électrique ainsi que la température de l'ensemble, en temps réel. « Une relation vertueuse s'est instaurée avec Prosodie, » estime Christian Grellier, directeur des systèmes d'information et de l'organisation de Bouygues Immobilier pour qui, avec un tel modèle économique, toutes les parties prenantes ont intérêt à optimiser l'efficacité énergétique du système. Bouygues Immobilier et Prosodie se réunissent ainsi tous les mois pour étudier toutes les nouvelles solutions plus économes en énergie, comme des évolutions autour de la virtualisation, par exemple. Sur les mêmes sujets, l'entreprise rencontre aussi régulièrement Dell, VMware et Intel sur le même sujet.
Il ne suffit plus d'installer ses machines dans un placard à balai
Pour Bouygues Immobilier, il y avait plusieurs enjeux liés à l'évolution de son datacenter. Pour des raisons internes mais aussi de respect des réglementations, la sécurité devait en être améliorée. Même exigence pour la disponibilité de l'infrastructure. Tout en augmentant la performance de cette dernière, Christian Grellier souhaitait aussi, bien évidemment, l'intégrer dans la stratégie de green IT de l'entreprise et en réduire l'empreinte carbone. Or, monter en performance, augmenter le niveau de sécurité, accroître la disponibilité tout en réduisant l'impact environnemental aurait été trop difficile à réaliser en interne. L'entreprise a donc finalement décidé d'externaliser son datacenter tout en conservant la main sur sa configuration. « Il ne suffit plus d'installer ses machines dans un placard à balai », plaisante Christian Grellier.
« Nous avons choisi Prosodie non seulement pour la qualité de ses équipements mais aussi, justement, pour sa démarche éco-responsable », précise le DSIO. Outre les dispositifs qu'il met en place pour augmenter l'efficacité énergétique des datacenters de ses clients, le prestataire est ainsi membre actif de l'initiative Global Compact des Nations Unies qui promeut des principes de bonne conduite dans l'entreprise. Il est certifié ISO 14001, pratique bien entendu le recyclage, mais est aussi partie prenante de la mission Detic (Développement éco-responsable et TIC) du gouvernement. Enfin, il encourage ses collaborateurs à des actions éco-responsables.
Un degré de plus pour 5% d'économie d'énergie
[[page]]Bouygues Immobilier dispose donc désormais chez Prosodie d'un container avec un ensemble de racks d'un total de 200 serveurs Dell (contre 300 précédemment). Environ 40% des machines sont virtualisées. Le choix du matériel s'est porté sur le constructeur texan qui est passé au crible des habituels contrats cadres des équipements de Bouygues. « Nous exigeons le respect des normes Epeat et Energy Star, précise Christian Grellier, et nous avons un accord avec la société Ecovadis qui réalise des audits de performance environnementale et sociale de tous les fournisseurs du groupe. »
Les systèmes de Dell disposent de nombreux dispositifs économiques comme des alimentations et des ventilations optimisées pour une moindre consommation. Mais sur les conseils de son prestataire Prosodie, Bouygues Immobilier a aussi opté pour des « cool corridors » fabriqués par Minkels. Afin de délimiter un couloir d'air froid, un toit est installé au dessus de l'espace situé entre les rangées de serveurs. Ce couloir est fermé par des portes coulissantes à chaque extrémité du datacenter. Par ailleurs, l'air est très précisément dirigé sur les points chauds des systèmes. « Avec Dell, nous réfléchissons aussi à monter la température de quelques degrés, évoque Christian Grellier. Nous avons déjà gagné un degré en poussant à 19°C, ce qui devrait correspondre à 5% d'économies. » Prosodie a aussi entrepris une démarche de calcul de l'empreinte carbone des datacenters qu'il héberge, parmi lesquels celui de Bouygues Immobilier.
Un container permet de faire évoluer facilement la configuration
L'entreprise a aussi trouvé de nombreux intérêts dans l'installation en container. Ce type d'environnement physiquement fermé permet en effet d'isoler très simplement les configurations des différentes sociétés hébergées, les unes par rapport aux autres. Mais il permet aussi de faire croître facilement la configuration, en ajoutant un container par exemple. Enfin, comme l'explique Christian Grellier, si par exemple Prosodie lui proposait un site en free cooling (refroidissement à l'air ambiant) ailleurs qu'en région parisienne, il suffirait de déménager la configuration dans sa « boite » vers le nouvel emplacement. L'installation du datacenter de Bouygues Immobilier a démarré en mars et la bascule s'est faite en mai sans interruption de service. Toutes les applications métier ou bureautique de l'entreprise sont désormais hébergées sur cette infrastructure. L'accès se fait par Internet via Citrix. L'entreprise a même testé l'accès sur iPhone, toujours via Citrix, en 3G ou en ADSL. « Ça nous a coûté 30% moins cher que si on nous l'avions fait en interne », conclut Christian Grellier.
Pour le DSIO, qui préside aussi l'atelier datacenter de la mission gouvernementale Detic, « toutes les entreprises n'ont pas les mêmes problématiques avec leurs datacenters. Avec un effectif d'une dizaine de personnes, par exemple, il ne s'agit même pas de datacenter et il faut plutôt se tourner le SaaS ou le cloud. » Les très grands groupes, par contre, comme le rappelle Christian Grellier, cherchent à concentrer leurs datacenters pour en réduire le nombre. Mais surtout, entre les deux, il y a quelque 31 500 entreprises dans l'Hexagone qui devraient envisager l'option de l'externalisation, comme Bouygues Immobilier.