Après l’ère des smartphones, Blackberry veut trouver un second souffle - d’aucuns diront rester en vie - en mettant le paquet sur le marché des logiciels de sécurité. Une transition qui s’est faite au fil des mois, fruit d’une succession de rachats engagés depuis deux ans, à savoir Secusmart pour sécuriser la voix et les SMS, Movirtu qui permet d’avoir plusieurs lignes sur une même SIM ou encore WatchDox pour attribuer des droits d’accès, lecture et téléchargement sans sortir d’un document. Sans compter Athoc et son système de validation de messages et notifications d’alertes, le spécialiste du Mobile Device Management Good Technologies en octobre dernier ainsi qu’Encription spécialisé dans les services et conseils en cybersécurité.
Des acquisitions qui ont permis au canadien de muscler son environnement System Platform, articulé désormais autour de 4 piliers : Enterprise Mobility Management (EMM) avec BES 12, Good et WatchDox, Gestion des identités et des accès (VPN Authentification Worklife et Enterprise Identity), Communication et collaboration (Good Apps et Ecosystem couplé à Secusmart Athoc) et pour finir Internet des objets (combinaison de Good Wearables, Athoc et QNX).
Sécuriser le terminal : bien mais pas suffisant
« Nous nous sommes demandés comment trouver le bon équilibre entre ne pas embêter l’utilisateur mais garantir la sécurité de ses données et également comment respecter sa vie privée tout en protégeant les données de l’entreprise », a expliqué Jean-Philippe Combe, responsable avant-ventes entreprises à l’occasion d’un point presse organisé mercredi dernier par Blackberry. « Sécuriser le terminal c’est bien mais pas suffisant, c’est pourquoi on apporte maintenant une réponse multicanale, mixée aux politiques de sécurité, couvrant le terminal, le réseau, les apps, les données, les usages et les individus », poursuit Jean-Philippe Combe.
Pour répondre à cet enjeu, la société canadienne mise notamment sur ses Good Secure Suites désormais réparties sur 5 niveaux : Management, Entreprise, Collaboration, Mobility et Content. Des suites qui ne sont pas dédiées aux terminaux Blackberry mais ouvertes aux smartphones et tablettes Android, iOS, Windows 10 tout comme les PC et les Mac ou encore les smartwatches et même les voitures connectées.
Le nouveau visage des gammes Good Secure Suites proposé aux clients Entreprises de Blackberry. (crédit : Blackberry)
Un chiffre d’affaires global en chute de 35% en 2015
La stratégie de Blackberry dans les logiciels de sécurité va-t-elle payer ? Cela pourrait être le cas, la société canadienne ayant enregistré une croissance de plus de 100% de ses revenus dans le logiciel au premier trimestre 2016 par rapport à l’année précédente pour un Ebitda positif depuis 10 trimestres de suite. De bonnes nouvelles qui ne font cependant pas oublier la baisse de 35% du chiffre d’affaires global de Blackberry sur 2015, sous la barre des 2,2 milliards de dollars. La transition apparaît donc loin d'être un long fleuve tranquille avant de retrouver tous les indicateurs financiers dans le vert.
Si le canadien met la gomme dans les logiciels de sécurité, il n’a cependant pas (encore) tiré un trait définitif dans les smartphones. Car malgré l’échec de son Priv lancé à l’automne 2015, écoulé à seulement 600 000 unités eu égard à un prix de vente excessivement élevé de 799 euros, Blackberry compte lâcher d’ici la fin d’année deux autres modèles sous Android. Cette fois en revanche, le positionnement sera milieu de gamme afin d’éviter l’effet refouloir d’un prix trop élevé que les clients ne sont pas prêts à mettre, sauf pour des marques de smartphones considérées comme « premium » à l'image d'Apple et Samsung.