Hier, lors de la communication des résultats trimestriels, BlackBerry a encore annoncé des pertes et une baisse de ses revenus. Mais son CEO John Chen prévoit un retour à l’équilibre dès le trimestre prochain, pour la première fois depuis le retrait du constructeur du marché du smartphone. La semaine dernière, le constructeur canadien a fait savoir en effet qu’il cessait la production de hardware pour smartphone, et qu’il avait licencié sa marque à TCL. Le fabricant chinois a déjà produit les deux derniers terminaux de BlackBerry. Mais ces prévisions sont à prendre avec réserve, car elles ne prennent pas en compte les coûts de restructuration, les frais liés à la rémunération en actions, les ajustements à la juste valeur et une foule d'autres choses.
Reste que, délesté de sa gamme de produits smartphones, BlackBerry s’intéresse désormais à un autre type de mobilité pour stimuler sa future croissance : l'industrie automobile, qui représente déjà la principale source de revenus de sa plate-forme logicielle intégrée QNX. Actuellement, QNX fait tourner des systèmes d'infotainment, mais le CEO de BlackBerry pense qu’elle peut jouer un rôle important dans les véhicules autonomes. En tout début de semaine, l’entreprise canadienne a ouvert un nouveau centre de recherche à Ottawa, dans lequel seront développés des logiciels sécurisés pour les voitures connectées et la conduite autonome. « Nous avons obtenu l'approbation du gouvernement canadien pour tester des voitures autonomes à Ottawa », a déclaré John Chen lors d'une téléconférence organisée pour la communication des résultats financiers. « Notre premier projet sera centré sur le développement d’un concept-car alimenté par QNX ».
Avec Radar, BlackBerry fait entrer les camions dans l'IoT
« BlackBerry pourrait mettre son logiciel sur le marché dans deux ans », a encore affirmé son CEO. Mais, tout dépendra des constructeurs automobiles partenaires que BlackBerry pourra rassembler autour de lui. « Nous pouvons offrir un tas de produits logiciels aux automobilistes du monde entier. Nos prototypes sont très excitants et prometteurs », a-t-il ajouté. « Il nous faudra un peu de temps pour développer ce produit. Au plus tôt en 2019 ». D’ici là, John Chen espère que Radar, un autre produit également basé sur QNX, qui permet d’intégrer les camions dans l'Internet des objets, assurera le coup de pouce attendu. « Les recettes ne sont pas élevées pour l'instant, mais les utilisateurs de Radar paieront un abonnement mensuel », a encore expliqué le CEO.
Boîte noire pour les camions à utiliser dans les applications IoT, BlackBerry Radar renvoie des données sur la localisation des véhicules, la température et le degré d'humidité. (crédit : D.R.)
Ce modèle de paiement ressemble à celui mis en place par BlackBerry pour ses smartphones : pendant des années les utilisateurs ont payé, bien après l’achat du téléphone, pour bénéficier du système de messagerie sécurisé de l'entreprise. Ce service représente encore plus d'un cinquième des recettes de BlackBerry, mais ce rapport diminue rapidement. « Les revenus provenant des frais d'accès aux services ont chuté de 26 % par rapport au trimestre précédent, et ils devraient probablement chuter encore de 25 % le trimestre prochain », a prévenu John Chen.
Les 1ers smartphones TCL expédiés au moment du Nouvel an chinois
BlackBerry n’a pas complètement abandonné le marché des smartphones. Même si les futurs téléphones BlackBerry seront conçus, fabriqués, distribués et supportés par le fournisseur chinois TCL, le constructeur canadien fournira toujours les logiciels et les services clés pour sécuriser les appareils Android. La première série de téléphones fabriqués sous licence sera expédiée pendant la période du Nouvel An chinois, le 28 janvier 2017 », a également précisé le CEO. TCL a dit qu'il montrerait les nouveaux téléphones au CES de Las Vegas qui se tiendra du 5 au 8 janvier 2017.
L’activité la plus importante de BlackBerry reste pour l’instant la fourniture de logiciels pour gérer et sécuriser les terminaux mobiles dans l’entreprise. Les différents rachats récemment effectués dans ce domaine ont multiplié les logiciels, mais tous sont complètement intégrés dans une seule plateforme, a assuré John Chen. Toutes ces évolutions ont conduit l’entreprise canadienne a annoncer un chiffre d’affaires de 289 M$ (normes GAAP) sur son 3ème trimestre fiscal clos le 30 novembre 2016. Cela représente une baisse de 47% par rapport à l’an dernier à même époque. Sa perte nette s’élève à 117 M$ contre 89 M$ au 3ème trimestre 2015, mais cela constitue une amélioration significative par rapport au milliard de dollars de pertes des deux trimestres précédents.