La holding Fairfax, qui détient déjà environ 10 % des actions de Blackberry, pourrait racheter la totalité des titres - 9 dollars par action soit un montant de 4,7 milliards de dollars et devenir propriétaire de l'entreprise selon des modalités inscrites dans une lettre d'intention. Au moment de l'offre d'achat, l'action Blackberry cotait autour de 8,25 dollars. Mais pour que l'offre devienne recevable, le groupe d'investissement doit se soumettre à une procédure de diligence raisonnable qui devrait s'achever autour du 4 novembre. Jusqu'à cette date, la transaction peut échouer et les conditions d'acquisition peuvent être modifiées. L'offre par lettre d'intention permet à Blackberry de continuer à discuter avec d'autres investisseurs potentiels jusqu'à la signature d'un accord final avec la holding financière de Toronto.
« C'est probablement la meilleure issue possible parmi plusieurs options peu attrayantes pour Blackberry », a déclaré dans un courriel - à nos confrères Martyn Williams et Stephen Lawson d'IDG NS - l'analyste Jack Gold, de J. Gold Associates. Selon lui, « l'accord pourrait donner à Blackberry du temps pour se restructurer et pour ne pas avoir les investisseurs « sur le dos » ». L'accord apporterait aussi « une certaine stabilité financière, rassurerait les entreprises clientes et éviterait qu'elles soient tentées d'abandonner la marque par crainte d'une cessation d'activité », a-t-il ajouté. Les clients professionnels sont importants pour Blackberry. Pas plus tard que la semaine dernière, le constructeur canadien a déclaré qu'il concentrerait ses efforts sur ce secteur plutôt que sur le marché grand public. « Mais ce ne sera pas facile. Les commentaires négatifs de la presse sur cette situation peuvent parfois tourner en prophétie auto-réalisatrice, et le marché pourrait ne pas leur faire de cadeau, même si Blackberry sort des produits et des services innovants », a déclaré l'analyste.
Une longue descente aux enfers depuis l'arrivée de l'iPhone
Autrefois leader du secteur des smartphones, Blackberry avait révolutionné la messagerie électronique sur mobile en proposant des terminaux combinant un client e-mail avec un vrai clavier quand les concurrents offraient seulement aux utilisateurs de passer par des interfaces web maladroites. Mais le constructeur n'a pas su faire évoluer sa gamme de terminaux au moment où Apple lançait son iPhone et où les terminaux tactiles plein écran ont commencé à attirer les consommateurs. Le constructeur avait misé sur son système d'exploitation Blackberry 10 pour changer la donne, mais celui-ci a été livré avec plus d'un an de retard, quand les cartes étaient déjà redistribuées à l'avantage de ses concurrents. Il semble aussi que les utilisateurs ont eu le sentiment que ces changements arrivaient trop tard.
Vendredi dernier, la firme a annoncé qu'elle devait imputer près de 1 milliard de dollars de perte sur son bilan trimestriel, conséquence des mauvaises ventes du Z10, le dernier fleuron de la marque tournant avec le système d'exploitation BB 10. Selon les dernières estimations d'IDC, les terminaux sous Blackberry sont passés derrière Windows Phone de Microsoft pour se placer en quatrième position sur le marché des smartphones. L'OS Android de Google arrive en tête avec environ 80 % du marché, suivi par iOS d'Apple avec 13 %. Windows Phone atteint les 4 % contre 3 % pour Blackberry.