Jacques Chirac a désigné Bruxelles comme l'un des responsables de l'ampleur du plan de restructuration de HP. L'Europe, qui ne goûte guère ce genre de critique, parle de populisme.
Depuis que HP a annoncé son intention de supprimer 1240 postes dans l'ensemble de ses sites français, les initiatives politiques se succèdent pour tenter d'infléchir la décision du groupe de Mark Hurd. Premier à monter au créneau, Michel Destot, le maire de Grenoble, s'est fendu d'un aller-retour en Californie où il a rencontré deux directeurs généraux. Il y eut ensuite André Vallini, le président du conseil général de l'Isère. Celui-ci a demandé le remboursement des subventions versées en 1998 au groupe américain. Puis le pouvoir exécutif, mené par le Président de la République, est entré dans l'arène. Le 21 septembre, selon le souhait de Jacques Chirac, le gouvernement se tournait vers la Commission européenne afin qu'elle modère les ardeurs de HP. Le président de l'instance communautaire, José Manuel Barroso, exprimait alors une fin de non-recevoir, et expliquait aux dirigeants français qu'une telle requête dépassait les compétences de la Commission.
Jacques Chirac, fort mari, estima alors que l'Europe avait failli. Et le fit savoir, le 4 octobre, à l'occasion du sommet franco-italien. « Est-il légitime et normal que la Commission se désintéresse des problèmes » tels que ceux causés par HP, s'est ainsi interrogé l'hôte de l'Elysée. Le groupe de Palo Alto est décrit comme « une grande entreprise internationale », « gagnant beaucoup d'argent » et « prenant des décisions à fortes conséquences sociales ». Face à ces conséquences, Chirac déplore que la Commission ne veuille pas « s'impliquer » : « ce n'est pas normal ». Poursuivant ses réflexions, le président a assuré que « l'une des raisons qui explique le désaveu actuel de l'Europe, c'est ça ».
La réponse de Bruxelles n'a pas tardé, aussi cinglante que les attaques du chef de l'Etat français. Selon José Manuel Barroso, Chirac fait dans la démagogie : « il y a maintenant deux types de populisme : le premier vise les marchés, l'autre attaque l'idée même d'Europe et veut faire porter le chapeau aux institutions de l'Europe ». En des termes plus nuancés, la porte-parole de l'instance européenne, regrette et « trouve un peu simple que la Commission joue le bouc-émissaire ».