Face à l’explosion des données, leur stockage et leur conservation sont devenus un enjeu crucial. Plusieurs options techniques existent comme le verre ou l’ADN. Ce dernier semble prometteur et la start-up française Biomemory entend bien devenir un acteur incontournable. Pour cela, elle vient d’annoncer un tour de table série A de 17 M€. La levée de fonds a été menée par Crédit Mutuel Innovation et du fonds French Tech Seed avec des investisseurs comme Blast (fonds deeptech de France 2030 géré par BPI France), Paris Business Angels, Sorbonne Venture by Audacia & Aloe Private Equity, Adnexus, Prunay, Next Sequence et Accelerem.

Dans un communiqué, la société précise que cet argent servira à plusieurs actions. La première est de « finaliser le développement de la première génération de son système de stockage de données ». Elle souhaite également étoffer les partenariats avec les acteurs du stockage et de l’archivage, ainsi que les fournisseurs de cloud. Par ailleurs, elle veut recruter des experts en biologie moléculaire et en ingénierie.

Un marché encore en construction

Pour mémoire, Biomemory a été fondé en 2021 par Erfane Arwani (CEO), Pierre Crozet (CTO) et Stéphane Lemaire (CSO). L’objectif est d’encoder des données numériques en transformant les 0 et 1 en une séquence ADN constituée de quatre lettres (l'adénine A, la thymine T, la guanine G et la cytosine C) sur une bactérie. A cette fin, la jeune pousse française a développé son propre algorithme DNA Drive pour encoder les fichiers numériques vers le brin d’ADN et créé un système de fichiers proche de celui utilisé dans les disques durs pour l’allocation des données sur les plateaux. Elle doit cependant résoudre deux problèmes majeurs, la lecture du brin n’est possible qu’une seule fois et l’écriture prend beaucoup de temps (pour stocker 200 Mo de données, il est nécessaire d’écrire sur 13,4 millions d’oligonucléotides).  

Après un test réussi avec les Archives nationales, Biomemory a présenté en décembre de l’année dernière une carte de stockage ADN. Moyennant 1 000 € HT, il est possible de conserver sur ADN du texte. Pour démarrer, la taille du texte est relativement petit en étant limité à 1 ko. Un avant-goût des efforts de la société qui prévoit de sortir son appliance pour datacenter de sauvegarde avec des cartouches de stockage ADN d’ici 2030. Mais elle n’est pas la seule à se positionner sur ce marché. Une alliance existe (DNA Data Storage Alliance) avec comme membre Microsoft, Western Digital, IBM, Seagate, mais aussi Dell Technologies ou Fujifilm. En France, DNA Script pouvait être un concurrent sérieux avec son synthétiseur d’ADN Syntax, mais selon nos confrères de l’Informé, la société a connu récemment quelques turbulences financières et de gouvernance.