Le cloud est en train de tout bouleverser. Un an après son arrivé au poste de CTO de Juniper, Bikash Koley aborde les questions de la désagrégation, du cloud et des réseaux basés sur l'intention et ce qu'il faut attendre dans ces domaines en 2019. En même temps, M. Koley affirme que l'avenir des grandes infrastructures cloud est assez prévisible et permet d'avoir certaines certitudes. En particulier, selon lui, le multicloud représente un véritable point d'inflexion pour les entreprises et les fournisseurs de services. Et demain il y aura certainement des clouds privés et on ne construira plus les infrastructures comme on le fait aujourd'hui.
« Qui est le mieux placé pour s'attaquer à ces problèmes ? », se demande-t-il. « Si l'on considère les aspects technologiques, aucun fournisseur de services de cloud public ne pourra les résoudre dans son coin. Et ce, même s'il détient une position de leader. Il est tout à fait clair que le fournisseur a besoin d'une pile complète qui couvre toute la chaîne depuis le processeur jusqu'aux systèmes, aux logiciels embarqués, aux systèmes virtuels, à l'orchestration, et à l'analyse. Or, selon moi, très peu d'entreprises sont capables de prendre en charge la totalité de ces processus ».
Dans une interview accordée récemment à nos confrères de Network World, Bikash Koley a évoqué la question du cloud et de l'évolution de l'industrie. Il a aussi indiqué quelles technologies Juniper privilégierait en 2019 et lesquelles vont jouer un rôle important dans le secteur des réseaux.
Cela fait un peu plus d'an que M. Koley est en poste chez Juniper. Jusqu'en juillet 2017, il dirigeait la conception, la construction et l'exploitation de l'infrastructure du réseau de production de Google. Avec son équipe, il supervisait également la transformation SDN, la stratégie de technologie réseau et la recherche sur les réseaux de Google. Aujourd'hui, Bikash Koley est vice-président exécutif et en tant que CTO de Juniper, il est chargé de définir sa stratégie technologique.
L'Ethernet 400G gagne en importance
Selon M. Koley, dans l'année à venir, les entreprises pourront acheter du 400G Ethernet, dont les solutions que l'on trouve dans le portefeuille de Juniper. « Les premiers déploiements 400G vont commencer dans le WAN. Contrairement à l'Ethernet 100G, le 400G concernera des fournisseurs de cloud hybride », a-t-il précisé. La demande en sans fil 5G va susciter un besoin de connexions WAN 400G », a-t-il ajouté. « Je pense aussi que le 400G va interagir différemment avec le datacenter. Les datacenters hyperscales vont largement s'équiper en Ethernet 400G parce qu'il multiplie la densité par 4x... Ce changement va transformer l'industrie des datacenters ».
La désagrégation, un aspect important pour Juniper
Koleypense également que la désagrégation des serveurs, qui consiste à séparer le calcul et la mémoire pour allouer ces ressources en fonction des exigences de charges de travail spécifiques, va se développer. « Nous parions gros là-dessus », a-t-il déclaré. « Nous pensons que la pratique va prendre de l'ampleur parce que nous considérons vraiment l'open source comme un élément fondamental de notre stratégie. De plus en plus de produits vont permettre de faciliter la création de fonctionnalités et d'applications par les utilisateurs, et rendre la désagrégation encore plus efficace et plus utile ».
Pour Juniper, cela signifie une évolution continue de son SDN multicloud Contrail et du système d'exploitation open source JunOS. « Nous disposons d'un ensemble d'API exposées et ouvertes qui permettent aux clients de tout contrôler, depuis les plans de données jusqu'aux plans de contrôle, à l'aide de Juniper Extension Toolkit (JET), SONiC, etc. », a-t-il déclaré. Avec JET, les développeurs peuvent étendre le système d'exploitation JunOS et SONiC est un logiciel open source pouvant servir à la mise en réseau des datacenters. « Nous allons continuer à faire évoluer fortement JunOS », a-t-il encore déclaré.
Le réseau automatisé est là
« Le réseau basé sur l'intention est arrivé et il modifie le déroulement des opérations. En pratique, il s'agit de savoir comment informer le réseau dans son ensemble », a déclaré Bikash Koley. « Les DSI ou les CEO me demandent souvent comment ils peuvent gérer leur infrastructure comme Google ou AWS. Je leur réponds qu'ils doivent écrire des logiciels qu'ils pourront exploiter sans avoir besoin d'une armée de développeurs. Nous parions beaucoup là-dessus ».
Comme il l'a expliqué, le réseau automatisé - Intent-based networking - donne des indications sur le comportement de l'infrastructure de l'entreprise. « C'est un outil important parce que, quand une entreprise met en place une automatisation complexe, elle attend de la couche logicielle qu'elle s'occupe de l'intention », a-t-il déclaré. « L'offre multi-cloud Contrail de Juniper apporte la pile logicielle, jusqu'aux commutateurs et aux pare-feu, jusqu'au cloud. Une intention de niveau élevé correspond exactement à ce que je décris, puis le logiciel. Certaines personnes utilisent cette terminologie différemment, mais c'est comme ça que je l'explique », a déclaré M. Koley.
En 2019, Juniper va beaucoup s'impliquer dans le développement d'une communauté axée sur l'automatisation. Annoncé en octobre, le portail Engineering Network de Juniper (EngNet) offre divers outils d'automatisation, de ressources et de communautés sociales. Le site propose des documentations sur les API, l'accès à Juniper Labs et à des ressources virtuelles, comporte un portail d'apprentissage et permet l'échange d'outils d'automatisation de réseaux.
Des changements pour les ingénieurs réseau
« Les exigences en matière d'ingénierie réseau traditionnelle ont changé et les personnels doivent s'adapter », a déclaré M. Koley. « Nous pensons que des entreprises comme la nôtre doivent aider la collectivité à acquérir de nouvelles compétences. L'open source est important à cet égard, car si nous offrons les compétences nécessaires, les clients peuvent rapidement s'engager dans l'automatisation et enrichir leurs systèmes avec des fonctionnalités essentielles pour développer leur activité. Aujourd'hui, nous constatons déjà qu'il se passe beaucoup de choses dans les domaines de l'automatisation des opérations et de la gestion du WAN », a-t-il conclu.