Un groupe de chercheurs l'Université de Californie, Santa Barbara (UCSB), dirigé par Yasamin Mostofi, professeur de génie électrique et informatique, a montré comment, en utilisant le WiFi, les signaux radio envoyés et reçus par un couple de robots montés sur roues pouvait fournir des informations sur des objets cachés derrière des murs de béton même si ces derniers ne se déplacent pas. En fonction de leurs propriétés, les objets situés derrière un mur modifient les signaux radio. Le principe consiste à faire tourner plusieurs fois les deux robots autour d'un espace entouré de murs, chacun mesurant les signaux envoyés par l'autre. Selon les chercheurs qui ont mis en équation un modèle de propagation des ondes pour le projet, des différences dans l'intensité du signal peuvent indiquer la présence d'objets cachés. La méthode, basée sur une résolution ciblée de 2 centimètres, permet de connaître l'emplacement et la forme des objets cachés et de déterminer si l'objet est en bois, en métal ou s'il s'agit d'une personne.
Avant le groupe de l'UCSB, des chercheurs du MIT avaient développé une technologie à base de rayons X similaire en utilisant des signaux WiFi qu'ils ont nommé WiVi, mais celle-ci permet de suivre des objets ou des personnes en mouvement. L'objectif du groupe de chercheurs de Yasamin Mostofi est de voir ce qui se cache derrière des murs en brique ou en béton. « Nous cherchons une solution qui nous permette vraiment de voir à travers les murs, c'est à dire parvenir à voir avec une grande précision chaque centimètre carré de l'autre côté du mur, être capable de dire où se trouvent tous les objets, leur géométrie et le matériau dans lequel ils sont faits, sans disposer au préalable de la moindre information », a-t-elle écrit dans un courriel. « Comme le signal WiFi est partout, il est très important de comprendre quelles informations ce signal peut nous renvoyer sur notre environnement. Et, étant donné que dans un futur proche les robots et les drones vont probablement occuper une place de plus en plus importante dans notre société, il est tout à fait normal que nous cherchions à savoir ce qui se passera si nous automatisons ce processus ».
Utilisé pour le sauvetage ou la détection d'intrus
Certains ont déjà envisagé d'utiliser les drones pour apporter le WiFi dans des régions éloignées ou d'en faire des points d'accès voyous pour voler des données sur des réseaux sans fil. Le groupe du professeur Mostofi travaille actuellement avec un drone commercial pour voir comment il se comporte avec la technologie à base de rayons X. « Plusieurs drones pourraient être utilisés pour scanner une partie cachée », a-t-elle indiqué. Le récepteur pourrait être un robot au sol ou un robot fixe. « En principe, on devrait aussi pouvoir obtenir une vue 3D de bonne qualité, parce qu'il est possible de positionner le robot à plusieurs hauteurs, contrairement à l'imagerie 2D », a-t-elle le professeur à l'Université de Californie.
Le système UCSB pourrait être utilisé dans des circonstances diverses comme la recherche et le sauvetage, la détection d'intrus potentiels dans les bâtiments ou pour la surveillance de patients âgés. « Mais si la zone à scanner comporte de plus en plus d'objets ou si elle devient trop grande, la précision des images diminue. C'est une des limites de la technologie », a-t-elle encore expliqué. Le professeur Mostophi et ses collaborateurs veulent améliorer la méthode avant d'envisager une phase de commercialisation. Ils veulent aussi l'affiner pour permettre des adaptations à des applications et des degrés de précision différents.