Google vient de procéder à un nouveau recrutement parmi les cadres de l'administration en Europe. Benoît Loutrel quitte la direction générale de l’Arcep pour devenir directeur des affaires publiques et des relations institutionnelles de Google France, ainsi que l’ont révélé nos confrères Les Echos dans leur édition du 16 janvier. Ce pantouflage nous été confirmé par les relations presse de la filiale française.
Sur les dix dernières années, Google a recruté pas moins de 65 collaborateurs ayant participé à différentes administrations au sein de l’Union européenne, ainsi que l’a elle-même indiqué en avril 2016 la firme co-fondée par Larry Page et Sergey Brin sur le site Google Transparency Project sur lequel elle résume ses actions de lobbying. Benoît Loutrel avait rejoint l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes en février 2013. Selon Les Echos, il pourrait être remplacé à la direction générale de l’Arcep par Cécile Dubarry, actuellement chef du service de l’économie numérique à la Direction générale des entreprises, au sein du ministère de l’Economie et des Finances.
Près de 10 ans au sein de l'Arcep
Avant d'être DG de l'autorité de régulation des communications de l'Hexagone, Benoît Loutrel en avait été directeur général adjoint, d’octobre 2007 à mars 2010, après avoir occupé pendant près de 4 ans (entre janvier 2004 et septembre 2007) le poste de directeur du département régulation des marchés fixe et mobile de l'Arcep. Entre avril 2010 et mars 2013, il a par ailleurs été responsable du programme Economie numérique au Commissariat général à l’Investissement.
Google n'est bien sûr pas le seul à vouloir attirer les hauts fonctionnaires ou personnages politiques ayant occupé des responsabilités au plus haut niveau. En septembre dernier, Jose Manuel Barroso, ancien président de la Commission européenne avait défrayé la chronique pour avoir décidé de rejoindre la banque d’investissement Goldman Sachs. Neelie Kroes, l'une de ses vice-présidentes pendant la Commission Barroso II, ancienne commissaire européenne au numérique et à la concurrence, siège de son côté aux conseils d'administration de Salesforce.com et d'Uber.
Un recrutement qui suscite de vives réactions
Le recrutement par Google France au poste de directeur des affaires publiques et des relations institutionnelles de Benoît Loutrel suscite de vives réactions, notamment dans le monde politique. Dans un communiqué, Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste de la Seine-Maritime et auteure de rapports sur les enjeux de « la mainmise américaine sur l’Internet mondial » et la « nécessité de préserver notre souveraineté numérique » estime que ce type de situation ne peut plus être tolérée. « Des fonctions au service de l’intérêt général se télescopent sans aucun temps mort avec des intérêts personnels et des intérêts industriels: ceci pose de vraies questions tant éthiques que stratégiques », écrit-elle.
De son côté, Benoît Loutrel a expliqué au Figaro que sa situation avait été examinée par la Commission de la déontologie. Il présente la régulation comme l'organisation d'un dialogue avec les industriels. « Il faut des interlocuteurs des deux côtés », indique le DG de l’Arcep en partance.