Pour sa 2ème édition, le baromètre Micro Focus consacré au développement logiciel montre la pénétration de l'agile dans les projets. Plus de 70% des répondants ont indiqué que ces méthodes avaient déjà été mises en oeuvre dans leur entreprise. Les personnes ayant participé à l'enquête évoluent à 74% dans quatre secteurs - l'informatique, l'industrie, la banque assurance et le secteur public - et à 64% dans des structures de plus de 500 salariés. Près de la moitié appartiennent à un département informatique de plus de 50 personnes (*).
Scrum est cité par 69% des répondants s'il fallait mettre en oeuvre de l'agile, mais les méthodologies maison, généralement hybrides, arrivent juste derrière (51%). « Cela peut vouloir dire que les méthodes qui sont proposées, comme Scrum, ne satisfont pas pleinement », a commenté Frédéric Miche, architecte sur les solutions Borland chez Micro Focus, cette semaine lors d'un point presse. « D'autant plus que l'agile n'est généralement pas mis en oeuvre en big bang », rappelle-t-il. « C'est une vraie révolution culturelle, on y va progressivement, avec des projets pilotes, on passe par des expérimentations pour monter en puissance ».
Moins de sous-traitance qu'en 2012, des applications plus mobiles
Par rapport au baromètre 2012, l'édition 2013 fait apparaître une baisse de la sous-traitance. « Il y a une tendance à la réinternalisation des développements », confirme Frédéric Miche. « On le voit au contact des DSI », explique-t-il en citant le non-renouvellement de contrats de prestataires ou le recours à des ressources internes plutôt qu'à des consultants, même si certaines organisations ne peuvent faire autrement que recourir à des compétences externes par manque de ressources. Patrick Rataud, directeur général de Micro Focus France et Benelux, confirme un recours plus faible à la sous-traitance hors de France, corroboré par d'autres enquêtes menées par l'éditeur.
Microsoft .Net et Java J2EE restent en tête des technologies de développement d'applications utilisées. Elles sont citées dans 64 et 61% des cas, avec une progression pour .Net. Il est vrai que Microsoft a mis à jour son IDE Visual Studio en 2013. Juste derrière arrive HTML 5 (52%). Sans surprise, la mobilité a fortement progressé dans les usages. A la question, « quels types de terminaux sont utilisés pour accéder à vos applications ? », les tablettes et smartphones sont cités par 52% des répondants, même si le PC reste utilisé dans tous les cas. Quant aux terminaux passifs, ils sont encore évoqués par 15,4% des personnes interrogées.
ALM associée à qualité et satisfaction des métiers
Sur les questions portant sur la gestion du cycle de vie logiciel, le baromètre montre que l'ALM (Application Lifecycle Management) est directement associée à  l'assurance qualité en continu (pour 75% des répondants) et à l'alignement aux attentes des métiers (54,5%). « Quand on pense ALM, l'un des thèmes majeurs, c'est bien la qualité », souligne Frédéric Miche. On note pourtant une inversion par rapport au baromètre 2012 où l'alignement avec les attentes des métiers arrivait en premier.
D'ailleurs, à la question portant sur les principaux bénéfices de la pratique de l'ALM, on retrouve citées en tête ces deux notions : d'une part, l'amélioration de la satisfaction des utilisateurs (48,8%), d'autre part, la qualité accrue des livrables (48%). Juste derrière figurent le gain de productivité des équipes informatiques, puis, cités dans 30% des cas, l'impact des changements maîtrisés et l'accélération du Time to market (cf graphique ci-dessous).
Cliquer ici pour agrandir l'image (source : Baromètre ALM 2013 Micro Focus)
Les projets ALM motivés par les délais non respectés
Lorsque des outils d'ALM ont bien été mis en place dans l'entreprise, c'est l'automatisation des tests qui en bénéficie en premier (51%), suivie de la gestion des demandes (43,9%) et de l'intégration continue (40,7%). « Typiquement, ce sont les tests de non régression que l'on essaie d'outiller au maximum », rappelle Frédéric Miche en notant que l'on trouve aussi, de plus en plus de logiciels d'analyse de code dans les ateliers de développement. Il ajoute que la gestion des demandes est fortement outillée avec des solutions en Open Source, de même que les procédures d'intégration en continu. D'ailleurs, les solutions Open Source (Bugzilla, Mantis...) sont bien connues par les répondants au baromètre qui les citent aussi souvent que les solutions Microsoft, à 68,3%. Derrière, on retrouve dans un mouchoir de poche les outils d'ALM de HP, IBM et Borland (autour de 49%).
Concernant les projets visant à renforcer la démarche de gestion du cycle de vie logiciel, 55% des répondants au baromètre indiquent en avoir un, pour 37,4% à moins d'un an et pour 17,9% à plus long terme. Là encore, c'est l'automatisation des tests qui arrive largement en tête (53,6%). Les principales raisons pour entreprendre ce projet apparaissent avec évidence : 46,3% des répondants pointent les délais non respectés, 35% la gestion des risques et 31% le manque de visibilité.Â
Des vagues de fonds à l'oeuvre
En conclusion, si l'on compare les résultats 2012 et 2013 du baromètre, « nous sommes restés sur des priorités qui sont sensiblement les mêmes », constate Patrick Rataud, DG de Micro Focus France. « Une surprise tout de même, nous nous attendions à ce que la gestion des exigences soit en croissance, mais il n'y a pas d'emballement sur ces projets, alors que nous sommes convaincus qu'il y a là des points d'amélioration ». Le dirigeant note aussi que l'agile va amener des changements sur les typologies de projets dans les années à venir et que les utilisateurs vont être de plus en plus impliqués dans les projets du fait de leur maîtrise accrue de la technologie.
Enfin, la notion d'usage à la demande des systèmes informatiques va mettre l'accent sur la gestion des exigences et la DSI va devenir de plus en plus un département de services pour l'entreprise et de moins en moins une « factory ». « Il n'y a pas une seule tendance mais plusieurs vagues de fond qui sont à l'oeuvre, dont le cloud », conclut Patrick Rataud qui, empruntant l'image de la mer attaquant la côte, prédit que des pans de falaise vont tomber d'un seul coup sous l'assaut répété de ces vagues.
(*) entre octobre et décembre 2013, l'étude de Micro Focus a recueilli les réponses de 295 professionnels de l'informatique et du développement logiciel, 65% des répondants étant responsables informatiques, développeurs, chef de projets ou architectes, 23% ayant des fonctions de responsable étude, méthodes, test et le reste évoluant dans les fonctions responsable qualité, consultant, analyste métier et chef de produit.