Dans un rapport parlementaire présenté fin janvier, deux députés (Fabien Matras et Olivier Marleix) soulignaient que le pantouflage était limité (850 demandes sur 5,45 millions de fonctionnaires en 2015) dans les fonctions publiques, mais restait mal contrôlé par l'Etat. Un nouveau cas se présente, à l'Education nationale, avec le départ de Mathieu Jeandron, directeur du numérique qui va rejoindre Amazon Web Services. La Commission de déontologie de la fonction publique que nous avons interrogée ne nous a pas répondu. Ce n'est pas le premier cas de cette envergure rue de Grenelle, Marc Couraud, conseiller pour le numérique de trois ministres de l'Education Nationale successifs à la fin des années 90 avait rejoint Microsoft en 2004.
L'an passé, Mathieu Jeandron était l'objet d'une controverse, sur l'utilisation des outils pédagogiques proposés par les Gafam en particulier Google for Education et Microsoft for Education. Dans un ministère coupé en deux, entre partisans de tout faire en interne en privilégiant le logiciel libre et ceux qui veulent traiter avec les Gafam, Mathieu Jeandron avait opté pour la deuxième solution. Il voulait signer une charte de confiance, soumise à la Cnil, avec les Gafam et l'ensemble des fournisseurs. L'idée étant que le ministère ne pouvait tout faire ni tout imposer, qu'un million d'élèves utilisaient déjà des outils externes.
15 ans dans les ministères
Diplômé de Polytechnique en 2000 et de Télécom Paris Tech en 2002, Mathieu Jeandron a effectué presque toute sa carrière dans des ministères. D'abord à celui de l'intérieur, pendant huit ans, comme chef de projet chargé de la sécurité, ensuite du e-passeport, il devient également chef de cabinet du DSI. Il effectue ensuite un court passage de huit mois chez CSC comme manager. Il entre après au SGMAP, Secrétariat général pour la Modernisation de l'Action Publique, où il passe trois ans et demi. Enfin, c'est l'Education Nationale comme directeur du numérique depuis trois ans et demi.