Est-ce qu'Amazon Web Services pourrait un jour proposer un logiciel de gestion de clouds privés comme le font certains de ses grands concurrents ? Ariel Kelman, vice-président, responsable du marketing d'AWS, ne peut pas l'exclure définitivement. Il explique néanmoins qu'après en avoir discuté, l'équipe de direction d'AWS a considéré que cela ne correspondait pas, pour l'instant, au modèle économique de la société, rapportent nos confrères de Network World.
Les services cloud d'AWS sont exploités à très grande échelle. L'opérateur est leader sur le marché des plateformes IaaS publiques avec de très nombreux services qu'il met à jour et enrichit sans cesse. Ce modèle de cloud en évolution constante ne fonctionne pas très bien dans un modèle privé sur site. L'équation économique ne fonctionne pas non plus très bien en mode privé, pointent les dirigeants d'AWS. Andy Jassy, vice-président senior, a longtemps vanté les avantages du cloud public : aucun coût de mise en place pour commencer à l'utiliser et une facturation à l'usage. Alors que les clouds privés installés sur site nécessitent toujours un investissement préalable et que leurs capacités d'évolution ne pourront jamais se comparer avec celles du cloud public d'AWS.
Une offre de cloud privé virtuel
Vendre des clouds qui s'installent chez le client, cela correspond à un modèle économique très différent de celui d'AWS et ce dernier n'a nulle intention de s'y essayer. « Il existe beaucoup de bons outils » sur le marché pour héberger des clouds privés, a reconnu Ariel Kelman lors d'un entretien avec Network World lors de la conférence re:Invent d'AWS qui s'est tenue du 11 au 14 novembre à Las Vegas. Amazon Web Services travaille avec des fournisseurs de clouds privés pour assurer une compatibilité entre leurs outils de gestion de cloud et son propre cloud public, rappelle Ariel Kelman. Et il pose ses jalons vers le cloud hybride, mais en l'abordant à sa façon. La plupart de ces efforts tournent autour d'une offre de cloud privé virtuel (Virtual Private Cloud) qui utilisent les technologies de virtualisation pour séparer les charges de travail des différents clients. Ces derniers pourront payer plus cher pour utiliser une infrastructure dédiée qui leur est réservée, mais ces deux options resteront hébergées dans le cloud public d'AWS.
Il s'agit d'une stratégie tout à fait différente de celles adoptées par Microsoft, VMware ou HP, ces fournisseurs proposant des clouds hybrides qui combinent leurs outils sur site avec un cloud public géré avec les mêmes logiciels. Microsoft, par exemple, a récemment annoncé l'appliance Cloud Platform System (CPS) à installer sur site et qui se connecte à son cloud public Azure.
Attirer les clients vers le cloud public
Expert du cabinet d'analyse Enterprise Strategy Group, Mark Bowker souligne qu'Amazon Web Services n'a eu de cesse d'aider les entreprises à étendre leurs environnements clouds vers sa plateforme publique.  Récemment, l'opérateur a livré, avec Directory Service, un service d'annuaire compatible avec Active Directory, de Microsoft et il propose aussi des plug-ins pour les outils d'administration de VMware, permettant ainsi à ses clients de lancer des machines virtuelles dans son cloud public à partir de leurs logiciels VMware. C'est un premier pas vers les fonctionnalités hybrides, note Mark Bowker. En revanche, de nombreux clients d'AWS avec lesquels il s'est entretenu ne réclament pas que l'opérateur s'intéresse au modèle de clouds privés sur site.
AWS est vu comme le meilleur de sa catégorie dans le cloud public dans plusieurs domaines : la mise en route de nouvelles charges de travail, le test, le développement, la sauvegarde et la restauration. L'idée d'un portail unique à partir duquel on ferait migrer aisément les charges de travail entre cloud public et clouds privés sur site apparaît séduisante, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. AWS a une vision à long terme. L'opérateur estime « qu'avec avec le temps », la plupart des applications d'entreprise seront exploitées dans le cloud public, confie Andy Jassy. Ainsi, plutôt que de proposer à ses clients un cloud privé sur site, Amazon Web Services semble résolu à faire tout ce qu'il peut pour héberger autant de charges de travail que possible dans son cloud public.