La conférence de presse de Xavier Niels, PDG et fondateur d'Iliad (la maison mère de Free et Free Mobile), a commencé de manière tonitruante avec un faux documentaire truffé d'allusion à Martin Bouygues et aux autres concurrents. Une fois sur scène, M. Niel a attaqué bille en tête avec un « ils nous font bien marrer [les opérateurs], vous êtes tous des pigeons. Pas moi puisque je suis déjà passé chez Free Mobile ». Après avoir détaillé les blocages, les tarifs et les conditions imposés par les 3 opérateurs français à leurs clients, le dynamique PDG au langage fleuri a détaillé les forfaits tant attendus à la manière de Steve Jobs et de son célèbre « one more thing ».
Principale annonce, un forfait à 20 euros (19,99 euros exactement) tout compris et sans engagement. C'est à dire voix illimitée en Europe et aux États-Unis (40 destinations), 3 Go de data (le fameux fair use limité à 1 Go chez les concurrents) sans services bloqués (partage de connexion, peer-to-peer...) et SMS/MMS illimités. Pour les tarifs de roaming voix et data à l'étranger, l'opérateur casse également les prix : 0,5 centime la minute aux USA, Japon et Australie par exemple. Et fort de son réseau de hotspots qui repose sur les freebox des abonnés, Xavier Niel une connexion automatique aux bornes WiFi depuis son terminal mobile. Une offre spéciale est réservée aux abonnés Freebox : 16 euros par mois. La gestion de plusieurs forfaits dans une famille sera possible dans l'interface Freebox. Pour la délicate question des mobiles, Free ne proposer pas de terminaux subventionnés comme le font habituellement les opérateurs, mais proposera un paiement étalé sur 12, 24 ou 36 mois sans frais. Des accords spéciaux ont été passés avec Apple et Samsung pour proposer l'iPhone 4S 8Go et 16 Go (à partir du 27 janvier) et le Galaxy S II à 1 euro à la commande. Les mensualités seront ensuite calculées en fonction de la durée de remboursement. Et chez Free, tous les terminaux seront livrés désimlockés. Un point pas vraiment dans les habitudes des opérateurs français.
Second et dernier forfait : 2 € par mois
Second et dernier forfait à 2 euros pas mois avec 60 minutes de voix et 60 SMS par mois pour « les petits utilisateurs et les revenus modestes ». Le dirigeant rappelle avec gourmandise que le forfait mobile RSA, forfait « Racket Super Arnaque » selon Xavier Niel, est aujourd'hui à 10 euros par mois avec 40 minutes de voix et 40 SMS : « une offre conçue par l'oligopole qui s'est entendu avec l'Etat ». Les dépassements de forfait seront facturés 0,05 centime la minute voix et 0,01 centime le SMS supplémentaire. Dernière cerise sur le gâteau, ce forfait est gratuit pour les abonnés Freebox !
Suite à un buzz savamment orchestré sur Internet, on attendait de connaître les forfaits d'un Xavier Niel qui promettait de diviser par deux la facture mobile. Force est de constater que la promesse initiale a bien été tenue : Free Mobile réussit une entrée fracassante sur le marché de la téléphonie mobile. Comme hier pour l'accès Internet par l'ADSL, les concurrents vont être obligés de revoir leurs prix, leurs prestations et surtout leurs conditions de vente. L'époque des engagements verrouillés sur 12, 24 ou 36 mois avec des terminaux simlockés et logotypés a vécu.
Les concurrents vont devoir réagir
Free Mobile reste toutefois prudent. Ces offres de lancement seront réservées aux 3 premiers millions d'abonnés a indiqué M. Niel. « Nous testons le marché et nous ajusterons notre offre ensuite ». Et avec ses deux forfaits, Free Mobile ne cherche pas encore à chasser sur des niches comme les abonnements pour les utilisateurs de tablette. Il couvre toutefois l'essentiel du marché avec des tarifs vraiment serrés. Les souscriptions à ces services sont possibles sur www.mobile.free.fr (le site est déjà saturé) et dans les boutiques Free Mobile. On attend avec impatience la réaction des 3 opérateurs concurrents et des innombrables MVNO qui avaient multiplié les offres low cost pour préparer l'arrivée de Free Mobile. L'atterrissage a été très brutal pour certains concurrents ce matin. On attend aujourd'hui avec impatience les ripostes des concurrents qui doivent faire chauffer Excel. Les offres vont se multiplier pour le plus grand bénéfices des consommateurs même si les opérateurs vont ressortir l'habituel argument sur la qualité. Mais qui est aujourd'hui prêt à payer son forfait téléphonique deux fois plus cher pour bénéficier de moins de services ?