Avec son super-processeur, Intel entre dans l'ère du téraflop
Avec son processeur à 80 coeurs, Intel fait tenir la puissance d'un data center entier sur un morceau de silicium de la taille d'un ongle.
En faisant tenir 80 coeurs sur 275 mm², les ingénieurs d'Intel ont réussi à créer un processeur avec une puissance de calcul d'un téraflop (capable d'effectuer mille milliards d'opérations à la seconde). Le tout, en ne consommant que 62 watts, moins qu'un ordinateur de bureau.
Selon Jerry Bautista, directeur du programme de recherche Terascale chez Intel, cette puce, surnommée Polaris, n'a pas vocation à être commercialisée en l'état. Elle servira avant tout d'outil de travail pour permettre aux ingénieurs d'Intel de travailler sur une nouvelle façon d'empiler les coeurs, la consommation d'énergie et les échanges d'information au coeur du processeur. En effet, au-delà de 16 coeurs travaillant en parallèle, leur multiplication et l'augmentation des fréquences n'accroissent pas la puissance du processeur. Celle-ci se dégrade au contraire. À partir de 32 coeurs, « le trafic des données ne s'effectue plus correctement, et les coeurs se gênent mutuellement », explique Jerry Bautista. « C'est comme avoir trop de cuisiniers en cuisine ». Plusieurs solutions ont déjà été envisagées pour pallier ce désagrément. Ainsi, les coeurs inactifs restent éteints pour éviter la confusion et économiser de l'énergie, chaque coeur est associé à un routeur, et un planificateur et de la mémoire supplémentaire a été ajouté dans le silicium pour fluidifier le flux de données, d'un coeur à l'autre mais aussi de la mémoire vers les coeurs.
Encore très spécialisé, ce processeur ne fait que des calculs basiques, et n'utilise pas le jeu d'instruction x86, mais une architecture VLIW (Very Long Instruction Word) plus simple à utiliser. À terme, ce problème devrait être résolu et Jerry Bautista estime que ce type de puce changera la façon dont les utilisateurs se servent de leurs PC. Il permettra entre autres d'affiner les outils de recherche pour ressortir, par exemple, dans une compilation de photographies toutes celles où un individu précis est souriant. Pour cela, il faudra également développer des logiciels capables de gérer une telle puissance de calcul, alors que les développeurs commencent à peine à s'atteler aux processeurs bi- et quadri-coeurs.